Faux, le traité de coopération militaire entre le Mali et la France n’empêche pas le dialogue avec les djihadistes

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Le  traité de coopération militaire entre le Mali et la France fait obstacle à la négociation entre Maliens, a affirmé ce mercredi 1er août 2021, le président du collectif des membres du Conseil national de transition, Fousseynou Ouattara. En fait, ce qu’il appelle Maliens sont des groupes armés nationaux ayant fait allégeance aux organisations terroristes, et qui agissent dans ce sens. Certes, les autorités françaises sont opposées à un dialogue avec les leaders djihadistes, mais le traité, dont il en question, que l’on a pu consulter n’en fait nullement allusion…

Depuis quelques semaines, un collectif composé des membres du conseil national de transition élargi à des acteurs de la société civile, d’acteurs politiques et de groupes armés, multiplie les séances d’information sur le contenu du traité de coopération militaire entre le Mali et la France. L’une des missions de ce collectif est de plaider en faveur de sa relecture. Selon les membres du collectif, le contenu de ce traité est très déséquilibré au détriment du Mali.  

A cet effet, le président du collectif, Fousseynou Ouattara, a accordé le mercredi dernier une interview à des médias sociaux sur le sujet.  Au cours de cet entretien, il affirme : « Ce traité nous empêche de dialoguer entre nous Maliens.»

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Un discours pompeux. En effet, le traité signé en 2014 entre le Mali et la France n’évoque nulle part le dialogue sous aucune forme à fortiori interdire le Mali d’engager des négociations avec des responsables djihadistes qui, pour les membres du collectif, sont des frères égarés.

Ce document de 26 articles, que nous avons pu consulter, aborde essentiellement les règles et principes de collaboration entre les deux pays. Et dans son article 2, définissant son objet, les parties s’engagent « dans une coopération en matière de défense, afin de concourir à une paix et une sécurité durables sur leur territoire, notamment par la sécurisation des espaces frontaliers et la lutte contre le terrorisme, ainsi que dans leur environnement régional respectif ».

Depuis des années, ce sujet oppose les deux États. Au Mali, les conclusions du Dialogue national inclusif (DNI) tenu en décembre 2019 donnent le feu vert au pouvoir central d’ouvrir les négociations avec Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa.

Par la suite, en juin 2019, le Pr Dioncounda Traoré, ancien président de la transition, avait été désigné par le président Ibrahim Boubacar Keita, Haut représentant du chef de l’Etat pour le centre, pour trouver une solution à l’insécurité.

« Personnellement, j’ai envoyé des émissaires en direction de Kouffa et en direction de Iyad pour dire que je suis disposé à discuter avec eux », avait déclaré Dioncounda Traoré lors d’un point de presse tenu à Bamako, le 23 janvier 2020.

L’approche n’enchante pas les autorités françaises. D’ailleurs, à plusieurs reprises, le président Emmanuel Macron a opposé son veto contre la démarche. Mais cette position de l’ancienne puissance coloniale n’a fait l’objet d’aucun accord entre dirigeants français et maliens.