/

Variole du singe : Faux, 70% des cas ne viennent pas de l’Europe

7 mins de lecture

Alors que la propagation de la nouvelle variante (mpox) de variole du singe inquiète l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une information publiée par le site russe Pravda relayée dans des groupes WhatsApp prétend que l’Europe avec 70% des cas confirmés a plus besoin des vaccins que de l’Afrique. Ces données attribuées aux Nations unies sont fausses. Bien au contraire, l’Afrique demeure la plus affectée par cette épidémie.

« Selon l’ONU, 70% des cas de variole du singe sont en Europe, et l’OMS vient de déclarer que l’Europe connaîtra une augmentation, notamment en France. Et pourtant, l’Europe vient de décider d’envoyer soi-disant 200 mille vaccins en Afrique. Question : pourquoi envoyer ces vaccins aux Africains et ne pas les utiliser pour votre population en Europe ? », a publié le site russe Pravda. L’article a été largement repris et partagé dans des groupes WhatsApp.

capture d’écran de la publication du site Pravda

Pour manipuler l’opinion, la prétendue nouvelle est soutenue par une photo montrant un individu souffrant de cette épidémie alors que celle-ci a été déclarée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ‘‘urgence de santé publique de portée internationale’’ pour relever le niveau de vigilance et d’engagement contre le virus mpox de la variole du singe.

« La détection et la propagation rapide d’un nouveau clade (variante) du mpox dans l’Est de la RDC, sa détection dans des pays voisins qui ne l’avaient pas encore signalé et le potentiel de propagation en Afrique et au-delà sont très préoccupants », a indiqué le directeur général de l’OMS, Adhanom Tedros Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse mercredi 14 août dernier (compte rendu plus large de la conférence de presse).

Si plusieurs pays africains, plus de 15 Etats, sont aujourd’hui concernés par ce virus,  la République démocratique du Congo (RDC) est la plus touchée avec plus de 548 morts enregistrées et 15 664 cas potentiels depuis le début de l’année, selon le dernier rapport épidémiologique du ministère de la Santé du Congo rendu public le jeudi dernier.

Contrairement à la prétendue nouvelle qui circule, l’ONU n’a pas affirmé que 70 % des cas de la variole du singe ( le nouveau variant clade 1b du mpox) sont enregistrés en Europe. En effet, l’Europe vient, à travers la Suède, de noter son premier cas confirmé. Nulle part sur le site ONU Info auquel le site Pravda fait référence, on n’a pu retrouver cette affirmation attribuée aux Nations Unies.

Quant à la photo, elle n’est pas actuelle. Elle montre un homme qui se remet du virus mpox dans un hôpital de Londres, au Royaume-Uni. L’image sortie de son contexte accompagne un article du site de l’ONU dans lequel l’OMS annonçait en mai 2023 la fin de l’urgence de santé publique mpox.

En dépit de l’alerte de l’OMS, Bronwyn Nichol, de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a déclaré lors d’une conférence de presse vendredi à Genève « Il y a une grave pénurie de tests, de traitements et de vaccins sur tout le continent. Ces pénuries entravent gravement la capacité à contenir l’épidémie».

La variole et ses symptômes

Selon l’OMS, la variole simienne est une maladie provoquée par l’orthopoxvirus simien. Il s’agit d’une infection virale qui peut se propager entre les personnes et parfois de l’environnement aux personnes par des objets et des surfaces qui ont été touchés par une personne atteinte de variole simienne. Dans les milieux où le virus de l’orthopoxvirose simienne est présent chez certains animaux sauvages, il peut également être transmis des animaux infectés aux personnes qui sont en contact avec eux, ajoute l’Organisation mondiale de la santé. 

La variole simienne peut causer divers signes et symptômes. Alors que certaines personnes présentent des symptômes moins sévères, d’autres peuvent développer une maladie plus grave et avoir besoin de soins dans un établissement de santé. Les personnes généralement les plus à risque de développer des symptômes graves incluent les personnes enceintes, les enfants et les personnes immunodéprimées, y compris les personnes atteintes d’une infection à VIH à un stade avancé et non traitée, précise l’OMS.

Quant aux symptômes, elle indique qu’ils commencent par, ou sont suivis de, de fièvre, de maux de tête, de douleurs musculaires, de douleurs dorsales, d’un manque d’énergie et d’un gonflement des ganglions lymphatiques (adénopathie). L’éruption ressemble à des cloques ou à des lésions et peut toucher le visage, les paumes des mains, la plante des pieds, l’aine et les zones génitales et/ou anales. Ces lésions peuvent aussi être localisées sur la bouche, la gorge, l’anus, le rectum ou le vagin, ou encore sur les yeux. Il peut y avoir d’une à plusieurs milliers de lésions. Certaines personnes développent une inflammation à l’intérieur du rectum (proctite) qui peut causer une douleur intense, ainsi qu’une inflammation des organes génitaux qui peut causer des difficultés à uriner.