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Vaccination contre la covid-19 : le Mali peut mieux faire !

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A la date du 11 juillet 2021, avec pas moins de 50 points vaccination, à travers le pays, pour 147 869 personnes vaccinées (première dose) contre 53 428  pour la seconde dose, la campagne de vaccination contre la COVID-19 avance sans doute au Mali, mais se bute à des obstacles, qu’il convient de surmonter pour la bonne marche de l’initiative. Déficit de communication, insuffisance de vaccin disponible ou de personnel déployé sur le terrain ?  En tout état de cause, le continent africain dont notre pays ne fait guère exception reste indexé comme une entité « en marge » de la vaccination anti-Covid-19.

Le faible taux de vaccination contre la COVID-19 était une des raisons du déplacement de l’envoyé spécial de l’Union africaine (UA) pour la création de l’Agence des médicaments, notre compatriote Michel Sidibé, le 5 juillet dernier, en RDC. Reçu par le président Congolais, Félix-Antoine Tshisekedi, l’ancien ministre de la Santé a laissé entendre que le peuple africain est le moins vacciné contre la pandémie de covid-19, dans le monde, avec à peine dix millions des vaccinés sur une population d’un milliard trois cents millions, sans compter les faibles dotations des budgets des gouvernements africains dans le secteur de la santé.

L’Afrique indexée

Avec moins d’un million de vaccinés sur une population de plus de 20 millions de personnes, le Mali ne fait pas exception à cette règle africaine. Ici, la campagne a été lancée, le 31 mars 2021, à l’hôpital du Point G, par Mme la ministre de la Santé et du développement social. D’abord centralisée dans la capitale, notamment dans les hôpitaux, les Centres de santé référence et les CSCOM du district, aujourd’hui, le vaccin est disponibles dans la quasi-totalité des cercles et communes du Mali, à l’exception de Kidal, du moins si l’on se réfère au résultat J95 de la campagne de vaccination en cours communiqué par le ministère de la Santé au Jalon. Il affiche 147 869 personnes vaccinées pour la première dose et 53428 personnes pour la seconde dose. C’est d’ailleurs, dans ce cadre le ministre de la Santé et du Développement Social, dans un communiqué en date du 27 juin 20121, dont le Jalon a eu une copie, informait l’opinion publique nationale et internationale que ‘’la Campagne de vaccination contre la Maladie à coronavirus lancée le 31 mars 2021 à Bamako se poursuit sur  toute l’étendue du territoire national. Après les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Gao et le District de Bamako, il est attendu le démarrage de la vaccination dans les régions de Mopti, Tombouctou et Kidal’’

Les forces de sécurité et de défense mobilisées

Pour ce faire, le département, selon Mme la ministre, a procédé à la mobilisation du ‘’personnel de santé des Forces Armées et de Sécurité par le ministère de la Santé et du Développement social pour appuyer les différentes équipes de vaccination sur l’ensemble du territoire’’

Au regard des résultats affichés sur le tableau, il convient de dire que les gens ne se bousculent pas du tout aux portes des vaccinateurs.

Au centre Boniaba de Niaréla où nous avons fait un tour, ce 9 juillet 2021, l’équipe attendait désespérément des patients. Selon la chef d‘équipe du jour, les gens sont entre psychose et hésitation. D’une part, la crainte de la maladie et d’autre part, le peu de confiance au vaccin, non pas la qualité, mais les rumeurs  sur d’éventuels effets secondaires.

« Même les femmes qui arrivent pour leur vaccination de routine (polio, tétanos, rougeole…) nous demandent. Beaucoup ont en tête que le vaccin anti-Covid rend stérile. Nous tentons d’assurer les uns et les autres avec nos arguments. Il y en a même qui arrivent pour leur seconde dose, une fois sur place, ils commencent à hésiter », nous a confié la chef d’équipe.

Au centre de référence du Quartier Mali, l’équipe était également là à notre passage, à l’attente de candidats au vaccin.

« Il y a très peu de volontaires, on a l’impression que l’engouement des gens diminue au fil du temps. Ceux qui nous arrivent, ce sont des voyageurs, des personnes âgées, des personnes vivant avec comorbidité », nous a confié une infirmière.

Le vaccin n’est pas la priorité des Maliens

Pour le moment, il faut dire que les Maliens, dans leur majorité, ne font pas une priorité la vaccination contre la Covid-19, bien que le vaccin soit gratuit. En tout cas, youssouf Togola, un vulcanisateur au quartier Banconi n’en pense pas moins.

« Le coronavirus, tel que décrit par les médias, n’a jamais existé. Quant aux multiples formes de rhume, nous en sommes habitués au Mali et cela ne saurait être une pandémie mortelle pour nous », a-t-il ridiculisé.

Alors que l’Europe est dans le tourbillon d’une quatrième vague de COVID-19, avec le variant Delta, la tendance semble à la baisse au Mali, avec seulement, 10 nouveaux cas le 13 juillet 2021, sur 743 échantillons testés. Pour autant, doit-on baisser les bras ?

Au ministère de la Santé, l’on se veut rassurant, à l’issue de la première campagne qui s’est achevée. Des dispositions sont en train d’être prises pour renforcer les imperfections constatées, nous a-t-on confié. Elles vont de l’organisation d’ateliers, à des campagnes de sensibilisation contre les rumeurs à l’endroit du public, selon notre source. Peut-on se réjouir du résultat atteint : « Au regard de ce qui s’en suit, au ministère de la Santé, l’on ne saurait parler d’autosatisfaction, parce que le pays a été obligé de rétrocéder une partie de ses doses à Covax dans la crainte de les voir périmer faute de pouvoir les utiliser. On aimerait pouvoir utiliser l’ensemble des 396 000 doses. C’est en ce moment qu’on aurait pu parler de satisfaction, mais hélas, il y a eu trop de rumeurs et l’engouement n’a pas été à la hauteur au niveau de la population. C’est dommage », nous a confié une responsable au ministère de la Santé et du développement social.

Assurances OMS

En tout état de cause, sur la qualité des vaccins, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rassure : « Les vaccins font l’objet de tests complets avant d’être importés dans un pays. Des médecins et scientifiques experts suivent des protocoles internationaux stricts pour rendre ou non un vaccin disponible au public ». Toutefois, à l’instar de tout autre médicament, les vaccins peuvent entraîner des effets secondaires qui sont généralement mineurs et temporaires. Les cas d’effets secondaires plus sérieux sont extrêmement rares, conseille l’OMS.

Il faut noter, selon des avis d’experts, des évolutions sont en train d’être enregistrées sur la connaissance du vaccin en usage. Au lieu d’un mois d’intervalle entre les doses, on peut désormais aller jusqu’à 12 semaines, selon les spécialistes. Plus l’intervalle entre les doses est grande, mieux le vaccin est efficace, nous a édifié un responsable du ministère de la Santé.

« Cet article est publié avec le soutien de JDH – Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada »