«Wildaf ne cèdera ni à la pression ni à la menace quand il s’agit d’aider une femme sans défense d’entrer dans ses droits», c’est du moins la promesse faite par Mme Bouaré Founè Samaké lors d’une conférence de presse, ce 28 janvier 2023, au centre Awa Keita sur la désormais affaire de ‘’harcèlement sexuelle’’ contre la dame Khadidiatou N’Diaye, employé chez la société minière Gounkoto-Loulo, après neuf ans de service rendu.
Depuis quelques mois, l’affaire faisait des bruits : une femme se disant victime de harcèlement sexuel dans une société minière avant d’être illégalement mis à la porte de l’entreprise, a circulé sur les réseaux sociaux. La vidéo ébruitant l’affaire disparaitra plus tard des réseaux sans explication. L’affaire ne ferai sans doute pas autant de bruits si la société incriminée, après sa tentative de bâillonner la presse et des organisations de la société civile, n’avait pas porté plainte devant des tribunaux de la place contre une femme déjà abusée pour ‘’diffamation’’.
Que s’est-il passé ?rr
Selon la présidente de Wildaf, à qui la ‘’victime de harcèlement sexuelle’’ est allée se confier pour être mise dans ses droits, c’est le 23 octobre 2022, à la suite d’un long processus pour se faire entendre et être dans ses droits que Mme Khadidiatou N’diaye, une employé de la mine d’or de Loulo-Gounkoto, a fait un témoignage dans l’émission « Femmes Capables » sur la chaîne de télévision Africable.
Après la diffusion de l’élément, la société incriminée a d’abord envoyé un doit de réponse à Africable TV avant de porter plainte contre elle, contre l’animatrice et la dame Khadidiatou N’Diaye pour diffamation, a expliqué Mme Bouaré.
Dans ce droit de réponse diffusé, on aperçoit sur les écrans de la télévision, un homme d’un âge un peu avancé dire au nom de la société : ‘’la demande de la main d’une femme en mariage n’est pas un harcèlement sexuel’’. Une explication qui ne semble guère convaincre les défenseurs des droits de la femme.
Pour Mme Bouaré Bintou Founè Samaké, ‘’elle le devient dès lors que cette demande devient pressante’’.
Auparavant, selon la conférencière, une émission similaire animée sur la ‘’Passion du service public’’, ORTM, n’avait jamais été diffusée.
«L’OTM, nous a démarché pour animer une émission sur les harcèlements sexuelles des femmes en milieu de travail. En tant que personne ressource, j’ai participé à l’émission, mieux j’ai cherché des personnes ressources en plus de moi pour pouvoir animer l’émission. Apres enregistrement, l’émission n’a jamais été diffusée. Quand j’ai cherché à savoir les raisons, on m’a ensuite dit que cette émission ne pouvait pas être diffusée, parce que la société minière estime qu’il s’agit d’une diffamation à son encontre. Comment une structure privée peut-elle dire à un média d’Etat de ne pas diffuser une émission », s’est-elle interrogée ?
‘’A Africable TV, on nous a dit que les émissaires de la société minière sont venus saisir l’enregistrement, pire elle a déployé des moyens pour effacer tous les éléments qui était sur les réseaux sociaux, notamment facebook’’, aexpliqué la conférencière.
‘’Si on poursuit l’animatrice, la chaîne de télévision et la victime, ça veut dire que personne n’a le droit de venir s’exprimer sur cette affaire. L’objectif est de nous faire peur et taire’’ a déploré Mme Bouaré Bintoufounè Samaké, présidente de Wildaf-Mali, qui apporte son assistance à la victime.
Une responsable d’organisation de la société civile présente appelé les femmes la mobilisation contre de telles pratiques de violation grave des droits et des libertés chèrement acquis, dignes d’une autre époque. Car, ce genre de système est une menace conte les femmes et les filles du Mali, a-t-elle fait savoir avant de souligner que la liberté d’expression est un doit garanti en république du Mali, par la Constitution de 1992.
Les responsables d’organisations féminines ont promis une mobilisation grandiose ce jeudi 2 février 2023 devant le tribunal de première instance de la CVI du district de Bamako.
Dans cette affaire, Mme Bouaré dit n’être conte personne : «Quand nous avançons avec une personne, nous nous rassurons qu’elle a des preuves et des arguments. Nous sommes en train de travailler avec des avocats qui sont en train d’analyser les preuves. Il y a des enregistrements audio, des messages et beaucoup d’autres documents. Nous voulons simplement qu’elle soit reconnue comme victime et qu’elle puisse rentrer dans ses droits », a-t-elle fait savoir.
Mme Sagara Bintou Maiga, une femme leader de Kati, estime que ce combat mérite d’être mené pour la démocratie, pour l’honneur et la dignité de la femme au Mali.
‘’Que pouvons-nous faire d’autre si ce n’est de nous soutenir mutuellement face à l’injustice, face à la mafia. L’or du Mali ne doit pas briller sur le corps des femmes et des filles du Mali, contre la dignité et l’honneur des femmes. Derrière cette injustice se cachent des milliers de femmes et de filles qui souffrent l’anonymat du harcèlement sexuel, dans leur lieu de travail, dans la rue et à la maison’’, a dit Bintou Maiga.
‘’Ce jeudi 3 février, nous allons nous mobiliser en nombre devant le tribunal de la CVI pour nous faire entendre’’, a-t-elle promis.
Si la constitution de 1992 protège les femmes contre les violences basées sur le genre, il faut dire que dans la pratique, les défenseurs des droits de l’homme déplore un vide juridique en matière de répression des BVG.
« Ce reportage est publié avec le soutien de JDH, Journalistes pour les Droits Humains et National Endowment for Democracy – NED »