Photo archive rencontre des administrateurs civils
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Assassinats ciblés, enlèvements, menaces: Les représentants de l’État optent pour le repli

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Les Comités exécutifs nationaux du Syndicat autonome des Administrateurs civils (SYNAC) et du Syndicat libre des Travailleurs du Ministère de l’Administration territoriale (SYLTMAT), à l’issue d’une réunion conjointe extraordinaire le 22 juin 2020, portant sur les conditions sécuritaires des représentants de l’État, ordonnent à leurs militants (administrateurs civils) de se replier dans les zones sécurisées les plus proches.

Si la décision sauve des vies de plusieurs représentants de l’État menacés, elle constitue une menace sérieuse au processus de restauration de l’intégrité territoriale de notre pays dont les administrateurs civils constituent les symboles. Malgré plusieurs accords et compromis avec les autorités nationales, ces derniers font l’objet de plusieurs attaques et enlèvements par des éléments de groupes terroristes. Il s’agit entre autres des enlèvements, en cours de mission, des sous-préfets de Hombori, de Tilemsi, de Farako, du de Gourma-Rharous, du sous-préfet central de Diré et du sous-préfet de Dangha.

« Nous avons demandé avec beaucoup de peine à nos camarades qui se sentent menacés de se replier dans les localités où ils se sentent sécurisés », a confié au Le Jalon un responsable syndical.

OUSMANE CHRISTIAN DIARRA, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SYNAC

Si les administrateurs civils sont prêts à servir partout où le devoir leur fera appel, ils n’acceptent de se sacrifier quand l’État refuse de s’assumer.

« Oui, nous avons fait le serment de servir partout où le devoir nous fera appel, mais nous ne sommes pas des suicidaires. Nous voulons continuer à servir l’État quand il prendra conscience que nous (préfets et sous-préfets) sommes les symboles à la fois de l’existence (si nous sommes présents) et de la déchéance de l’État (si nous sommes absents) », a-t-il déploré.

Au cours de leur réunion, les responsables des deux syndicats ont constaté une dégradation de la situation sécuritaire des représentants de l’État ce, malgré la déclaration du 18 juin 2018 et le communiqué conjoint n° 001/CEN-SYNAC-SYLTMAT du 18 juin 2019.

Ils ont également condamné les enlèvements, en cours de mission, des sous-préfets de Hombori, de Tilemsi, de Farako, du de Gourma-Rharous, du sous-préfet central de Diré et du sous-préfet de Dangha avant de rappeler aux autorités nationales : « conformément aux dispositions des articles 73 et 74 de l’Ordonnance n° 2018-0018/P-RM du 31 juillet 2018 portant statut du corps préfectoral, l’État a l’obligation de protéger ses représentants contre les attaques dont ils peuvent faire l’objet dans l’exercice de leur fonction ».

Face au non-respect de ce dispositif conduisant à la multiplication des menaces et attaques ciblées contre les représentants de l’État et en attendant l’application des points d’accord du procès-verbal de conciliation du 26 mai 2020, les CEN-SYNAC et SYLTMAT « appellent les représentants de l’État se sentant en insécurité, sur l’ensemble du territoire national, à rejoindre les localités sécurisées les plus proches ».

Pour rappel, lors de la visite du Premier ministre Moussa Mara à Kidal, des préfets sont tombés sous les balles des terroristes. L’hécatombe a continué avec des attaques ciblées des bureaux et résidences des préfets et sous-préfets (Hombori, Koro, Nara, Keniéba, etc.) Aussi, les administrateurs civils gardent-ils en mémoire les enlèvements des représentants de l’État (Makan Doumbia libéré, Aly Cissé, Drissa Sanogo (toujours en otage) et récemment Sekou Sidiya Coulibaly, Oumar Traoré (libérés).

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