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VACCINATION CONTRE LA COVID-19 : Les déplacés internes du camp de Sénou créent la surprise !

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Pour booster le taux de vaccination des personnes déplacées internes, l’organisation canadienne, Journalistes pour les Droits Humains (JDH/JHR), en collaboration avec la Direction Régionale du Développement Social de Bamako, l’Association Tribune Jeunes pour la Santé et l’Hygiène Publique (TRIJESAHY) et le CSCom de Sénou, a organisé, ce 28 juin 2022, une activité d’information et de sensibilisation en faveur des habitants déplacés du camp de Dialakorobougou, relocalisés à Sénou en CVI du district de Bamako. Malgré leurs conditions de vie difficiles, ces personnes ciblées ont surpris par une mobilisation qui n’était guère gagnée d’avance.

Dans ce camp de déplacés internes de plus de 1000 personnes, un peu plus de la centaine étaient ciblée par la campagne de ce 28 juin 2022. En effet, malgré la présence fréquente des équipes de vaccination sur le terrain, ces cibles récemment relocalisées à Sénou se sentaient peu concernées par une quelconque vaccination. Mais une séance de sensibilisation de l’équipe d’Ibrahim Dia Keita de l’Association Tribune Jeunes pour la Santé et l’Hygiène Publique change la donne.

Après la séance d’information et de sensibilisation, l’équipe de l’Association Tribune Jeunes pour la Santé et l’Hygiène Publique en langue bambara, Sonraï et peul, l’adhésion des pensionnaires du site à la vaccination était presque totale.

Une doléance ?

La sensibilisation a été d’un apport important pour le changement de comportements, pense le chef de village du camp, Boubacar Aly Barry. Selon lui, le message sur les avantages de la vaccination a été bien perçu. Il se rappelle de la présence fréquente de maladies respiratoires (toux, rhume…) dans le camp. Depuis les premières campagnes de vaccination, le taux a beaucoup diminué au sein de la population du camp.

« Ici, nous connaissons bien les avantages de la vaccination, les explications de l’équipe de sensibilisation du jour nous ont mieux édifiées encore », s’est réjoui M. Barry. Pour la réussite de la campagne de ce lundi, une doléance a été posée par les habitants du site : l’aménagement d’un « isoloir » pour que les candidats à la vaccination n’exposent pas leurs corps en public. La doléance a été rapidement acceptée par les initiateurs de la campagne de vaccination et le travail commence.

Pourtant, avant ce 28 juin 2022, les équipes de vaccination ne manquaient pas de faire le tour ici. « Nos équipes de vaccination font fréquemment le tour sur ce site, mais les gens restaient indifférents », affirme le médecin chef du Centre de Santé Communautaire de Sénou, le Dr Youssouf Mariko. Toutefois, précise-t-il, une précédente campagne de vaccination avait permis de prendre en charge une importante partie des habitants du camp. Il s’agissait, ce 28 juin, de toucher des femmes allaitantes, celles enceintes qui n’étaient dans le programme précédent ainsi que les nouveaux arrivants.

Une campagne réussie

« Je crois que la campagne a réussi, puisque le nombre de vaccinés a largement dépassé nos prévisions », a-t-il salué.

Selon Youssouf Mariko, les conditions d’hébergement n’ont pas de lien direct avec la vaccination. Toutefois, constate-t-il, moins l’on est dans une zone urbaine, plus on a besoin de confiance, d’assurance pour se faire vacciner.

Pour les cibles à vacciner, souvent c’est l’information qui ne passe pas, si ce n’est un manque de confiance aux équipes de vaccination qui ont du mal à les convaincre.

Pour Mohamadoun Aly Dicko, un déplacé qui vit dans le village Kouralé à quelques encablures du camp de Sénou, le vaccin n’est pas à la portée de tout le monde et à tout moment : « j’ai coïncidé aujourd’hui avec l’équipe de vaccination. Lorsqu’on m’a informé la veille, j’ai décidé de passer la nuit ici pour pouvoir me faire vacciner. Depuis longtemps, j’avais tenté de me faire vacciner, mais je n’avais pas pu le faire. J’ai même passé au CSCOM, mais en vain. Aujourd’hui grâce à Dieu, je me suis fait vacciner avec le passage de l’équipe de vaccination dans ce camp de déplacés. J’ai mon fils ici, je suis venu le voir, on m’a dit qu’il y a la vaccination, je n’ai pas voulu rater l’occasion ».

Ramata Boly, une pensionnaire du camp, est à sa première dose de vaccin contre la Covid-19. Elle a eu le courage de se faire vacciner grâce à l’effort de sensibilisation de l’équipe de l’Association Tribune Jeunes pour la Santé et l’Hygiène Publique.

« La sensibilisation nous a donné beaucoup d’informations sur la maladie et la vaccination. Je me suis décidé à me faire vacciner pour me protéger contre cette pandémie qui a fait beaucoup de victimes. Pour le moment, tout s’est bien passé, nous remercions les initiateurs pour avoir pensé à notre santé sans laquelle rien n’est possible », a-t-elle déclaré.

Pourquoi il est important de sensibiliser!

Laya Coulibaly, une mère de 5 enfants, regrette n’avoir  pas pu faire vacciner ses enfants qui n’avaient pas encore l’âge. Mais elle-même s’est fait vacciner après avoir été bien imprégnée des avantages de la vaccination contre la Covid-19.

« On nous a dit que cette vaccination protège contre la Covid-19, une maladie contagieuse et mortelle. Aussi, la vaccination protège contre les formes sévères de la maladie et nous donne accès à la carte de vaccination qui facilite beaucoup les mouvements des personnes », nous a-t-elle confié.

Pour Ibrahim Dia Keita, responsable de l’Association Tribune Jeunes pour la Santé et l’Hygiène Publique, la vaccination peut se faire partout, à n’importe quel moment et dans n’importe quelle condition d’hébergement.

« La condition d’hébergement n’a aucun impact sur la vaccination. Seulement, avant d’être introduit dans le corps, le vaccin a besoin d’être bien conservé dans une température recommandée. Au-delà de cela, les conditions d’hébergement n’ont aucun impact sur la vaccination (que vous soyez en plein air, dans un taudis ou dans une villa, peu importe) », a indiqué M. Keita.

Toutefois, précise-t-il, il convient de mettre en confiance les gens, par rapport à l’importance de la vaccination, aux effets éventuels du vaccin… Il faut que la personne comprenne que vous travaillez pour son bien, dit-il.

« Généralement, les équipes de vaccination ne prennent pas le temps nécessaire pour sensibiliser avant de proposer le vaccin à leurs interlocuteurs. Or, plus les gens se sentent exclus et marginalisés, moins, ils s’intéressent à la vaccination », conseille M. Keita.

L’équipe de Tribune Jeunes pour la Santé et l’Hygiène Publique est loin d’être à sa première expérience.

« Nous, nous menons ces campagnes de sensibilisation depuis plusieurs mois. Nous avons une équipe professionnelle. Nous sensibilisons dans les marchés, dans les mosquées, les écoles et d’autres lieux publics. Généralement, quand nous nous y déployons, les gens sont convaincus et viennent se faire vacciner », nous dira M. Keita.

A l’issue de la campagne, 46 personnes dont 36 femmes sur les 120 personnes ciblées se sont fait vaccinées. Mieux, plusieurs retardateurs se sont faits signalés après le départ de l’équipe de vaccination auprès de Mme Assa Diabaté la responsable du site de Sénou travaillant à la Direction régionale du Développement Social du district. Elle leur promet d’organiser un nouveau rendez-vous avec l’équipe de vaccination du CSCOM pour leur prise en compte.

Ce résultat est un succès, selon la responsable du site, Assan Diabaté. Elle soutient que les gens sont réticents à la vaccination, mais les campagnes de sensibilisation permettent d’instaurer une certaine confiance chez les personnes.

« Je suis en contact permanent avec le CSCOM pour la prise en charge de tous les cas de consultation sanitaire concernant ces déplacés. Tous les jours, nous recensons leurs besoins et nous les faisons remonter à qui de droit. Pour ce qui des retardataires qui expriment le besoin, je vais les recenser avant de prendre un autre rendez-vous avec l’équipe de vaccination », a-t-elle rassuré.

La campagne visait 120 déplacés internes (PDI) sur le site de Sénou en commune VI du District de Bamako. Selon le rapport d’information quotidien du Ministère de la Santé et du Développement Social, notre pays enregistrait à la date du 11 juillet 2002, 534.833 vaccinations incomplètes et 1.428.555 vaccinations complètes.

« Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les Droits Humains (JDH) au Mali et Affaires Mondiales Canada »