En ce 21ème siècle, la fistule obstétricale, liée essentiellement au mariage des enfants, les grossesses précoces… (10-18 ans), reste un véritable problème de santé publique dans les pays en développement, a déploré le directeur régional d’Intra Health international pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, le Docteur Cheick Touré. C’était mercredi lors du 37ème webinaire du Réseau des média africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN).
Depuis la salle de réunion d’Intra Health à Bamako, en zone ACI, une dizaine de confrères maliens ont pu suivre l’évènement autour du Dr Touré et ses proches collaborateurs.
« La fistule obstétricale en Afrique, parlons-en » était le thème de cette rencontre qui a réuni une cinquantaine des journalistes membre dudit réseau.
Selon le conférencier, deux millions de femmes, à travers le monde, souffrent des fistules et 90% de celles-ci sont en Afrique subsaharienne et en Asie du sud, citant une étude de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Selon le Dr Cheick Touré, la fistule est une lésion induite lors d’un travail prolongé. Elle survient pendant l’accouchement lorsque la tête de l’enfant bute et exerce une pression continue contre les os du bassin en comprimant les tissus. « (…) on parle des fistules obstétricales après l’accouchement et dans la plupart des cas, l’enfant qui cause la fistule va être un mort-né et ça entraine des déchirures des voies intérieures… », a-t-il dit, avant de souligner qu’en terme épidémiologique, la fistule est réel un problème santé publique dans les pays en développement alors que les pays développés et ceux du Maghreb l’ont déjà résolue.
Pour l’Ong américaine IntraHealth international, deux caractéristiques communes se dégagent pour ces pays dont les populations souffrent encore de cette maladie. Il s’agit du taux de mortalité maternelle élevé, la crise en ressources humaines en santé ou encore les pays qui n’ont pas atteint l’objectif de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui est de 23 prestataires pour 10.000 habitants.
Si la fistule est un problème de santé publique dans les pays en voie de développement, il n’en demeure pas moins que la tendance peut être renversée s’il y a la sensibilisation des communautés contre le mariage des enfants et les grossesses précoces (10-18 ans) et en faveur de la fréquentation des centre de santé par les femmes enceintes afin de bénéficier de l’assistance de personnel qualifié lors des accouchements, a souligné le Dr Cheick Touré.
Outre les mariages et des maternités précoces, la malnutrition, l’excision, l’inaccessibilité géographique aux services de santé, les erreurs médicales, le recours tardif aux services de soins sont aussi parmi les facteurs qui favorisent les fistules, a-t-il prévenu.
Bien qu’il y a des obstacles dans le traitement de la fistule, dont le coût financier (250 à 400.000 FCFA), l’expérience a montré que la fistule se guéri, selon le conférencier. Il a donné l’exemple des cas traités par le projet USAID Fistula Mali, qui de 2014 à 2018, a traité 1.096 femmes dont 94% ont bénéficié d’une chirurgie réparatrice et sont complètement guéries. « La fistule se soigne et se guérit bel et bien à l’hôpital. Les femmes ne doivent pas hésiter à venir », a recommandé le spécialiste.