Le chérif de Nioro du Sahel
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Bouyé Haidara : « une oligarchie en gestation étouffée»

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Le chérif de Nioro Bouyé a estimé que le régime a un ‘’Plan de continuité de fait’’ du pouvoir après le président Ibrahim Boubacar Keïta. Les récentes mobilisations pourraient dissuader le clan IBK à y renoncer.

Entouré de ses fidèles et des membres de sa famille dans la Zawya de Nioro du Sahel, le leader des Hamallistes Mohamed Ould Cheicknè Haidara dit Bouyé s’est prononcé, comme à l’accoutumée, sur la situation socio-politique du pays.

Dans son sermon de ce vendredi 17 juillet, il a déploré et condamné l’usage des balles réelles par les forces de l’ordre contre des manifestants dans un lieu de culte. Le bilan macabre est de plusieurs morts et de nombreux blessés. Qui a ordonné le déploiement des Forces spéciales anti-terroristes sur le site? Des enquêtes ont été ouvertes, à la demande de tous les acteurs, pour situer les responsabilités.

En attendant, pour Bouyé ces bavures ne sont qu’une goutte d’eau dans l’immense plan concocté par le régime pour maintenir une oligarchie. « Tout est planifié pour assurer une continuité de fait au pouvoir après le second mandat de Ibrahim Boubacar Keïta. C’est pourquoi, je soutiens la mobilisation du peuple pour déjouer ce plan », a déclaré Bouyé.

Farouchement opposé au régime de IBK depuis plus de trois ans, le chérif de Nioro affirme ne pas être surpris de ce qui s’est passé à Bamako. Parce que, soutient-il, « celui qui veut se mettre en travers de leur chemin est considéré comme un ennemi à abattre ».

Résultat : contre toute logique, le pouvoir, qui doit protéger, sécuriser a ordonné un bain de sang dans une mosquée et dans les rues du pays, a dénoncé le leader religieux. Une scène regrettable qu’il avait tentée d’éviter, à travers diverses médiations. Mais, il dit être mal compris par le Mouvement du juin rassemblement des forces patriotiques.

« Depuis longtemps, mon inquiétude était d’éviter ce genre de scène, c’est pourquoi je n’ai cessé de faire des propositions à IBK. S’il avait pris en considération ma lettre à lui adressée, le pays n’allait peut être pas connaître ces tueries », a enrichi Mohamed Ould Cheicknè Haidara.

Et, il a regretté qu’il a fallu des morts pour que le président décide d’abroger le décret de nomination du reste des membres de la Cour constitutionnelle, une décision très longtemps réclamée. Selon le chérif, c’est le médecin après la mort. La décision devait intervenir plus tôt, a-t-estimé, pour préserver la quiétude.

Par la même occasion, Bouyé a jeté le pavé dans le jardin des responsables politiques mobilisés contre le président. Leur inconstance et égoïsme ont facilité à IBK de briguer un second mandat. « En 2018, si tous les partis de l’Opposition avaient fait un bloc derrière au moins trois candidats, IBK n’allait pas être réélu. Unis, ils avaient toute la chance d’empêcher un autre mandat du président », a-t-il affirmé.

A l’image du chérif de Nioro, plusieurs imams dans leur prêche du vendredi ont évoqué ces incendies. Tous se sont indignés de l’attitude des forces spéciales qui ont tiré à balles réelles sur les civils et de surcroit dans un lieu de culte. « Je me demande si ce n’est pas une première fois qu’un pouvoir tire sur des fidèles dans une mosquée. Ceux sur qui les forces spéciales ont tiré ne sont pas des terroristes», a indiqué l’imam Mahi Ouattara.

Ces individus qui ont perdu la vie avaient tous le même droit que IBK, Karim, Bouba en tant que Maliens. « Ces morts ne seront pas restés impunies. Ici ou ailleurs, les auteurs de ces crimes répondront devant Dieu », a averti l’imam Ouattara très révolté.

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