En grève depuis plusieurs semaines, les enseignants ont marché ce jeudi à travers le pays pour réclamer l’application de l’article 39 de leur Statut particulier.
Après un premier report suite au décès du ministre de l’Éducation nationale, Témore Tioulenta, le Collectif des syndicats de l’éducation signataire du 15 octobre 2016 était dans la rue ce jeudi 23 janvier 2020, à Bamako. Cette marche qui se voulait nationale a également eu lieu dans plusieurs grandes villes (de Kayes à Gao). Il s’agit pour les enseignants qui ont entamé ce début de semaine une grève de 14 jours, de réclamer l’application de l’article 39 de la Loi N° 2018-007 du 16 janvier 2018.
Si la marche des enseignants était calée, depuis une semaine, la récente sortie du Premier ministre, le Dr Boubou Cissé sur la crise scolaire lors de l’atelier sur le Dialogue national inclusif, avec les partis politiques de la majorité présidentielle n’a fait que mettre le feu aux poudres. En effet, le PM a annoncé sa volonté de recruter 15 000 volontaires sortants des Instituts de Formation des Maîtres (IFM) pour supplier les enseignants grévistes, si la grève persistait au-delà des 14 jours en cours d’observation.
La marche à Bamako est partie de la Place de la Liberté au Monument de l’indépendance.
Sur les pancartes et les banderoles confectionnées pour l’occasion, on pouvait lire, entre autres : «le Collectif des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 exige l’application de l’article 39 de la loi n° 007 du 16 janvier 2018 » ; «l’Etat n’est pas une propriété privée de Boubou CISSE» ; «aucun enseignant n’a appris à un élève à ne pas respecter la loi» ; «une trêve sociale ne se décrète pas, ne rime pas avec l’injustice sociale» ; «tout Gouvernement responsable doit respecter les lois de la République et ses enseignants» ; «quand les hommes s’unissent, aucun système ne résiste» ; «Nul n’est au-dessus de la loi», etc.
Dans la déclaration lue par son porte-parole, Adama FOMBA, le collectif rappelle que les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 ne demande que l’application d’une loi, à travers son article 39, qui stipule : «Toute majoration des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et spécialisée».
Selon M. FOMBA, certains engagements pris par le gouvernement lors de la signature du procès-verbal de conciliation du 18 mai 2019 ne sont pas honorés. C’est au regard de tout ce qui précède que le Collectif des syndicats de l’éducation signataire du 15 octobre 2016, dit-il, tient à prendre à témoin l’opinion nationale, internationale, ainsi que les partenaires de l’école malienne, de la volonté du Gouvernement de violer les conventions 87 et 98 que le Mali a souverainement ratifié, à travers les propos ‘’odieux et malveillants’’ du Premier ministre Boubou CISSE, son conseiller technique Siaka DIARRA et autres collaborateurs.
De son intervention, il ressort que le Collectif tient à dire et à réaffirmer au Gouvernement que les syndicats enseignants ont toujours été ouverts au dialogue et entendent rester dans cette dynamique.
«Nous, syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, ne craignons ni intimidations, ni de menace de quelle que nature que ce soit de la part du Gouvernement », s’est-il insurgé.
Pour rappel, faute d’entente entre le gouvernement et les syndicats de l’éducation autour de leur prise en compte dans la majoration intervenue sur la grille du statut général des fonctionnaires, les enseignants ont observé une grève de 5 jours soit 120 heures allant du lundi 16 au vendredi 20 décembre 2019, puis 5 autres jours allant du 6 au 10 janvier 2020, puis 14 jours en cours.
Nous vous proposons les réaction de l’honorable Oumar Mariko et du secrétaire général du SNEC, Moustapha GUTTEYE.
Oumar Mariko : je n’ai pas le ne nombre nécessaire de députés pour interpeller le PM
Les autorités de notre pays doivent apprendre à respecter leur parole, à respecter l’article 39 et également à inscrire dans la fonction publique, les 15 000 enseignants des écoles communautaires qui attendent. L’école est un domaine de souveraineté, tout comme l’armée et les affaires étrangères. Un État incapable de l’assumer doit simplement pilier bagage. Moi, en tant que député à l’Assemblée nationale, je n’ai absolument rien à entreprendre pour cette Loi. J’ai déjà voté ce que j’ai voté ce que j’ai à voter. Il y a quatre-vingts députés qui appartiennent au RPM. Vous avez beau faire, ils ne changeront jamais. Il n’y a que la rue pour les faire changer. Je ne peux pas interpeler le Premier ministre. Parce que le nombre de députés que j’ai ne me permet pas de l’interpeler. Je n’ai que cinq députés à l’Assemblée nationale. Je ne peux qu’interpeler seulement le ministre de l’Éducation nationale. Malheureusement, cela ne sert pas à grande chose, parce qu’il s’agit du Premier ministre pour régler cette affaire.
Moustapha Guitteye, secrétaire général du SNEC : Boubou Cissé doit rendre le tablier
Nous n’allons pas nous dérober de notre objectif parce que nous sommes des syndicalistes. Nous allons lutter. Une loi ne se négocie pas elle s’applique. La prochaine destination sera à la primature. Il faudrait que nous retenions que nous avons à faire à un gouvernement incapable. Alors, Boubou Cissé doit rendre le tablier, c’est la seule solution pour ce régime. Parce que Boubou Cissé nous a insulté. Il menace la liberté syndicale. C’est une insulte aux acteurs du mouvement démocratique. Boubou ne connait pas le Mali. Je mets même en doute le Doctorat de Boubou Cissé. Parce qu’un intellectuel aguerri n’agit pas de la sorte. Son intimidation ne marchera pas chez nous les enseignants. Il n’est pas plus malien que nous les enseignants. Nous allons nous battre jusqu’à ce que nous ayons notre droit. Nous sommes fiers aujourd’hui d’être enseignants. Malgré que Boubou vienne d’une famille d’enseignants, il a insulté les enseignants.