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Coronavirus : le cri de détresse du personnel soignant au Mali

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Manque d’équipements de protection, couvre-feu qui entrave les mouvements des professionnels de santé, le Syndicat des médecins du Mali (SYMEMA) se plaint des conditions de travail de ses membres face au coronavirus.

« A ce jour, nous ne sommes vraiment pas protégés contre cette maladie. Nous sommes prêts à consentir le sacrifice. Mais il faut le minimum de matériels pour que nous puissions faire face à la pandémie. Les agents de santé n’ont pas de gants, pas de baguettes, pas de thermo flash pour contrôler la température », a déploré le secrétaire général du Syndicat des médecins du Mali (SYMEMA), Boubacar Niaré. Selon lui, dans un contexte où la pandémie du coronavirus fait des ravages à travers le monde, ces conditions sont inacceptables.

Le syndicaliste exige du département de la Santé des matériels de protection pour éviter le scenario français et italien où des centaines d’agents de santé ont perdu la vie après avoir été contaminés par des patients. Même si le Mali est encore loin d’une telle situation, il a enregistré cette semaine son premier cas d’agent de santé contaminé.

« Ça va être catastrophique si ceux qui sont censés soigner les malades, sont à leur tour infectés », s’alarme Boubacar Niaré. D’où pour lui, l’urgence de doter les centres de santé de moyens nécessaires de protection. Le problème a été exposé au ministère de la Santé lors d’une rencontre tenue le vendredi 27 mars.

Le personnel soignant pénalisé par le couvre-feu

Outre le manque de matériels de travail, Dr Boubacar Niaré a déploré également le couvre-feu instauré par les autorités sans tenir compte des obligations des professionnels de santé. Dans le communiqué décrétant cette mesure, il a relevé qu’une dérogation spéciale est faite seulement aux agents des services d’urgence de santé munis de leur carte professionnelle et d’ordre de mission. C’est une décision sélective, a-t-il condamné, qui risque de produire de conséquences fâcheuses sur le fonctionnement du système sanitaire.

« On est surpris par une telle décision parce que la santé est un droit universel, un droit fondamental pour toute la population. Ce n’est pas à cause d’une maladie qu’il faut arrêter tout le système », a protesté M. Niaré.

Selon lui, l’ordre de mission proposé par le gouvernement n’est pas tenable au Mali où l’administration est très lourde. En plus, cela va être un problème pour le service privé de la santé qui offre plus de 60% de la prestation, a-t-il précisé.

« Il faut aussi continuer à prendre en charge les autres urgences. Imaginons qu’une femme enceinte soit empêchée de rejoindre le centre santé à cause du couvre-feu. De même que son médecin ne puisse pas sortir pour l’assister. Quel serait son sort? », s’insurge le leader syndical.

Face à cette situation, le syndicat réclame des dérogations pour tout le personnel soignant.

L’Etat s’engage

Contacté par le jalon sur ces préoccupations du Syndicat des médecins du Mali, le directeur adjoint de la santé Aboubacar Guindo reconnait les manquements et promet que des dispositions seront prises très vite pour résoudre ce problème. « Nous venons de tenir une réunion avec tous les responsables de centre de santé. l’objectif était de prendre les dispositions pour la protection des médecins. D’ici la fin de cette semaine, tous les centres et structures de santé seront dotés d’équipements adéquats de travail », a-t-il rassuré.

Quant au couvre-feu, il déplore que même les hauts cadres de l’administration sanitaire, chargés de la gestion de cette pandémie, sont contraints de respecter les horaires indiquées. « Je suis victime du couvre-feu instauré par les autorités au même titre que le coordinateur de la cellule de lutte contre le coronavirus le Pr. Akory Ag Iknane », a-t-il révélé. Cependant, le Dg adjoint de la DNS, Aboubacar Guindo rassure que des dérogations seront accordées à tous les médecins dans l’exercice de leur fonction.

« Nous avons eu des échanges avec les autorités. A l’issue de laquelle, il a été décidé de ne pas appliquer le couvre-feu au personnel de santé. Donc, à partir ce mercredi 1er avril les médecins ne seront pas concernés par cette mesure », a affirmé M. Guindo. Au Mali, le dernier bilan fait état de 28 cas du coronavirus avec deux décès.

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