La trentaine révolue, l’artisan Abdoulaye Diabaté gagne par mois plus de huit fois l’équivalent du salaire minimum légal dans la fabrication des chaises en bois de margousier.
Niono. En plein cœur de la zone Office du Niger, grand foyer de la rizicole au Mali, dans la région de Ségou. Ce jour-là, il est 6 heures du matin. Coupe-coupe et corde dans un vieux sac en plastique, Abdoulaye embarque dans le premier minibus qui arrive. Direction Sirébala, localité située à une vingtaine de kilomètres d’ici. Le trentenaire part puiser sa matière première: des bois de margousier dans un champ d’eucalyptus appartenant à une société chinoise. L’artisan s’en sert pour fabriquer des chaises très prisées pour son coût abordable et son confort. L’unité est cédée à 2 500 francs CFA. «Les margousiers poussent ce champ. Les Chinois n’en ont pas besoin et dérangent les eucalyptus. Chaque année ils payaient des gens pour les couper. Maintenant que nous en a besoin pour faire des chaises, ça nous arrange tous», précise Abdoulaye.
Vers 11heures, il est de retour à Niono. Le reste boulot se fera en plein air à l’ombre d’un grand arbre de caïlcédrat à quelques mètres du Pied-à-terre.
Par jour, Abdoulaye affirme fabriquer au moins cinq chaises. Sa clientèle est composée essentiellement de fonctionnaires et promoteurs de restaurant. «C’est original, reposant et très confortable», commente Guimba Kamissoko, un fonctionnaire venu de Bamako qui s’en est procuré deux. Le jeune artisan est constamment débordé par les commandes. Malgré tout, il évolue seul. «C’est un métier dur. Les jeunes ne l’aiment pas assez. J’ai besoin d’appui mais il y a personne», explique-t-il.
Mais pour Abdoulaye, c’est une aubaine. Il gagne par mois huit fois plus que le salaire minimum légal, soit l’équivalent du revenu mensuel d’un cadre A malien de la fonction publique. Ce métier, il l’a appris presque par coup de hasard. En 2012, quand il quittait Sikasso, d’où il est originaire, pour s’installer à Niono, c’était pour cultiver le riz. Il ne savait pas encore fabriquer de chaises en bois.
«La riziculture se pratique pendant une période déterminée. Après la récolte on passait assez de temps à ne rien faire. C’est ce qui m’a poussé à apprendre ce métier de fabrication de chaise», raconte-t-il. En plus de la culture du riz, Abdoulaye ajoute alors une deuxième corde à son arc. Il apprend à façonner le bois de margousier en chaises. Mais au bout de deux ans, son patron, décède. Abdoulaye prend alors la relève. S’il n’est pas le seul à exercer ce métier dans la ville de Niono, il fait partie des meilleurs.