Un conflit de légalité dans la convocation de l’Assemblée générale élective du Conseil national du patronat du Mali (CNPM) menace de plonger le secteur privé dans une crise de leadership.
Tôt ce samedi matin, des délégués à l’assemblée générale élective d’un président au patronat malien ont répondu à la convocation de leur comité statutaire pour départager les deux candidats Mamadou Sinsy Coulibaly et Diadié dit Amadou Sankaré.
A leur surprise générale : les locaux du CNPM qui devrait servir de cadre à la tenue de l’élection étaient tous fermés. Une décision prise par le bureau sortant, selon une source, s’appuyant sur le report du processus par le secrétaire général du Patronat sur instruction du président sortant, Mamadou Sinsy Coulibaly. Candidat à sa succession, ce dernier soutient : « le comité statutaire n’a aucune qualité pour exiger la tenue de l’Assemblée générale du 26 septembre 2020 », tout en précisant que cette mission appartient au président du CNPM.
De leur côté, les partisans favorables à la candidature de Diadié dit Amadou Sankaré, à l’image de Sidi Amadou Yattara, se portent en faux. Pour eux, ce report annoncé par le secrétaire général est une violation de leur texte.
« L’assemblée a été régulièrement convoquée. Mais les gens ont été surpris il y a quelques jours du report de ladite convocation par un message du secrétariat général. Or, il n’a pas mandat à reporter une élection. Il s’est arrogé la mission du comité statutaire chargé d’examiner les candidatures et de la convocation de l’élection », explique M. Yattara, membre des Bureaux de placement également de l’association de gestionnaires des Ressources humaines.
En dépit de la fermeture du siège, ils ont improvisé un bureau de vote sous une bâche devant le siège du CNPM avec la supervision d’un huissier de justice. Ils revendiquent avoir les 2/3 des délégués pour élire un président conformément à leur texte. Ainsi, l’un après l’autre, ils ont voté.
«Le CNPM n’est pas pour le président Mamadou Sinsy Coulibaly. C’est un bien qui appartient à tout le secteur privé. On n’est pas obligé de voter dans un local pour qu’une élection soit valable. A ciel ouvert, nous avons voté conformément au choix de nos mandats », s’est indignée une déléguée très en colère après son vote aux environs de 12 heures.
Même frustration pour Youssouf Traoré qui affirme que le secteur privé veut un nouveau départ avec sa tête un autre président. Selon lui, un président sortant n’a pas besoin de tout ça pour être réélu. Son bilan est le seul argument de sa réélection. « En refusant de venir, l’autre camp a joué à la politique de la chaise vide sinon la convocation est conforme à la loi », a déclaré M. Traoré.
Les raisons du report
Dans un premier communiqué, le 18 septembre, le secrétaire général du CNPM a exprimé son inquiétude face à la mauvaise composition des listes de candidature. Il a finalement reporté l’Assemblée générale, le 24 septembre, soit deux jours avant la rencontre.
Selon Sidi Dagnoko, délégué sur la liste de Mamadou Sinsy Coulibaly, le report de l’assemblée générale est tout à fait légitime. Il affirme que sept personnes se retrouvent à la fois sur la liste adverse et leur liste. « Six ont demandé à Diadié dit Amadou Sankaré de leur retirer de sa liste et deux autres ont formulé la même demande à Mamadou Sinsy. Comment peut-on organiser l’élection dans ces conditions ? », s’interroge Dagnoko.
En dépit de ces faits, le comité statutaire a maintenu le renouvellement du patronat à l’absence de Mamadou Sinsy Coulibaly. Ainsi, seul Diadié dit Amadou Sangaré était présent qui a été sans surprise élu à la majorité absolue des votants avec 89 voix contre 01 pour Mamadou Sinsy Coulibaly et 17 bulletins nuls sur les 107 votants.