Lancé en février dernier, l’ONG SAVAMA DCI a fait le point, ce 5 mai 2022, de son projet : « Inspiration des manuscrits anciens pour la réconciliation et la paix au Mali : Plaidoyer et lobbying pour une appropriation des enseignements manuscrits anciens dans le processus de réconciliation, de paix et de gouvernance au Mali ». C’était au cours d’une conférence-débat au Mémorial Modibo KEITA.
La conférence modérée par le directeur de l’Institut des sciences humaines du Mali, Baba Coulibaly, a regroupé autour du patron de l’ONG SAVAMA DCI, les Pr Hamidou Magassa et Assetou Founé Migan pour témoignages. La rencontre a également enregistré la présence des partenaires du projet les représentants des ambassades du Royaume Uni, de la Grande Bretagne et de l’Irlande du Nord à Bamako, des représentants de la société civile, les organisations religieuse.
Des ébauches de solution à la crise multidimensionnelle
Il s’agissait selon le président de l’ONG SAVAMA, le Dr Abdel Kader Haïdara, de faire le point de ce qui a été fait autour des manuscrits et de demander des conseils de réorientation si nécessaire pour une exploitation judicieuse des manuscrits dans le sens de la gestion de la crise multidimensionnelle que connait le pays. M. Haidara se dit convaincu que ces documents contiennent des ressources intarissables d’ébauche de solution à notre crise. Il a soutenu que ces manuscrits sont historiques et patrimoniaux. Selon lui, pour les besoins de cette campagne, six manuscrits des ouvrages ont été sélectionnés et présentés au public. Ces manuscrits, dit-il, parlent de la paix, de la réconciliation, de la tolérance, du partage, de la bonne gouvernance, de la corruption et de la culture islamique.
« Depuis la crise de 2012 au Mali, nous avons fait des milliers de manuscrits à Bamako. Tous ces manuscrits sont aujourd’hui bien protégés dans les maisons de stockage grâce à tous nos partenaires que nous saluons et remercions », a-t-il précisé.
Le Pr Assetou Founè Migan dira que ses efforts de recherche à travers les manuscrits lui ont permis des découvertes utiles en tant que biologiste, notamment sur les prémices du serment d’Hippocrate que les médecins prêtent actuellement avant d’entrer en service. Ce serment existait bien avant dans notre société pour tous ceux qui voulaient s’engager dans le traitement médical des êtres humains, a-t-elle témoigné. « Ce qui m’a donné d’ailleurs, un repère pour l’enseignement de l’histoire des sciences au Mali », s’est-elle réjouie.
Pour le Pr Hamidou Magassa, le seul nom même du Mali est crise, c’est-à-dire que depuis l’indépendance, c’est des cycles de crises auxquels le pays fait face. La seule alternative qui vaille pour aller de l’avant, c’est le pardon et la production du savoir par nous-mêmes et pour nous. Pour cela, les manuscrits anciens constituent une bonne inspiration, selon lui.
« C’est bien de monter militairement en puissance, mais c’est encore mieux la montée en puissance intellectuellement. Pour que nous redevenons nous-mêmes », a martelé le Pr Magassa.
Compte-rendu de l’évolution de la pensée
Selon le modérateur, Baba Coulibaly, l’objet du projet était de faire du plaidoyer et du lobbying pour une appropriation des enseignements des manuscrits anciens dans le processus de réconciliation, de paix et de gouvernance au Mali. Car les manuscrits, poursuit-il, constituent une source importante de savoirs et une documentation unique sur l’histoire écrite de l’Afrique. Ils rappellent le rôle prépondérant que cette région a joué dans le développement intellectuel, culturel et scientifique ainsi que dans la diffusion des savoirs.
« Ils rendent compte de l’évolution de la pensée, des découvertes et des réalisations de la société humaine, et constituent le legs transmis par le passé à la communauté mondiale présente et future. Ces livres anciens portent l’empreinte d’érudits de générations antérieures qui ont œuvré pour la paix et la résolution pacifique de nombreux conflits. Les manuscrits anciens traitent de thèmes aussi variés que la résolution des conflits, la diplomatie de la paix », a-t-il expliqué.
Plusieurs activités était ainsi inscrites dans le programme du projet. Il s’agit de : la réédition des ouvrages écrits en arabes et traduits en français ; des conférences-débats ; des émissions TV et radiophoniques, des rencontres de plaidoyer…
La campagne se poursuit
Trois localités ont été couvertes par le projet : Bamako, Kayes, Ségou et Tombouctou. A l’heure du bilan, le modérateur a soutenu que de nombreux résultats encourageants ont été obtenus. En effet, selon lui, six ouvrages ont fait l’objet d’édition et de traduction par la SAVAMA DCI : parmi lesquels ‘’Culture de paix et esprit de cohésion en islam’’, ‘’les principes de la justice pour les gouvernants et les hautes personnalités’’, il est traité par Ousmane Danfodjo en 1817 ; ‘’l’approche de la religion sur les devoirs des rois et des souverains’’, de 1703 par un certain Mohamed B Abdoul Karim. Aussi, sept conférence-débats, dont trois dans des structures universitaires, deux au mémorial Modibo Keita et une respectivement à Ségou et à Tombouctou, ont été tenues. Le projet qui a couvert trois localités, Bamako, Ségou et Tombouctou, a pu toucher l’ensemble du pays et même la région ouest africaine, à travers des moyens de communication médiatiques, radios, web TV, réseaux sociaux.
Au regard de ces résultats atteint, les initiateurs du projet ont jugé nécessaire de poursuivre les échanges et la sensibilisation pour la valorisation de cette richesse, au service d’un Mali en paix, uni et prospère.