Une adresse à la nation à 00heure. Une grande première dans l’histoire récente du Mali. Annoncé par le leader du M5 RFP, Mahmoud Dicko, au cours d’une conférence de presse dans l’après-midi, le discours du chef de l’Etat était très attendu. Pour cause, il est déterminant pour le rassemblement prévu par ses opposants ce vendredi. Comme d’habitude, beaucoup de nos concitoyens espéraient suivre l’adresse présidentielle au JT de 20heures de la chaîne nationale, Ortm, car l’heure n’ayant pas été indiquée à temps. Mais l’attente sera longue pour certains comme Cheick Oumar Sissoko, une des figures de la contestation. «Je me suis finalement endormi, car je n’en pouvais plus», raconte-t-il le lendemain lorsqu’on demande son avis sur le contenu du discours. Le suspens va durer 4 heures. À 00heure passée, le chef de l’Etat apparaît enfin au petit écran, visage masqué, derrière le pupitre. Le ton et la corde vocale laissent clairement entrevoir un Président affaibli et dépassé par les défis qui font gronder la rue au point de réclamer sa chute. Voilà pour le côté pile.
Côté face. Le contenu du discours d’IBK. Il laisse pantois plus d’un Malien. Fait nouveau à retenir: le remembrement de la Cour constitutionnelle qui sera opéré sous l’égide des présidents des cours constitutionnelles de l’espace Cedeao. Les nouveaux membres de cette cour ainsi désignés, à lire entre les lignes du discours présidentiel, statueront sur le sort des députés recalés par l’arrêt de la Cour présidée par Manassa Danioko, dont la quasi-totalité des conseillers a déjà jeté l’éponge. En clair: pas de dissolution de l’Assemblée nationale, pas d’organisation d’élections partielles non plus dans les circonscriptions où les résultats proclamés par la ‘’défunte’’ Cour ont été contestés.
Pour le reste, c’est du vieux plat réchauffé. Ou du moins du déjà entendu: la pacification du pays pour ramener la paix et la sécurité. Sept ans de promesse. Sept ans de pourrissement. Tellement débordé par la tâche, le Père de la Nation semble avoir oublié, volontiers, les dizaines de morts à Bankass, son peuple meurtri et affamé au Centre du pays pour pleurer la mort du Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly. L’adresse à la nation devait calmer les nerfs. Mais elle a produit l’effet contraire.