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Mali : en 2012, pourquoi la CEDEAO n’a pas déployé ses forces avant Barkhane et Minusma?

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L’ancien ministre des Transports, Baba Moulaye Haïdara, a dans une récente interview fustigé la Cedeao en affirmant qu’il « aurait souhaité les forces » de cette organisation se battre aux côtés des soldats bien avant l’intervention des forces françaises et onusiennes. La Cedeao avait pris l’initiative de l’intervention militaire bien avant Barkhane et MINUSMA mais sa décision s’est butée à deux problèmes : le quitus du Conseil de Sécurité de l’Onu et des autorités maliennes d’alors.

Dans une interview accordée à nos confrères du journal Aujourd’hui Mali, l’ancien ministre Baba Moulaye Haïdara a évoqué les quatre ans de la transition malienne et certaines décisions majeures prises par celle-ci, notamment le retrait du Mali de la CEDEA

« J’aurais aimé voir la Cédéao à nos côtés quand on était en pleine guerre avant même la France, avant la Minusma, avant toutes les forces étrangères, la Cédéao aurait pu se battre à nos côtés ». Ces propos ont été repris par d’autres médias comme (ici) et (ici). Si la déclaration de l’ancien ministre n’est pas fausse elle mérite d’être nuancée. Et pour cause, environ deux mois après la chute des régions de Gao, Tombouctou et Kidal, la Cedeao a entrepris des initiatives en juin 2012 pour déployer environ 3300 soldats pour aider le Mali à libérer la partie du territoire occupé. La preuve ici.

Cependant elle avait impérativement besoin de l’autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU conformément au chapitre VII de la Charte de cette organisation. « le Conseil de sécurité doit, en tout temps, être tenu pleinement au courant de toute action entreprise ou envisagée, en vertu d’accords régionaux ou par des organismes régionaux, pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales » stipule l’article 54 de la charte.

Les autorités maliennes de leur côté avait plutôt plaidé pour un appui logistique qu’un déploiement de troupes au sol. Pour rappel, des organisations de la société civile hostile à la Cedeao comme la COPAM et Yéréwolo ont à l’époque manifesté et exprimé leur opposition au projet de déploiement des militaires de la Cedeao.

Le Conseil de Sécurité de l’ONU, saisie après moults tractations, a jugé la première proposition de la Cedeao pas suffisamment claire. La Cedeao a dû revoir son plan en novembre 2012. Et en décembre, la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA) est autorisée par la Résolution 2085 du Conseil de Sécurité des Nations Unies de décembre 2012 sur initiative de la CEDEAO soutenue par l’Union Africaine.

Les premiers soldats de cette force internationale placée sous le chapitre VI de l’ONU seront déployés quelques jours après l’opération Serval enclenchée par la France le 11 janvier 2013 pour stopper l’avancée des terroristes. Malgré le problème de sous équipements reprochés aux contributeurs de troupes à cette force internationale, certains dont le Togo, le Nigéria ont été envoyés des soldats dans le cadre de la MISMA dirigée par le général nigérian, Shehu Abdulkadir. Le Tchad a aussi envoyé des troupes bien qu’il ne soit pas membre de la CEEDAO. Les différents soldats ont été engagés à Ménaka, Assongo, Tombouctou, Goundam et Gao, Nara, Léré et Diabaly comme en témoigne le compte rendu du point de presse hebdomadaire de la MISMA (ici).

Deux mois après le déploiement de la MISMA pour un mandant d’une année; avant cette échéance elle est transformée à la  Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali, MINUSMA, à travers la Résolution 2100 du 25 avril 2013.

En clair, si les forces de la Cedeao n’ont pas été déployées avant d’autres forces étrangères pour sauver le Mali ce n’était pas par manque de volonté mais parce que le Conseil de sécurité de l’ONU n’avait pas encore donné son feu vert.

Modibo KONE

Le Jalon

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