Malgré l’investiture du président de la transition, le Mali demeure sous l’embargo de la CEDEAO. La levée de cette mesure contre le pays est désormais liée à la désignation d’un Premier ministre civil.
Arrivée à Bamako le mercredi 23, la Mission d’évaluation de la CEDEAO conduite par le Médiateur Gooldluck Jonathan a effectué une série de rencontres. Successivement, la délégation élargie à des représentants de l’UA et de la MINUSMA a été reçue par le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) et le président de la transition Ba N’Daw, l’officier militaire à la retraite.
Le mandat de la Mission était de mesurer les progrès réalisés dans la mise en œuvre des résolutions de l’organisation sous régionale prises le 28 août puis réaffirmées le 15 septembre lors du mini sommet tenu à Accra en vue d’un retour à la normalité constitutionnelle au Mali.
Au terme des trois jours de rencontres, le Médiateur a constaté des progrès réalisés par la junte marqués notamment par la désignation du président et du vice-président de la transition qui ont prêté serment ce matin au Centre international de conférence de Bamako. Mais ces résultats sont jugés insuffisants par la CEDEAO pour lever les sanctions. En effet, pour Gooldluck Jonathan l’embargo sera levé avec la nomination d’un Premier ministre civil.
« Notre souhait aurait été que les sanctions soient levées le plus tôt possible. Pour cela, il faut la désignation d’un Premier ministre civil. Donc, en attendant les sanctions resteront maintenues. Quant au temps de désignation du PM, la CEDEAO ne peut mettre la pression sur les autorités maliennes. Mais on espère que le Premier ministre sera désigné le plus rapidement possible », a déclaré l’ancien président nigérian. De même, il a souhaité que très rapidement les autorités mettront également en place les organes de la transition.
Interrogé sur la présence des militaires dans les organes de la transition, le Médiateur est sans équivoque : « Cela ne dérange pas la CEDEAO du moment où les lois maliennes acceptent que les militaires en activité occupent d’autres fonctions ».
Il a également insisté sur la libération des personnalités détenues par la junte dont le Premier ministre à qui la Mission a rendu visite. Soit, selon le Médiateur, on les met à la disposition de la justice si des faits leur sont reprochés ou on les libère.
Auparavant dans la matinée, la Mission a assisté à la cérémonie solennelle de prestation de serment du Président et du vice-président de la transition devant les membres de la Cour suprême. Investi par l’Institution, le tout nouveau président dans son premier discours affirme qu’il sera intraitable notamment face à l’impunité, à la fraude électorale, à la corruption.
L’officier militaire à la retraite est aussi très attendu au plan sécuritaire fortement détérioré depuis 2012 avec des attaques terroristes. Un combat à mener et à gagner contre les auteurs de ces actes, a indiqué le président de la transition. « Les demi victoires ne suffisent plus pour les vaincre. Nous devons gagner totalement et durablement. Pour cela, il faut certes une gestion politique là où celle-ci est nécessaire mais il est important de se doter de moyens les plus dissuasifs possible à travers une armée aguerrie, matériellement soutenue et moralement prête », a déclaré le président Ba N’Daw.