B. T, 18 ans, nouvellement mariée, perd son bébé avant sa naissance. Il a fallu une semaine aux agents de santé pour extraire sa dépouille de l’utérus de la jeune mère.
Au bout de six mois, la grossesse de B. T s’est interrompue. L’enfant est mort. La jeune dame de 18 ans récemment mariée avait espoir de voir le sourire de son premier enfant. Mais Dieu en a décidé autrement. Pourtant arrivée à Bamako avec son mari pour des raisons professionnelles, elle suivait régulièrement ses consultations prénatales avec une gynécologue dans une clinique privée de Bamako. Mais à partir du cinquième mois, B. T a commencé à remarquer que sa grossesse a cessé d’évoluer. Elle ne sentait le bébé bougé. Elle affirme l’avoir signalé à sa gynécologue qui ne l’a pris au sérieux. Elle a mis les remarques de B. T dans le panier de l’inexpérience.
« La gynécologue a cru que j’hallucinais, comme c’était ma première maternité » raconte-elle. A la sixième consultation prénatale, ce qu’elle craignait s’est avéré. Le bébé était décédé. Et aucune raison médicale n’a pu être donnée. La prochaine étape consistait à faire sortir le bébé du ventre de sa mère. Après analyses les médecins ont décidé d’extraire l’enfant par voie normale plutôt que de procéder à une intervention chirurgicale. Pour cela ils lui ont administré des médicaments pour démembrer le bébé et à dilater le col de l’utérus de la maman. Après une semaine de douleur, l’extraction a pu enfin avoir lieu. C’était un garçon, que le couple ne verra malheureusement pas grandir. Ce fut un véritable désarroi !
Quel est donc ce phénomène et comment se produit il ?
Pour Dr. Ousmane Terra de la clinique DANAYA, les causes ne sont pas toutes connues. Mais selon lui, « les morts fœtales sont généralement dues à des malformations du fœtus, à des anomalies chromosomiques, des infections, à un retard de croissance du fœtus, à un décollement anormal du placenta ou souvent à un accident de cordon ». D’après ses analyses, au Mali les mortalités prénatales s’expliquent par la condition physique de la mère, avant et pendant la grossesse, le contexte épidémiologique et la qualité des soins obstétricaux.
La première cause est très importante et cela est due au fait qu’au Mali les filles sont mariées précocement ainsi elles contractent des grossesses alors qu’elles ne réunissent pas toutes les conditions nécessaires.
Selon le système local d’information sanitaire, dans la revue malienne de science et de technologie, parue en 2018, 94.475 morts nés ont été enregistrés en 2016 avec un taux de mortinatalité de 2,30%.
Les autorités maliennes ont entrepris des actions pour réduire des cas de morts fœtales.
Parmi lesquelles : la médicalisation et la redistribution des ressources humaines spécialisées dans les hôpitaux ; le déploiement équitable de ces services dans les régions, la conversion des CSCOM en centre de santé de référence des districts entre autres.
Selon Dr. Terra, il est recommandé aux femmes et aux couples qui ont vécu cette expérience de suivre un soutien psychologique afin de traverser avec sérénité cette période difficile. Cela leur permettrait de retrouver une forme d’équilibre et d’envisager l’avenir avec ou sans une nouvelle grossesse.
Mariétou Macalou