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Paix au Mali : 195 filles ont participé au Grand Trail de la jeunesse

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Sur les 1 508 jeunes qui ont couru de Bamako à Gao, 195 sont des filles. Koulikoro a enregistré le plus grand nombre de participantes avec 42 filles.

Elles n’étaient que deux filles sur 46 coureurs à la première étape (du Stade du 26-Mars à Moribabougou) du Grand Trail de la jeunesse pour la paix au Mali. Et seulement une sur les 50 km entre Moribabougou et Koulikoro, 2e étape. A l’arrivée dans la Cité du Méguétan, Ténin Sékou Cissouma, l’unique fille de la course avait déploré la faible mobilisation des filles pour un « événement aussi important ».

« Je suis déçue de ne pas voir assez de filles qui participent à la course. On constate que la tendance actuelle est l’émancipation et l’égalité des sexes, le féminisme. Et c’est vraiment déplorable qu’on voie encore que les dames sont absentes dans un tel événement. L’appel que je lance aux filles, c’est de venir prouver qu’on est vraiment prêtes à donner ce qu’il faut pour atteindre l’émancipation et l’égalité des sexes », avait insisté l’étudiante de 24 ans, le 2 décembre.

Son cri de cœur semble avoir été entendu puisque le nombre de fille a connu une augmentation spectaculaire à l’étape suivante. Selon Abdoulaye Ballo, chargé de l’enregistrement des participants au Grand Trail de la jeunesse pour la paix au Mali, « sur les 159 coureurs du trajet Koulikoro-Fana, 42 étaient des filles ».

« Je participe à cette compétition pour me divertir. En plus, c’est une question de paix. Entre jeunes, on doit travailler ensemble pour booster cette paix. C’est important », a souligné Aïssata Bakary Ballo, l’une des participantes de Koulikoro avant le top départ.

Le nombre de filles connaîtra une baisse à la quatrième étape. Elles étaient 15 filles sur 120 coureurs de Fana à Konobougou. 24 filles ont couru les 80 km qui séparent Konobougou et Ségou. C’est le même nombre de filles qui s’est prêté à l’exercice sur l’axe Ségou-Bla, long de 73 km.  L’exercice n’a pas été simple, mais la cohésion, l’entraide et surtout la détermination ont permis aux filles de franchir la ligne d’arrivée sans incident.

« Sans mentir, j’étais fatiguée. Je voulais lâcher à un moment donné, mais les autres m’ont aidé, ils m’ont encouragée et Dieu merci, nous avons franchi la ligne ensemble », nous a témoigné Awa Cissé, 18 ans. Pour elle, la jeunesse à un grand rôle à jouer dans la recherche de la paix. « Quand on nous donne l’occasion à la jeunesse de s’exprimer et prenne en compte ses recommandations, je crois qu’on arrivera à la paix que nous cherchons », estimera-t-elle.

La participation à cette course est un défi pour des filles qui sont attachées à l’égalité des sexes et au vivre ensemble. « J’ai décidé de courir aujourd’hui pour valoriser d’abord les femmes. C’est pour montrer que les femmes aussi peuvent courir. Enfin, je veux montrer que je suis une bonne Malienne. Tout le monde veut la paix au Mali. Nous femmes voulons la paix », a souligné Fatoumata Soumaré, l’une des 24 femmes à courir l’étape Ségou-Bla.

L’étape Bla-San a enregistré le plus nombre grand de femmes dans la course pour la paix au Mali, après Koulikoro. Le 7 décembre, peu avant 7 h du matin, 34 filles ont quitté Bla avec 86 hommes pour San. Les filles ont tenu malgré un soleil de plomb et la longue distance : 110 km. « Ça n’a pas été facile, mais je suis arrivée. C’est notre façon de contribuer à la consolidation de la paix. Aujourd’hui, il y a beaucoup de conflits. Je pense que c’est une bonne idée que la jeunesse s’implique pour la paix », a soutenu Mariam Traoré, 26 ans et première d’un relais de 4 km.

La mobilisation des filles a faibli à partir de San. Elles n’étaient que six à participer à l’étape de San à Téné et sept de Téné à Somadougou. Aucune femme n’était parmi les 120 participants de Somadougou au coup d’envoi. Mais une vingtaine de filles ont assisté à la séance de réchauffement.

« Nous avons envie de courir, mais ce n’est pas possible parce que nous n’avons le droit de sortir en pantalon ou en culotte, or on ne peut pas courir avec le pagne ou la robe », ont témoigné plusieurs d’entre elles. En cours de chemin, deux filles ont finalement rejoint les coureurs. Ainsi, l’étape Somadougou-Sévaré/Mopti-Sévaré-Mopti ville, le 11 Décembre 2021 pour 240 coureurs (Somadougou 120 et Mopti 120) dont 19 filles.

Le l’étape de Tombouctou a eu lieu le 13 décembre. Elle a enregistré la participation de 120 coureurs dont 13 filles. Le Grand trail de la jeunesse a pris fin à Gao. Les 70 jeunes de Bera et 50 de Gao ont couru ensemble de Bera à la place de Place de l’indépendance de Gao, le 16 Décembre. huit filles ont pris part à cette dernière étape.

En somme, un peu plus de 1 508 jeunes coureurs dont 195 filles ont couru de Bamako à Gao. Initié par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et l’Organisation internationale pour la migration (OIM) et le ministère de la Jeunesse et des Sports. Il vise à impliquer les jeunes dans la recherche et consolidation de la paix au Mali.

Maliki Diallo

Diplômé de l'École supérieure de journalisme de Lille et de l'Université de Lille, Maliki Diallo est journaliste depuis 2012 au sein du Groupe Renouveau. Journaliste polyvalent, plusieurs de ses productions ont été récompensées au Mali et ailleurs.
- Le 13 novembre 2021, Prix (or) africain du journalisme d'investigation Norbert Zongo dans la catégorie télévision
- Le 29 décembre 2018, 2e lauréat du Prix national du journalisme sensible au genre
- 29 novembre 2019, 1er au prix de la Prévention de l'extrémisme violent au Sahel et dans le bassin du lac Tchad avec une enquête sur l'esclavage
- Août 2020, Prix Mali Média Awards catégorie télévision
- Août 2012, Mali Média Awards de catégorie presse en ligne