Les responsables du Projet de Reconstruction et de Relance Économique (PRRE), leurs partenaires, les autorités administratives et locales ont remis, le mardi 16 juin à Konna, soixante-quatre cages flottantes à seize Organisations communautaires de Base (OCB) de dix villages. L’initiative consiste à développer la pisciculture et soutenir l’économie locale.
« Konna est réputée être une ville de poissons. La pêche occupe une grande place dans l’économie locale. Mais ces dernières années, à cause de l’ensablement des lits du fleuve, les poissons se font de plus en plus rares. Ces cages flottantes sont pour nous une alternative viable », explique M. Kaka Kèmèsso, représentant d’une des Organisations Communautaires de Base bénéficiaires de l’appui du Projet de Reconstruction et de Relance Économique (PRRE).
Mardi 16 juin. Il est 9 heures passées à Konna, ville située à environ 75 km au nord de Sévaré dans la région de Mopti. Le soleil luit dans un ciel clair. Sur les berges du fleuve d’où une grande partie de population de cette ville tire sa subsistance, un vent d’espoir souffle. Certainement l’espoir des cages flottantes. Ce jour-là, seize Organisations Communautaires de Base (OCB) de dix villages ont reçu des équipements de pisciculture : soixante-quatre cages flottantes en raison de quatre unités par OCB. La remise provisoire a été effectuée en présence du Sous-Préfet, du Maire de Konna, des représentants de l’Unité de Gestion du PRRE et de leur partenaire technique SOS Sahel.
Un événement heureux pour les centaines de bénéficiaires, femmes et jeunes regroupés au sein des OCB. « Avec des projets de ce genre, nous les jeunes, nous n’irons plus à l’aventure pour chercher du travail ou de l’argent. Nous n’envierons plus les autres, parce que les poissons que nous allons élever et vendre constituent une richesse immense », s’est réjoui M. Kaka Kèmèsso.
Les bénéficiaires ont aussi été formés aux techniques d’entretien des cages flottantes et d’alimentation des alevins. Et les poissons seront pêchés et vendus tous les six mois. « Pour assurer l’entretien des cages, chaque OCB est tenue d’épargner la somme de 200 000 francs CFA après la vente. Si possible, nous économiserons pour acheter d’autres cages flottantes », a précisé M. Kaka Kèmèsso. Selon lui, à travers ce projet, le PRRE offre aux populations de Konna une belle opportunité de développement. De même, pour Mme Samassékou Fatoumata Troufo, représentante de l’OCB ‘’Lobbo’’, en plus des cages flottantes, le PRRE les a dotées d’accessoires : gilets de sauvetage, pirogues, bassine, bascule et d’aliment pour les alevins. « Nous avons juste postulé quand nous avons appris la nouvelle à la radio. Nous n’avons rien payé, même pas une caution. Cela est un grand soutien pour nous les femmes singulièrement », a-t-elle indiqué. D’après elle, le marché de Konna est approvisionné en poissons par d’autres localités dont Youwarou et le Lac Débo. Mais avec ces cages flottantes, c’est la commune de Konna qui fournira d’autres contrées en poissons.
Coût de production abordable
Dans la dynamique de faire de Konna un pôle économique, le PRRE a aussi réhabilité le Pas de pêche détruit lors des attaques terroristes de 2012. Cette infrastructure, appelée « Débarcadère de Konna » est équipée en unité de fabrique de glace pour la conservation des poissons au frais, des fours pour le fumage et autres équipements marchants.
Selon M. Boubacar Diallo, Président de la Fédération des aquaculteurs du Mali, les soixante-quatre cages flottantes sont des équipements modernes.
« Chaque cage mesure 6 m2 avec une profondeur de 4 m soit 144 m3. Chaque m3 est empoissonné avec 34 poissons. Chaque cage contient 5000 alevins. Donc ils sont totalement à l’aise. Notre objectif, c’est obtenir 500 grammes par poisson, soit deux tonnes par cage », a-t-il expliqué.
D’après le technicien, chaque alevin doit consommer 0,650 grammes. Ce qui rend le coût de production assez abordable. « Le coût de production fait moins de 1000 francs CFA par kilogramme. Ceci est une innovation pour la ferme et un avantage pour les bénéficiaires. Après la production, on a entre 40 et 45% de bénéfice par kilo investi pour moins de 1000 francs CFA. Donc c’est vraiment très porteur », a détaillé M. Boubacar Diallo.
Le PRRE tire vers sa fin
Le Projet de Reconstruction et de Relance Économique (PRRE) est une initiative du gouvernement malien. Il est né des suites de la crise de 2012. C’est une composante du Plan de relance durable du Mali (PRED) présenté à la communauté internationale lors de la réunion du Groupe consultatif sur le Mali tenue à Bruxelles en Belgique en 2013. Financé à hauteur de 48 milliards de francs CFA par l’Association Internationale de Développement (IDA), le PRRE a réhabilité plusieurs infrastructures sociales de base (écoles et centres de santé au nord et au centre du pays) et créé plusieurs activités génératrices de revenus pour les communautés à l’instar du projet de cages flottantes de Konna. En 2017, selon le rapport d’évaluation du projet, le niveau d’atteinte des indicateurs de performance était de 51 % pour le secteur de l’Education, 80% pour celui de la santé, 5% pour l’approvisionnement en eau et 96% pour la distribution de semences aux ménages vulnérables.
Programmé sur 5 ans, le PRRE achève ses dernières activités.