Covid19: est-il question de tester un vaccin au Mali?

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Des vaccins anti-coronavirus seront-ils testés sur des Africains? Le sujet enflamme les débats sur les réseaux sociaux depuis la sortie de Jean-Paul Mira, chef de service de médecine intensive et réanimation à l’hôpital Cochin à Paris.  

« Si je devais être provocateur. Est-ce qu’on ne devrait pas faire ses études en Afrique où il n’y a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation, un peu comme c’est fait d’ailleurs pour certaines études dans le Sida ou chez les prostituées ou on essaye des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées et ne se protègent pas. Qu’est-ce que vous en pensez?», interroge Jean-Paul Mira sur le plateau de la chaîne d’info LCI. «Vous avez raison», répond son interlocuteur, Camille Locht, directeur de recherche à l’Inserm (Institut national de Santé et de la recherche médicale) à Lille.

La séquence de 23 secondes suscite une avalanche de réactions virulentes sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter à travers le monde. Sous une pluie de critiques, l’auteur des propos jugés «choquants» par beaucoup d’internautes a mis son compte Twitter en mode privé.

Parmi les détracteurs les plus connus du médecin français: Samuel Eto’o et Didier Drogba, tous deux anciennes gloires de la galaxie footballistique.

«Vous n’êtes que de la merde. N’est-ce pas que l’Afrique est votre terrain de jeu …» a réagi l’ancien international Camerounais, l’un des joueurs les plus titrés du Continent. Dans la foulée, un collectif d’avocats marocains s’est même constitué en partie civile et a menacé de porter plainte pour «racisme».

Selon nos confrères du Parisien, Jean-Paul Mira et Camille Locht après avoir tenté de se justifier en vain, ont finalement présenté leurs excuses dans un communiqué. Mais pas suffisant pour calmer les esprits déjà surchauffés dans un contexte fortement marqué par les folles rumeurs et les théories complotistes nourries à la sève du Covid19.

Ragots

«Ce sont des ragots. Moi je ne commente pas, les propos tenus par X ou Y sur un plateau TV. Ce que je peux dire, c’est qu’au niveau de l’OMS nous sommes en train de travailler sur plusieurs vaccins qui ne sont pas encore prêts à être utilisés. Et l’utilisation d’un vaccin exige toute une procédure», a répondu, Jean-Pierre Baptiste, représentant de l’OMS au Mali.    

«Il n’a jamais été question de tester un vaccin au Mali contre le nouveau coronavirus. Nous n’avons pas connaissance d’une telle initiative. Le BCG dont les gens parlent est utilisé contre des bactéries. Or, le Covid19 est un virus et non une bactérie», renchérit Dr. Abdoulaye Guindo, directeur adjoint de la Direction nationale de la santé au Mali.

1,5 million d’euros pour soutenir l’Afrique francophone

 Le 27 mars dernier, l’Agence française de développement (AFD) et l’Institut national de santé et de la recherche médicale (Inserm) ont, dans un communiqué, annoncé l’intention de Paris d’appuyer cinq pays africains dans la lutte contre le nouveau coronavirus: Mali, Burkina Faso, Gabon, Côte d’Ivoire.

«Appelé Aphro-Cov, ce programme piloté par REACTing – ciblera les laboratoires, le dispositif d’alerte précoce, les services cliniques et, via une sensibilisation et une communication renforcée, toute la population. Le montant de la subvention accordée par l’AFD à l’Inserm dans le cadre de ce nouveau projet s’élève à 1,5 million d’euros», précise le communiqué.

Le document de deux pages et demie ne fait pas allusion à un éventuel projet de vaccin en Afrique. Mais malgré tout, il a apporté de l’eau au moulin de ceux qui redoutent «l’expérimentation des vaccins en gestation sur le continent africain», tel que souhaité par Jean-Paul Mira.   

Certains internautes ont associé un faux tweet de ce dernier au communiqué de l’Inserm pour étayer leurs théories du complot.

Lassina Niangaly

Major de la 3ème Promotion de la Formation en Alternance de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille à Bamako en 2018, Lassina NIANGALY, 33 ans, est journaliste depuis août 2012. Il est titulaire d'une maîtrise en Histoire-Archéologie et d'un Bac+5 en Histoire et Géographie. A la base professeur d'enseignement secondaire.

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