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Guinée : non, ces images ne montrent des militaires dans une base française à Kourémalé 

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Sur X, un internaute suivi par plus de 23 000 followers a publié le 20 août, quelques photos de militaires guinéens et français. Les images sont accompagnées d’un texte dans lequel il affirme la construction d’une nouvelle base militaire française à Kourémalé ville frontalière avec le Mali. Il s’agit d’une rumeur.

« La France a discrètement installé une base militaire à Kourémalé en Guinée Conakry à la frontière avec le Mali », affirme @DelphineSankara sur X. Pour soutenir la thèse du complot contre les autorités maliennes, la fausse affirmation est soutenue par plusieurs images sur lesquelles on aperçoit des soldats guinéens et français. Elles sont partagées sur plusieurs comptes X (anciennement Twitter) comme (ici) et (ici). D’après ces comptes, les éléments des forces armées guinéennes ont déjà rejoint discrètement la nouvelle base de Kourémalé.

Le jalon a pu situer le contexte de ces photos via l’outil Invid après des recherches d’images inversées sans succès. Les images ont été soumises à la Loupe de Invid pour rendre lisible la signature au moins sur une photo. Grâce à la loupe, on a pu déchiffrer quelques lettres ( service com HCGN-DJM encadré en rouge sur la photo à droite en dessous ) avec lesquelles on a lancé une recherche sur Google puis Facebook.

Sur Google, à partir du sigle (HCGN-DJM), nous avons pu savoir qu’il s’agit du Haut Commandement de la Gendarmerie Nationale- Direction Judiciaire Militaire dont le site web est disponible (ici). Sur lequel, aucune trace des photos montrant des militaires guinéens et français en lien avec la réalisation d’une base militaire de la France à Kourémalé, en Guinée Conakry, à la frontière avec le Mali.

Cependant la même recherche sur la page Facebook a permis de retrouver les images et le contexte dans lequel elles ont été prises. En effet, il s’agit des photos prises en 2022, lors d’une mission de travail entre des officiers français et guinéens en vue de renforcer la coopération militaire entre les deux pays.

D’où vient la rumeur ?

La même information a été partagée par plusieurs pages sur Facebook et même sur le site opinonplus qui se définit comme un média d’actualité panafricain. Les recherches nous ont conduit sur le compte X de Thomas Dietrich, journaliste français, très critique de la politique de l’Hexagone en Afrique. Suivi par plus de 23 mille personnes, il a publié le 12 août dernier, un texte sur les relations franco-guinéennes.

Dans son tweet, il affirme que « les militaires français basés au Sénégal forment en secret les forces spéciales guinéennes dans le camp de Soronkoni, à l’Est du pays« . Aussi, il indique que le président de la Transition de la Guinée, « Mamadi Doumbouya veut fermer le camp de Soronkoni et construire une nouvelle base de l’armée guinéenne près de Kourémalé, à deux pas de la frontière malienne. Une base qui permettra aux soldats français présents sur place de surveiller discrètement le Mali, un pays qui a chassé notre armée en 2022 et dont la junte s’est alliée aux Russes ».

Le 18 août, il a publié cette-fois-ci une vidéo dans laquelle il évoque le transfert du camp de Soronkoni vers une nouvelle base à Kourémalé sans donner d’éléments factuels ni citer de sources. Ce sont ces informations sans sources qui ont été reprises par plusieurs internautes pour tenter de monter une supposée « construction d’une base française dans la ville frontalière de Kourémalé ».

En clair, ces images sont sorties de leur contexte pour soutenir une information qui ne se repose sur aucune preuve.

Par ailleurs à Kourémalé (côté malien), il existe un nouveau centre de sécurisation des frontières inauguré le vendredi 5 juillet 2024. Construit sur 5 hectares, ce centre est le fruit de la coopération le Mali, l’Union européenne et la mission EUCAP Sahel Mali, pour un coût de plus de 3 milliards de FCFA. L’infrastructure a été réceptionnée par le ministre malien de la Sécurité et de la Protection civile, Général de Brigade Daoud Aly Mohammedine, en présence des responsables de la délégation de l’Union européenne.

Le Jalon

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