Le conseiller technique du ministère de la Femme, de l'enfant et de la famille en train de récevoir le message de plaidoyer des partenaires @Educo-Mali
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Gratuité du jugement supplétif : le plaidoyer d’Educo Mali et de ses partenaires

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En prélude au 33e anniversaire de la Convention des droits de l’enfant (CDE), l’ONG espagnole Educo Mali et ses partenaires Joining Forces  ont remis ce jeudi 17 novembre un message de plaidoyer aux autorités politiques du pays en faveur de la gratuité des jugements supplétifs dont de nombreux enfants sont privés.

« Je déplore que ce sont des responsables de services de l’Etat qui bloque le processus de délivrance des jugements supplétifs pour plus de 1000 enfants déplacés», a dénoncé Abdoulaye Dembélé, membre de la  Coalition Malienne des Droits de l’Enfant (COMADE) lors de la soirée de plaidoyer initiée par l’ONG espagnole Educo-Mali, le jeudi 17 novembre.

En plus d’avoir fui de leur localité respective à cause de l’insécurité, ces d’enfants, à l’image de millier d’autres, sont privés de leur premier droit fondamental malgré une demande adressée aux autorités. A cause de l’insécurité et du problème de compétence territoriale évoqué par les tribunaux, l’obtention d’acte de naissance ou de jugement supplétif si précieux demeure un casse-tête.

Sans identité, difficile de se projeter sur l’avenir de ceux-ci ; la situation a alerté des partenaires de l’Alliance Joining Forces et ses Alliés dont Educo Mali qui a organisé le dîner de plaidoyer pour interpeller des services de l’État. La rencontre a réuni les acteurs étatiques, des organisations de la défense des droits des enfants, des organismes évoluant en faveur de la promotion de l’enfance ainsi que des regroupements d’enfants et jeunes.

L’objectif de la rencontre vise à obtenir des autorités la concrétisation de la gratuite de la délivrance des jugements supplétifs aux enfants des personnes déplacées internes ainsi que la réduction et l’harmonisation des coûts pour les autres enfants maliens.

« La  rencontre est une opportunité de créer une réflexion commune sur la situation des droits des enfants en faisant un focus sur l’état civil », a précisé le directeur Pays d’Educo Mali, Herman ZOUNGRANA, tout en saluant la synergie d’actions des partenaires pour porter ce combat au profit des enfants.

« On parle du droit à l’identité, à un nom et à une nationalité. On parle de l’enregistrement des naissances. Ceci est l’un des droits les plus déterminants des enfants », a-t-il affirmé, à la veille de la commémoration du 20 novembre, la journée mondiale de l’enfance, pour orienter les initiatives vers la réalisation de l’enregistrement des naissances.

M. ZOUNGRANA a déploré par ailleurs que l’atteinte de ce droit soit challengé par la crise sécuritaire au Mali depuis 2012 et de nombreuses contraintes en faisant allusion notamment aux centres d’état civil brulés. Conséquence : la naissance de beaucoup d’enfants n’est pas déclarée, si c’est fait très souvent l’acte d’état civil n’est pas retiré. Egalement à cause des déplacements forcés, certains ont perdu leur document, a-t-il ajouté.

« Nous voulons un changement et nous voulons que les droits des enfants soient respectés », lancent les partenaires en remettant leur message de plaidoyer au représentant du ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, Harouna SAMAKE.

Pour M. SAMAKE, c’est un moment historique puisque c’est un combat qui tend vers le respect du 1er droit fondamental de l’homme : être déclaré. C’est celui-ci qui ouvre tous les droits de l’enfant.

« La solution n’est pas hors de notre portée. Vos messages seront transmis à qui de droit », a déclaré M. SAMAKE avant d’informer que la demande d’obtention d’acte de naissance des 1000 enfants a été adressée au ministère de l’Administration territoriale.   

Il dit espérer d’un dénouement rapide de la situation afin de mettre ces enfants déjà éprouvés par la crise sécuritaire de jouir de ce droit.

En outre le plaidoyer, l’événement a été également un cadre de partage d’expérience des pratiques réussies pour l’atteinte de l’objectif : chaque enfant, un acte de naissance.

A cet effet, pour le directeur pays d’Educo Burkina Faso, Ollo Oscar PALE, l’un des invités spéciaux de la rencontre dinatoire, ils ont pu améliorer la situation dans le pays des Hommes intègres, à travers l’initiative inter-opérationnalité du centre d’état civil. La mise en œuvre de cette approche a permis d’approcher les centres d’état civil à la population avec comme avantage de faciliter l’accès à l’acte de naissance.

« Nous avons aussi impliqué les leaders religieux qui exigent désormais l’acte de naissance de l’enfant avant procéder au rituel de baptême. Ç’a été une expérience réussie », a partagé M. PALE.

Le représentant de l’UNICEF, Alassane MAIGA a déploré que malgré l’alternative du jugement supplétif, de millier enfants sont confrontés au problème d’acte de naissance. A côté de nombreuses initiatives, il a proposé aux autorités une décision pour rendre l’enregistrement des naissances gratuit sur une période déterminée.