Chahana Takiou entouré des panelistes ce 26 mars 2023
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Kadidia Fofana à l’Espace commémoratif de l’avènement de la démocratie au Mali : «Nous devons apprendre à sanctionner nos dirigeants dans les urnes et non dans la rue»

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Pour célébrer le 32ème anniversaire  de l’avènement d’une démocratie arrachée au prix du sang, l’Espace commémoratif de l’avènement de la démocratie au Mali, initié par notre confrère Oumar Barou Sidibé de Renouveau TV, en partenariat avec Journalistes pour les droits humains (JDH), a animé, pour la deuxième année consécutive, un débat transmis sur différentes chaines de télévisions et radios de la place.  C’était ce 26 mars 2023, à la Maison de la presse.

Le débat dont le Thème était : « jeunesse et femmes, acteurs incontournables des réformes politiques et institutionnelles enclenchées : projet de la nouvelle constitution », était modéré par Chahana Takiou, promoteur et directeur de publication du journal Le 22 Septembre. Autour de la table, il était avec  Kadidia Fofana, femme leader, Boubacar Yalkouyé du Conseil national de la jeunesse (CNJ) ; Nouhoum Sarr, responsable politique et membre du Conseil national de transition (CNT) et Évelyne Jacques, femme leader politique.

Les jeunes et les femmes ont-ils été associés au processus d’élaboration du projet de la nouvelle constitution ? Lesquels des deux textes défend mieux les intérêts des jeunes et des femmes ? Etaient entre autres questions auxquelles, les panelistes ont tenté dedonner des éléments de réponse.

Selon Nouhoum Sarr du Conseil national de transition, l’intérêt des jeunes et des femmes ne peut pas ne pas être préservé dans le projet de la nouvelle constitution pour la simple raison que le pays est à 80% dirigé par des acteurs jeunes, à l’imagedu président de la transition lui-même, du président du Conseil nation de la transition (CNT).

Boubacar Yalkouyé qui a participé à la phase de finalisation de ce projet de Constitution est lui aussi convaincu que le texte défend les intérêts de la jeunesse malienne. A titre illustratif, il souligne que la jeunesse fera désormais partie des membres d’une des institutions de la république, à savoir le Conseil économique social, culturel et environnemental. A ce niveau, il pense que les jeunes auront désormais leur mot à dire dans la prise des décisions, puisque le Conseil économique, social et culturel a compétence sur tous les aspects du développement économique, social et culturel. Il participe à toute commission d’intérêt national à caractère économique, social, culturel et environnemental. Aussi, il rédige, avec la participation des différentes entités qui le composent, à l’attention du Président de la République, du Gouvernement et de l’Assemblée Nationale, le recueil annuel des attentes, des besoins et des problèmes de la société civile avec des orientations et des propositions.  Dans le projet de la nouvelle constitution, il est également salutaire, dit-il, de constater que le président de la république sonne la mobilisation de la jeunesse face à certaine situation.

Mais pour Kadidia Fofana, i n’y a pas matière à jubiler face à ces acquis puisque le Conseil économique, social, culturel et environnemental n’a qu’une vocation de consultation et non de décision. Elle pense que les intérêts des jeunes et des femmes ne sont pas suffisamment pris en compte. Ils sont évoqués en formule bateau, a-t-elle dénoncé. Ce qui ne permet pas de prendre suffisamment en compte les aspirations des femmes et des jeunes.  Une nouvelle constitution, dit-elle, doit prendre en compte, le passé, le présent et l’avenir. Ce qui ne semble pas être le cas pour le projet de la nouvelle constitution à ses yeux.

« C’est dommage que les jeunes soient confinés dans un organe consultatif », a-t-elle déploré faisant allusion à sa participation au Conseil économique social et culturel.

Si Kadidia reconnait que des jeunes et des femmes ont bénéficié et bénéficient toujours des promotions dans ce pays, elle  indique que ceux-ci n’ont jusque-là défendu que leurs propres arrières. Pour elle, les Maliens et particulièrement les jeunes et les femmes, qui sont majoritaires, doivent se remettre en cause, en matière de veille par rapport aux questions de gouvernance.

« Nous devons apprendre désormais à sanctionner nos dirigeants dans les urnes. Sortons des mobilisations dans les rues. Les femmes et les jeunes doivent arrêter de voter pour des candidats, non pas pour la pertinence de leurs programmes, mais pour de l’argent», a-t-elle interpelé.

Évelyne, quant à elle, soutient que l’introduction du seul scrutin proportionnel permet aux jeunes et aux femmes majoritaires de la population de se faire représenter dans les instances de décision et donc de se faire entendre. Les jeunes doivent profiter de ces avantages pour renverser la tendance en leur faveur.

« Ils doivent cesser de jouer le rôle  mercenaire, en se formant, en travaillant dur », a-t-elle préconisé.

Après plus de 30 ans de démocratie, le Mali est toujours à la croisée des chemins. Cette année, la célébration du 26 mars intervient dans un contexte de transition militaire, mais aussi de réformes politiques et institutionnelles. C’est dans ce cadre d’ailleurs qu’on peut noter la promulgation de la nouvelle loi électorale, la loi sur l’organisation du territoire, la mise en place de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), mais surtout, la présentation du projet de Constitution par le président de la Transition aux légitimités traditionnelles et aux forces vives de la nation. Il appartient au peuple malien souverain de donner une nouvelle orientation qualitative à notre démocratie à travers le référendum qui sera organisé très bientôt.