Quinze des 54 pays africains ont entièrement vacciné au moins 10% de leur population contre la Covid-19, tandis que la moitié des pays du continent n’en a vacciné que 2% ou moins, a annoncé l’Organisation mondiale de la santé pour l’Afrique, en début octobre. Si le Mali ne figure pas sur la liste restreinte des pays champions, les autorités ne baissent pas pour autant les bras pour pouvoir immuniser un maximum de personnes contre la pandémie, dont les scientifiques ont encore du mal à définir l’ensemble des contours d’évolution. En plus de la disponibilité du vaccin dans les hôpitaux, les centres de santé de référence et les CSCOM sur une bonne partie du territoire, des campagnes d’information et de sensibilisation des professionnels de la santé se poursuivent sur différents médias.
Selon l’OMS région Afrique, d’importantes pénuries d’approvisionnement en vaccins ont ralenti les campagnes de vaccinations de nombreux pays dans la Région Afrique. Au Mali, deux vaccins sont en cours d’utilisation, AstraZeneca et Janssen. En tout cas, au moment où nous mettons en ligne cette publication, Sinovax, la dernière acquisition, attendait d’être lancé, selon une source du ministère de la Santé et du développement social.
Pénurie de vaccins ?
A la date du 30 septembre 2021, le Mali était, selon les statistiques du ministère de la Santé et du développement social consultées par le Jalon.com, à 145 413 personnes vaccinées, dont 86 094 hommes et 59 319 femmes, pour le vaccin Janssen et 41 859 431 personnes pour AstraZeneca soit, un total de 187.272 personnes vaccinées, moins de 2% des vingt millions de Maliens. Au même moment, 78 334 personnes attendaient leur deuxième dose d’AstraZeneca, nous a indiqué une source du ministère de la Santé et du développement social qui précise qu’à ce jour ‘’aucun effet indésirable grave n’a été signalé’’ pour ces vaccins administrés.
A la date du 16 octobre 2021, le tableau de la vaccination contre la COVID-19 au Mali affichait 257 460 personnes complètement vaccinées et 64853 vaccinations incomplètes. Ce qui est toujours loin de l’objectif des 10% souhaités par l’OMS.
Les handicaps du Mali
Selon le Pr. Seydou Doumbia, président du Comité scientifique de lutte contre la COVID-19 au Mali, ce faible taux de vaccination contre la COVID au Mali s’explique par un certain nombre de facteurs.
Dans un premier temps, il estime que les rumeurs distillées sur les réseaux sociaux par rapport à d’éventuels effets indésirables des vaccins ont joué sur la mobilisation des gens.
« Puisque ces supposés effets secondaires ne se sont pas avérés juste, ce facteur est désormais derrière nous », dira-t-il.
L’autre explication, selon le président du comité scientifique, c’est aussi la diminution des cas d’infection pendant une période donnée.
« Tant que la maladie n’est pas là, les gens ne se bousculent pas autours du vaccin. C’est-à-dire qu’on y croie moins. Je crois que c’est une grosse erreur, étant donné que les mesures barrières ne sont pas respectées chez nous, c’est seulement la vaccination qui peut nous protéger. Si vers le mois de juin, juillet et même août, on a assisté à une baisse de la courbe de la contagion à la COVID-19, il y a plus d’un mois, elle a commencé à monter. On assiste au même phénomène que l’année dernière. Ce qui veut dire que la maladie est loin d’être terminée et qu’il faut aller se faire vacciner pour être à l’abri d’une surprise », a-t-il conseillé.
Le dernier facteur et non des moindre, selon le Pr Doumbia, réside dans la pénurie de vaccins. Actuellement s’il y a Sinovax, le vaccin chinois qui attend d’être lancé, Janssen est actuellement en rupture. Ces temps morts jouent aussi contre les résultats, a déclaré le Pr Doumbia. A cela s’ajoute la réaction timide des personnes par rapport à la deuxième dose d’AstraZeneca.
Des progrès limités
Sollicité par le Jalon.com, le bureau de l’OMS à Bamako, à travers son chargé à la communication, Abdoulaye Cissé, n’a pas souhaité réagir.
Une source à l’UNICEF, un autre partenaire incontournable dans l’acquisition des vaccins, à travers la facilité COVAX, a expliqué que l’autre rôle de son organisation est d’appuyer l’Etat dans la sensibilisation et même le conditionnement des produits. Cet accompagnement, a-t-elle ajouté, est toujours d’actualité.
Selon Onu-info, à la date du 29 septembre 2021, un total de 6,1 milliards de doses de vaccin ont été administrées dans le monde, dont la majorité dans les pays riches.
« Près de 90% des pays prospères ont atteint cet objectif du taux de 10% de vaccination. A ce jour, l’Afrique a reçu 200 millions de doses de vaccin et en a administré 71%. Selon la branche africaine de l’OMS, 60 millions de personnes sont entièrement vaccinées, ce qui représente un peu plus de 4% de la population du continent », rapporte le site.
Il faut noter que l’objectif des 10% de vaccinés avant le 30 septembre avait été fixé en mai dernier par l’Assemblée mondiale de la Santé, rappelle l’OMS.
En Afrique, neuf pays, dont l’Afrique du Sud, le Maroc et la Tunisie, avaient atteint l’objectif en début septembre2021, et six autres ont accéléré le mouvement pour l’atteindre en fin de mois grâce à une augmentation des livraisons de vaccins, selon le bureau régional de l’OMS.
Parmi les champions de la vaccination sur le continent, les Seychelles et l’Ile Maurice ont complètement vacciné plus de 60% de leurs habitants, le Maroc 48%, la Tunisie, les Comores et le Cap-Vert plus de 20%, selon l’OMS.
L’Organisation mondiale de la santé déplore toutefois les progrès limités dans la plupart des pays du continent, car ‘’beaucoup reste à faire pour atteindre le nouvel objectif fixé, à savoir vacciner complètement 40% de la population avant la fin de cette année », a commenté lors d’un point de presse hebdomadaire, en début octobre, le Dr Richard Mihigo, coordonnateur du programme Vaccination et développement des vaccins au bureau de l’OMS pour l’Afrique.
« Cet article est publié avec le soutien de JDH – Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada »