/

Chute d’IBK : le RPM fait son mea-culpa

6 mins de lecture

Le Dr. Bokari Tréta invite le RPM a assumé sa part de responsabilité dans l’échec d’IBK à répondre aux attentes du peuple. Selon lui, IBK a déçu parce que quelque part des responsables du parti ont manqué de courage et d’audace de lui dire certaines vérités.

En larmes, déçus et indignés, cadres et militants du parti de l’ancien président IBK étaient réunis, ce vendredi dans un palace de la capitale, pour échanger sur les concertations nationales dont les travaux préparatoires s’ouvrent ce samedi. Au cœur de ces concertations la gestion de l’après IBK renversé par des militaires. Cette rencontre extraordinaire du Rassemblement pour le Mali (RPM) vise à prendre une position par rapport à la gestion de la transition.

Lors de cette 1ère grande rencontre du RPM après le coup d’Etat de leur régime, le président Bokari Tréta, entouré du secrétaire général et de la présidente des femmes du parti, est apparu sous le choc. Se retrouver autour d’une rencontre sans le président fondateur du parti est une première, affirme Dr Bokari Tréta. Donc, un moment de tristesse pour tout le parti, décrit-il d’une voix à peine audible. Envahi par les émotions, il craque et se fond en larmes, a l’image de nombreux militants et cadres du parti.

« On se retrouve sans IBK, ce n’est pas parce que nous n’avons pas été dignes. Pas parce que nous n’avions pas souhaité que les choses se passent autrement. Pas parce que nous nous ne sommes pas battus. Nous avons tenté au mieux de ce que nous pouvons faire. Mais aujourd’hui ce grand projet a été renversé par un coup d’Etat miliaire parce que n’ayant pas satisfait les attentes des Maliens », explique-t-il.

Très ému, il s’est adressé à ses militants pendant une vingtaine de minutes. Dans son speech, il dresse un muni bilan des sept ans de gouvernance du président.  Il est marqué par beaucoup de regrets et d’insatisfactions, selon Tréta. « L’engagement et la dignité avec lesquels le peuple du RPM s’était mobilisé pour élire IBK n’ont pas été rendez-vous dans la gestion du pouvoir », a regretté Bokari Tréta. Conséquence : le parti s’est affaibli. Le clanisme a alors pris le dessus sur l’esprit collectif.

Outre la grande famille RPM, le désespoir s’est aussi emparé de nombreuses personnes ayant placé leur confiance à IBK. Ainsi, une grande partie du peuple malien, après l’euphorie de 2013 et de 2018, s’est détournée du projet de société du parti, indique le responsable politique du RPM. Les Maliens ont eu le sentiment que notre portail politique n’a pas été à la hauteur de leurs attentes, a déclaré Dr Tréta.

« Nous avons fait beaucoup de frustrés, beaucoup d’insatisfaits. Notre gestion a connu beaucoup de lacunes », a-t-il également ajouté.

Toutefois, aucune fuite de responsabilité, le RPM doit accepter et assumer que le coup d’Etat du 18 août est consécutif à l’échec dont le parti est responsable, tranche Tréta. Les sept ans de gouvernance ponctuée de scandale de corruption, de favoritisme n’est pas seulement à l’actif du président d’IBK. Bien au contraire. Le parti a aussi sa part de responsabilité pour avoir manqué d’audace et de courage de dire certaines vérités au chef, declare-t-il. Pour Tréta, IBK a manqué de conseils avisés.

« Dans notre parcours, l’histoire demandera qu’est ce que le RPM a conseillé à IBK pour éviter que ce qui nous arrive, arriva. Est ce qu’on a pu conseiller ? Personne ne pourra dire : oui notre groupe était contre telle décision hier; alors qu’aujourd’hui on n’a le regret de reconnaître que c’était la position à défendre. C’est dans cette position qu’il fallait amener IBK à prendre des décisions difficiles. Mais on n’a pas eu le courage, la dignité de le faire », regrette le président du RPM. L’une des leçons à tirer de cette situation, selon le Dr Bokari Tréta, est « d’abandonner d’être le mauvais conseil du chef. Servir le chef, c’est pouvoir lui donner de beaux conseils même s’il n’a pas envie de les entendre. Même quand vos conseils vont être utilisés contre vous par le chef pour vous combattre. Mais votre honneur, votre dignité c’est de donner de beaux conseils au chef. C’est ce que l’histoire retiendra ». 

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.