Evolution toujours timide de la campagne de vaccination au Mali, photo illustrative
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COVID-19 en milieu rural : quelle arme de protection ?

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Alors que la pandémie du coronavirus n’épargne ni ville ni campagne, les regards sont désormais tournés vers les autorités nationales pour élargir la campagne de vaccination lancée, en mars 2021, à Bamako, à l’ensemble du territoire national. Avec un résultat cumulé de 75148 personnes vaccinées dans les districts sanitaires de Bamako, Kati, Kalaban-Coro et Ségou, à la date du 19 mai 2021, les autorités sanitaires du Mali ont du pain sur la planche pour faire face à la demande de vaccin anti Covid-19, des Maliens des zones rurales.    

 Selon les dernières statistiques du ministère de la Santé et du Développement social, la pandémie à Coronavirus touche de plus en plus les zones Rurales, à l’image des agglomérations comme Bamako, considérée comme ‘’épicentre’’ de la maladie : Cf communiqués n°426 du 2 mai, n°423 du 29 avril et n°422 du 28 avril 2021 dudit ministère, portant point journalier de la maladie. Malgré le lancement de la campagne de vaccination contre la COVID-19 au Mali le 31 mars dernier, le vaccin reste essentiellement servi dans quelques grandes villes en plus de Bamako.

Les résultats provisoires de la campagne de vaccination contre la COVID-19, fournis par le ministère de la Santé et du Développement social, à la date du 19 mai 2021, la commune de Kalaban-Coro et le district sanitaire de Ségou ont été ajoutés à la liste des zones couvertes, selon les soins du ministère de la Santé et du Développement social.

Elargissement du champ d’intervention

Si tous les Maliens ont besoin du vaccin aujourd’hui ou qu’il y a le besoin partout au Mali, le ministère de la Santé et du Développement social a son plan de couverture qu’il n’entend pour le moment pas bousculer.  Selon Dr Youma Sall Coulibaly, conseillère santé publique au ministère, la première étape c’est Bamako, épicentre de la maladie. Après, a-t-elle poursuivi, la prochaine étape, c’est les quartiers ou les communes proches de la capitale, notamment  Kalaban-Coro, dans le cercle de Kati, région de Koulikoro. C’est dans ce contexte d’ailleurs que des équipes de vaccination contre la maladie à Coronavirus sont déployés, depuis quelques jours, dans les districts sanitaires de Kalaban-Coro et de Ségou, a-t-elle confirmé.

Plus de deux mois après Bamako, le Mali rural est toujours en attente du vaccin anti-Covi-19, dont notre pays a bénéficié de 396.000 doses de vaccin dans le cadre du dispositif COVAX, un partenariat avec le CEPI, GAVI, l’UNICEF et l’OMS.

En tout cas, à quelques encablures de la capitale Bamako, le premier adjoint au maire de la commune rurale de Safo, Dotigui Niaré, se dit convaincu de l’existence de la maladie, même si à la date du 20 mai 2021, sa commune n’avait enregistré aucun cas. Dans cette commune de 14 villages, les mesures en vigueur contre la pandémie se limitent au respect des mesures barrières édictées par les autorités nationales : lavage des mains au savon, port du masque et la limitation des rassemblements. Sinon, le vaccin n’est pas encore arrivé dans la collectivité, a confié au Jalon.com le conseiller municipal.

« Nous qui sommes des élus, faisons tout pour empêcher les regroupements importants de masse dans la commune, qui sont des facteurs de contamination. Mieux, la mairie sensibilise la population par rapport à certaines pratiques qui peuvent vraiment contribuer à la propagation de la maladie dans la commun », a-t-il souligné.

A la question s’il était déjà vacciné, M. Niaré indique : « je ne me suis pas encore fait vacciner, mais je suis prêt à recevoir ma dose dès que l’occasion se présente. Car, le vaccin demeure aujourd’hui la seule solution pour freiner la propagation de cette maladie, qui a beaucoup secoué le monde entier ».

Y-a-t-il un besoin de vacciner le maximum de population de la commune rurale de Safo ?

Bien sûr, a répondu le 1er adjoint,  malgré que « nous n’avons pas eu un seul cas de la maladie dans la commune, nous sommes dans le besoin de vacciner les habitants des 14 villages que composent la commune afin de les protéger contre le covid-19. Parce que personne n’est épargné par cette maladie.

Dans la commune voisine à Dilakorodji, le vaccin n’est pas non plus là.

La matrone sur place avec ses 17 ans de fonction, confirme n’avoir pas été informé d’un quelconque dispositif dans ce sens.

« Non, je ne suis pas encore vaccinée contre le covid-19, mais je suis prête à recevoir ma dose de vaccin contre le covid-19. Parce que nous agents de santé, devons convaincre d’abord les autres, à travers la vaccination. On parle de coût financier qui décourage, alors que le vaccin devrait être gratuit », a-t-elle déploré.

Aussi, malgré que Dialakorodji ait le statut d’une commune rurale, elle estime que les habitants ont besoin d’être vaccinés contre la COVID-19 si le vaccin est disponible, en raison de sa proximité de Bamako.

« Nos populations fréquentent au quotidien les ressortissants de différentes communes de Bamako, à travers des échanges commerciux et sociaux où on recense chaque jour, des cas de contamination. Dire que les communes rurales n’ont pas besoin de ce vaccin, je ne partage pas du tout cette idée », a craché la matrone.

A son opposé, une matrone du deuxième CSCOM est très réservée. Elle dit n’avoir pas suffisamment confiance du vaccin qui fait l’objet de polémique dans les pays occidentaux. Elle pense que les opérations de vaccination lancées à Bamako en mars 2021 ont beaucoup joué sur la fréquentation de leur CSCOM. Car les patients pensent que leur présence seule au CSCOM permet aux agents de leur inoculer le vaccin anti-COVID.

A des centaines de kilomètres de là, dans la commune rurale de Dougouolo, cercle de Bla, c’est le même dispositif : pas de vaccin, pas non plus de kits de prévention suffisant pour faire face au drame.

Selon Minata Dembélé, conseillère municipale, la commune se défend avec ses moyens de bord qui ne sont autre que des kits de lavage des mains, des savons liquides, des gels hydro-alcooliques et quelques masques offerts par des ONG de la place.

Le maire, lui, confirme que ces kits ont été pour la plupart offerts aux agents de santé de la commune, aux élèves et aux enseignants.

Aussi, dans sa politique de prévention contre la maladie à coronavirus, la mairie a organisé des réunions avec les chefs de village, les leaders d’opinion, de jeunesses de femmes, les enseignants, pour leur faire passer le message de respect des mesures barrières.

« Pour le moment, nous en sommes à ce niveau. Nous avons entendu parler du vaccin anti-Covid, mais pour le moment, nous ne  l’avons pas encore vu. il parait que les grandes villes sont pour le moment privilégiées par cette vaccination. Je ne suis moi-même pas encore vacciné, mais le besoin de vacciner est là, puisqu’il s’agit pour le moment de l’unique remède contre la pandémie. Toutefois, ici chez nous, il me semble qu’il y a encore des efforts à faire pour faire accepter le vaccin par la population. Pas plus tard qu’à la veille de la fête de l’Aïd-el-fitr, nos élèves étaient dehors, quand je suis venu pour comprendre les raisons de cette sortie, on m’a dit qu’ils ont appris qu’il y a le vaccin pour vacciner les élèves contre la COVID-19. Il a fallu que je leur informe que c’était une contrevérité pour que les enfants acceptent de retourner dans les classes », nous a confié le maire.

Quant à la directrice technique du centre, CSCOM de Dougouolo, Mme Fissina Koné, elle confirme que le seul moyen de lutte à leur niveau demeure la prévention.

« Cet article est publié avec le soutien de JDH – Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada »

« A notre niveau, au CSCOM, nous avons mis à la porte un dispositif de lavage de main au savon. Toutes personnes qui arrivent, nous lui exigeons de se laver d’abord les mains avant de franchir la porte du CSCOM. Nous exigeons aussi le port du masque, mais il arrive souvent que des patients arrivent sans masque de protection, puisque nous nous n’en disposons pas assez pour eux nous sommes obligés de tolérer ces cas. Mais à l’intérieur, nous exigeons aussi le respect de la distanciation d’un mètre. Pour ce qui est du vaccin, nous n’en avons pas encore reçu. Mais nous avons appris que les vaccinateurs sont à Ségou, notre chef-lieu de région », dira-t-elle. A la question si la DTC est prête à se faire vacciner ainsi que son équipe, elle estime que cette question n’est pas à l’ordre du jour, même si la peur contre la maladie est là.

« Cet article est publié avec le soutien de JDH – Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada ».

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