Le PM ChoguelKokala Maiga lançant la deuxième phase de la campagne de vaccination contre la Covid-19
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Vaccination contre la Covid-19 au Mali : le défi de la marche vers l’immunité collective

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L’adhésion populaire reste désormais l’un des obstacles majeurs à marche vers l’immunité collective en matière de lutte contre la pandémie du coronavirus, au Mali, où les autorités ambitionnent de vacciner 70% de la population d’ici à la fin de cette année 2022. Pour l’heure, les efforts du gouvernement et de ses partenaires ont permis la disponibilité des vaccins dans les structures sanitaires du pays. Les campagnes d’information et de sensibilisation permettront-elles de convaincre le maximum de Maliens à se faire vacciner ?

La lutte contre la maladie à coronavirus, à travers la vaccination d’une large composante de la population, va au-delà du simple slogan dans notre pays. Depuis le 31 mars 2021, date de l’inoculation de la première dose de vaccin, en guise de lancement de la campagne de lutte contre la Covid-19, au Mali, de nombreux efforts ont été menés non seulement du côté des autorités nationales, mais aussi des partenaires techniques et financiers. Ces efforts vont de l’acquisition des vaccins et leur mise à la disposition des structures sanitaires, la formation et la mobilisation des agents de santé et la gestion des rumeurs visant à décourager les populations à accepter la vaccination, jusque-là, unique moyen de se protéger et de protéger les autres contre la Covid-19.

Ainsi, pour l’acquisition des vaccins par exemple, l’OMS et l’UNICEF, ont permis, à travers l’initiative COVAX, à de nombreux pays en voie de développement, dont le Mali, d’avoir accès aux vaccins. En effet, aux premières heures de la vaccination, les pays riches avaient priorisé leurs populations au détriment celles des pays ne disposant ni les capacités de produire des vaccins ni d’en acquérir auprès des firmes internationales. Mais au-delà de l’initiative COVAX, notre pays a bénéficié des doses de vaccins, à travers des partenariats bilatéraux, selon le ministère de la Santé et du développement social.

Diversité du choix :

Si les pénuries de vaccins étaient citées parmi les difficultés pour l’atteinte des objectifs de vaccination contre la Covid-19, la direction générale de la Santé et du développement social, à travers sa section immunisation par la voix de son patron, le Dr Ibrahim Diarra, nous a rassuré que cette difficulté appartient au passé. Plusieurs milliers de doses de différent vaccins contre la Covid-19 sont disponibles en permanence dans le pays: Sinopharm/China National Pharmaceutical Group;  Sinovac-CoronaVac, laboratoire SInovac ; Vaccin Comirnaty® de Pfizer ; COVID-19 Vaccine AstraZeneca ; Janssen de Johnson & Johnson.

Face à ces variétés de vaccins, la possibilité est donnée à chacun de faire son choix, a indiqué les responsables de la direction de la Santé. Aussi, ces vaccins sont-ils disponibles dans les Centres de santé communautaires (CSCOM), dans les Centres de santé de référence des communes et dans les hôpitaux du pays pendant les moments de campagne et au-delà. C’est dans ce sens qu’il convient d’apprécier les efforts des autorités nationales et des partenaires qui accompagnent le Mali dans la lutte contre la pandémie du coronavirus.  

« En matière de santé, on impose pas. Ce qui est important de savoir, c’est qu’aucun vaccin ne vaut mieux qu’un autre. Il est scientifiquement prouvé que tous les vaccins sont efficaces », dira le Dr Cissé de la même structure.

La gestion des rumeurs

Malgré ces efforts pour la disponibilité des vaccins, dans les structures sanitaires, à travers le pays, le taux de vaccination au Mali reste parmi les plus bas au monde. A la date du 27 novembre 2022, le tableau de la vaccination contre la COVID-19 au Mali, selon le rapport journalier du ministère de la Santé et du développement social en date du 27 novembre 2022, affichait 567 758 vaccinations incomplètes et 2 374 492 vaccinations complètes.

Selon le Pr Seydou Doumbia, président du Comité scientifique de lutte contre la COVID-19 au Mali, ce faible taux s’explique par un certain nombre de facteurs, dont les rumeurs distillées sur les réseaux sociaux par rapport à d’éventuels effets indésirables des vaccins.

Après une année de campagne de vaccination, le Dr Ibrahim Diarra, lui aussi reconnaissait les obstacles ayant affecté négativement le taux de vaccination. La campagne de lutte contre la Covid au Mali a enregistré plusieurs obstacles, notamment de la propagation des rumeurs sur les réseaux sociaux pour saboter la vaccination, a-t-il confié au le jalon.com.

Pour inverser cette tendance, des actions de formation et de sensibilisation ont été entreprises par les autorités et les partenaires. Sur ce plan, les USA, à travers le programme USAID/Breakthrough Action, ont surtout appuyé techniquement et financièrement le ministère de la Santé et du développement social avec comme point focal le CNIECS. Il s’agissait surtout de permettre de gérer les rumeurs avec des agents renforcés pour l’animation des réseaux sociaux.

Il est important de noter que le Mali, qui focalisait sa campagne sur trois cibles ‘’les personnels socio-sanitaires, les personnes âgées de 60 ans et plus et les personnes vivant avec des comorbidités’’, élargira cette cible en 2022, aux ‘’12ans et plus ainsi qu’aux femmes enceintes et allaitantes’’. Car, entretemps, le comité scientifique de lutte contre la Cvd-19 avait réuni suffisamment d’information pour se convaincre que les vaccins n’ont aucun effet indésirable sur ces cibles sensibles, nous a confié un responsable de la section immunologie.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la vaccination reste la seule alternative de booter cette pandémie hors de la cité. Pour cela, elle invite tous les pays à mettre le boucher double pour atteindre l’immunité collective.

Immunité collective

Pour la victoire totale contre ce virus, il faut un taux maximum de population vaccinée, indique-t-on. Mieux, pour certaines catégories de personnes (les vielles personnes, les personnes vivant avec une comorbidité…), il ne suffit pas des faire les doses complètes pour être complètement l’abri de la maladie. D’ailleurs, la dose booster est plus que jamais indispensable pour toute personne dont la dernière vaccination remonte à six mois et plus, conseille l’Organisation mondiale de la santé.

Sur la question, l’OMS, sur sa page, dont la dernière mise à jour remonte au 17 mai, est plus explicite : « Il apparaît de plus en plus clairement que l’efficacité du vaccin contre l’infection et les symptômes légers peut faiblir avec le temps. C’est pourquoi le Groupe stratégique consultatif d’experts de l’OMS (SAGE) sur la vaccination conseille qu’une dose de rappel soit proposée 4 à 6 mois après la première série de vaccination. Il est recommandé de faire la dose de rappel lorsqu’elle est proposée, afin de renforcer la protection contre les formes graves de la maladie et les décès qui lui sont imputables » avant de préciser : ‘’l’immunité peut diminuer plus rapidement chez les personnes d’un certain âge ou qui souffrent d’une pathologie sous-jacente, ou encore qui ont un risque élevé d’exposition au virus’’.

Selon les virologues du comité scientifique de lutte contre la Cvid-19 du Mali, la COVID‑19 est une maladie potentiellement mortelle susceptible d’avoir des conséquences à long terme. Pour cela, ils conseillent surtout de se faire vacciner que de prendre le risque de contracter la maladie.

« Faites‑vous vacciner dès que votre tour arrive et continuez à faire votre possible pour vous protéger et protéger les autres », nous indique le Pr Seydou Doumbia.

Le Mali s’est fixé comme l’objectif de vacciner 70% de sa population de 12 ans et plus y compris les femmes enceintes et celles allaitantes contre la Covid-19 dans le but d’atteindre l’immunité collective, d’ici à la fin de l’année 2022. Le thème de la deuxième campagne de vaccination était assez évocateur dans ce sens : «…vaccination contre la Covid-19 pour l’accélération de l’atteinte de l’immunité collective visant 70% de la population d’ici à la fin de 2022 ». Toutes les dispositions sont prises pour l’atteinte de cet objectif, il reste une adhésion populaire la réussite du combat qui vaut d’être mené.