Des candidates à la vaccination contre la Covid-19 au site des déplacés internes à Sénou, le 28 juin 2022
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VACCINATION CONTRE LA COVID-19 : une épreuve pour les bélénophobes

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La bélénophobie est la peur de l’aiguille. Elle est la cause du retard ou du refus de certains pour la vaccination. Peu connu en Afrique, le stress chez les patients, dans les pays développés, est classé de léger à extrême, selon des psychologues cliniciens.

En plus de la désinformation, de la mésinformation, le stress lié à la seule vue de l’aiguille est comptabilisé parmi les causes de l’évitement de la vaccination par certains patients.

Si au Mali, on ne dispose pas encore de statistique sur la population bélénophobe, le chef du Service Immunisation de la Direction Nationale de la Santé et de l’Hygiène Publique, le Dr Ibrahima Diarra, est convaincu que le stress lié à la piqûre n’est pas étranger à la réticence de certains patients face à la vaccination contre la Covid-19. Il précise qu’il ne s’agit pas de la seule vaccination contre la pandémie du coronavirus, mais de toutes les vaccinations.

Selon Fatoumata Diarra, infirmière obstétricienne à Kalaban-Coro, même lors des vaccinations de routine, plusieurs femmes et enfants manifestent le stress à la vue de l’aiguille. La vaccination devient toujours une véritable épreuve pour ces personnes, dit-elle.

Kadia Barry, une personne déplacée interne du site de Dialakorobougou, relocalisée à Sénou, 36 ans, mère de 7 enfants, a peur de l’aiguille au point qu’elle déteste tout ce qui est piqûre. Toutefois, elle a accepté de se faire vacciner, en raison des avantages de la vaccination contre le coronavirus, expliqués par l’équipe de sensibilisation déployée sur le terrain ce 28 juin 2022. Pour elle, c’est la santé qui est prioritaire surtout pour celui qui traverse des conditions difficiles, comme la situation des personnes déplacés internes.

« J’ai réussi à vaincre mon stress. Malgré ma méfiance pour les vaccins et ma hantise des piqûres. Contrairement, aujourd’hui, l’injection fut rapide et presque indolore. L’infirmière a dû comprendre ma phobie, parce qu’elle m’a rassuré que ce vaccin était différent des autres avant de me piquer. Tout s’est bien passé » nous a confié Kadia Barry.

Mais plusieurs autres patients interrogés estiment avoir peur de l’aiguille, mais pas à un niveau extrême.

« L’aiguille m’effraie, mais ne m’empêche pas de faire une vaccination. Je pense que ça peut être un facteur de réticence pour certain. Je suis sûr que si le vaccin anti-Covid-19 était inoculé par voie orale, le résultat allait être autrement », confie Djénéba Yoro Dème, une autre personne déplacée du camp de Sénou.

Par ailleurs, des résultats de recherches scientifiques menées aux USA, au Canada et dans d’autres pays, expliquent que le stress à la suite de vaccination peut être à l’origine de perturbation du cycle menstruel chez certaines femmes, même si aucun cas de ce genre n’a encore été signalé au Mali, selon le Dr Ibrahim Diall, médecin à la Section Immunisation de la Direction Nationale de la Santé et de l’Hygiène Publique.

Ainsi, le fondateur de la plateforme « Question pourunpro.com », le pharmacien Alexandre Chagnon, estime que la vaccination est stressante pour des catégories de personnes.

Des études en France, évaluent à 16%, le taux de la population réticente à la vaccination, à cause du stress lié à la piqûre.

A la date du 11 juillet 2022, le rapport journalier sur la situation de la Covd-19 et de la vaccination au Mali, affiche 534.833 vaccinations incomplètes et 1.428.555 vaccinations complètes.

« Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les Droits Humains (JDH) au Mali et Affaires Mondiales Canada »