Madina Samassekou, victime de mariage précoce

Mariage: A Djamanga, le physique des filles prime sur leur âge

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Proposée de force en mariage, à quinze ans, Madina Samassékou a fui , en 2018, son village natal, Djamagan dans la région de Mopti. Une jeunesse gâchée.

 Balayer la cour ,  faire la lessive, la vaisselle et des petites courses. Voilà le quotidien de Madina Samassékou. De longues journées de travail. Il y a un an tout allait bien pour la fille de quinze ans. « Mon père me faisait du thé. Chaque jour, il me prenait sur sa moto pour faire le tour du village. Quand j’étais très jeune, il faisait tout ce que je lui demandais », témoigne Madina, assise dans une chambre en sens dessus dessous. Derrière ces réminiscences pleines d’émotion, l’adolescente cache bien de souvenirs douloureux : le mariage arrangé très souvent imposé aux filles. Fin 2018, la vie de la jeune Madina bascule. Elle est demandée en mariage alors qu’elle était encore mineure. La jeune fille n’aimait pas l’homme proposé, mais elle n’avait pas de choix.

Car à Djamagan, son village natal, situé dans le cercle Mopti, l’âge compte peu. L’avis des femmes aussi. Ici comme plusieurs autres contrées du Mali, le plus important c’est la corpulence de la fille. « Dès que les seins commencent à pousser, les demandes en mariage pleuvent de partout. Peu importe l’âge », indique-t-elle. Sa petite sœur a déjà deux ans de vie conjugale. « Elle a été mariée vers la fin de l’année 2017. À l’époque, elle avait treize ans », se souvient Madina. Le dernier mot revient toujours aux chefs de famille arc-boutés sur la tradition. Les papas décident et en informent les mamans. Telle est la règle.   « Pour les femilles, c’est une question d’honneur », affirme-t-elle.

Contrainte d’être embarquée dans un mariage non souhaité, Madina s’en fuit et trouve refuge à Bamako où elle travaille, depuis deux ans, comme aide-ménagère.

« En complicité avec ma mère et la griotte du village, j’ai quitté le village », raconte-t-elle, larmes aux yeux.

Au Mali, ce cas est loin de faire l’exception. Selon l’enquête par grappes à indicateurs multiples au Mali de l’Institut national de la statistique du Mali (INSTAT), 16% des filles se sont mariées avant l’âge de quinze ans. La région de Kayes affiche le record funeste de mariage d’adolescents. Dans cette région, une fille sur quatre termine son cursus du niveau fondamental 2. Conséquence : le Mali est cité parmi les pays ayant le taux de prévalence de mariage d’enfants le plus élevé.   

Pour inverser la tendance, des organisations faitières des jeunes et enfants du Mali, dont le Conseil national consultatif des enfants et jeunes plaident en faveur du relèvement de l’âge du mariage à 18 ans. Une interpellation aux autorités pour avoir pris des engagements au plan national et international en vue de protéger les enfants.   

Selon un responsable politique, l’Etat ferme les yeux sur la situation par peur de s’attirer la colère des religieux.

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