Rapt de Soumaïla Cissé: la part de vérité d’un de ses proches

Depuis l’enlèvement de Soumaïla Cissé, les rumeurs, plus folles les unes que les autres, animent les réseaux sociaux et sont reprises par certains médias. Que s’est-il réellement passé? Un proche de l’élu de Niafunké témoigne.

« Ni le chef de file de l’Opposition malienne, ni d’autres candidats des législatives n’a bénéficié de l’escorte militaire du gouvernement. Chacun avec ses moyens se débrouillait pour faire sa campagne dans les zones à haut risque« , précise d’emblée Y. S (Ndlr: pour des raisons de sécurité, il a requit l’anonymat).

Le président de l’URD, principal parti de l’opposition, Soumaila Cissé a été enlevé alors qu’il battait campagne, quatre jours avant le 1^er tour des législatives dans sa circonscription électorale, Niafunké. Ce jour, le candidat de l’Union pour la république (URD) était accompagné des membres de son parti. Au total, dix-huit personnes.

Quelques heures après son kidnapping, plusieurs messages ont circulé. Parmi les plus persistants : Soumaila Cissé  a refusé l’escorte militaire proposée par l’Etat pour assurer sa sécurité. Ou encore, « son garde du corps a été tué suite à des échanges de tirs avec les éléments armés » qui ont organisé son rapt. « Des mensonges », rétorque Y.S , originaire du cercle de Niafunké.

«Après l’élection présidentielle de 2018, c’était le premier déplacement de M. Cissé à Niafunké. L’insécurité dans la zone impose cette situation. Mais, pour la campagne du 1^er tour des législatives, le minimum était pour lui d’aller voir les populations», justifie M. YS. Avant de s’y rendre, le candidat a pu obtenir un deal avec des groupes armés qui contrôlent le Gourma et le Haoussa de Niafunké, précise notre interlocuteur.

« Grâce à l’appui de la Coalition du peuple de l’Azawad (CPA), Soumaila Cissé a pu mener ses activités dans la bande Haoussa du cercle. Des éléments de la CPA ont assuré sa sécurité », a-t-il affirmé sans plus de détails sur ce deal.  

Et, tout allait bien jusqu’au 25 mars, date à laquelle le chef de file de l’Opposition a été kidnappé par des hommes armés dans le Gourma de Niafunké. « Cette zone est sous le contrôle de Amadou Koufa où il a fait ses études coraniques », précise-t-il.

Ce jour, la délégation de Soumaila Cissé a quitté Saraferé. Il devait se rendre à Koumaira pour rencontrer des notabilités. Mais le rendez-vous n’aura finalement lieu. Puisque entre ces deux localités la mission du chef de file de l’Opposition tombe dans un guet-apens des éléments armés, raconte YS, précisant que la délégation était repartie entre deux véhicules BJ.

« C’est sur le véhicule à bord duquel se trouvait le candidat Soumaila Cissé que les ravisseurs ont ouvert le feu »,  a indiqué M. YS. Et contrairement à des informations qui circulent, notre source est ferme : « Il n’y a pas eu d’échange de tirs entre les groupes armés et le garde du corps de Soumaila Cissé. Il n’a pas même eu le temps de riposter parce qu’il a été mortellement touché par l’une des balles des hommes armés».

Quid de la proposition de l’armée de sécuriser la délégation de Soumaila Cissé. Le natif de Niafunké affirme que le gouvernement n’a pas proposé d’agents de sécurité au chef de file de l’opposition dans le cadre de sa campagne. « C’est de l’intox », insiste-t-il. Et pour lui, ça allait être un bain de sang si la délégation était escortée par l’armée malienne.

Des présidents de partis politiques interrogés sur le sujet par Lejalon confirment aussi qu’aucun candidat des législatives n’a bénéficié de l’escorte militaire du gouvernement. Chacun avec ses moyens se débrouillait pour assurer sa sécurité.

« L’Etat n’a pas donné de garde du corps aux candidats. Toutefois, la surveillance a été accrue dans les zones à risque », a ajouté un responsable politique également membre du gouvernement.

Depuis quelques jours, les partisans de l’opposant malien déplorant le laxisme de l’Etat dans la gestion de cette affaire organisent des manifestations pour demander la libération de leur leader.