Mali: Abou Guitteye, l’homme qui fait danser Bamako

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Spécialiste des télécoms, la trentaine révolue, Abou Amadou Guitteye a démissionné de Orange Mali pour se lancer dans le show-biz. Coup de maître !

Bamako, quartier du fleuve. Vendredi 5 juillet, 22 heures passées, embouteillage au rond-point de l’Ensup. En face, sur la place du cinquantenaire, une foule en effervescence trémousse sur les berges du Niger.  A l’entrée principale, des agents de sécurité s’affairent. En renfort ;  quelques chiens cynophiles. Avant de passer aux  guichets, les spectateurs  sont minutieusement fouillés. Les véhicules aussi.

Le premier week-end de chaque mois, cet espace, situé au cœur de Bamako entre le pont des martyrs et le pont Fadh, reçoit un événement culturel  inédit : Bama’Art qui mobilise en moyenne 20 000 spectateurs. De l’ambiance haut de gamme à vil prix. Le ticket d’entrée est cédé à 1000 francs CFA.  Et à chaque numéro, une dizaine d’artistes locaux ou internationaux livrent un concert en live.  Outre la musique, Bama’Art c’est aussi une foire géante où des centaines de commerçants exposent leurs marchandises. L’idée est tellement géniale que pour beaucoup, elle relève presque du miracle. Son concepteur : Abou Amadou Guitteye. La trentaine largement révolue, ce diplômé des Télécoms, a rendu le tablier chez Orange Mali où il a servi durant 9 ans, pour vivre sa passion. L’événementiel. Depuis 2016, il consacre son énergie et son temps à sa société Africa-Scène, créée 13 ans plus tôt, alors qu’il était encore étudiant à l’Institut du génie appliqué de Casablanca. Ce jour-là, dans la matinée, la salle d’attente du bureau du jeune Dg, situé non loin de l’avenue OUA, est presque pleine. Chemise bleue glissée sur un pantalon kaki, regard jovial, l’agenda du chef est assez chargé. Ici les murs et l’essentiel des mobiliers arborent deux couleurs. Le jaune et le noir. « Elles symbolisent le dynamisme », commente le patron des lieux. Le costar? Ce n’est pas trop son goût, semble-t-il. Lorsqu’il n’est pas au bureau, Abou n’hésite pas à aider ses ouvriers à installer une bâche, des chaises ou des appareils de sonorisation. « Je ne me sens pas dans la peau d’un patron. Je prends du plaisir à faire ce job. Que ce soit le son, la lumière, l’installation des bâches, j’ai des notions dans tout cela. Ma présence sur le terrain est une source de motivation pour le personnel. Et en équipe, il est plus facile d’obtenir un meilleur résultat », déclare le jeune entrepreneur à la tête d’une société qui emploie 50 salariés permanents.  Issu d’une fratrie de six enfants, le patron d’Africa-Scène est un homme très attaché à sa famille. Ses parents, papa ancien Dg de l’Asecna, aujourd’hui à la retraite et maman femme au foyer, lui donnent régulièrement des coups de main dans l’organisation de Bama’Art qui mobilise plus d’une centaine de mains d’œuvre.  Dans son bureau, en haut derrière son siège, trône un tableau avec le logo de son entreprise et des photographies de lui, de son épouse et de leurs deux filles.  « C’est ma femme qui m’a aidé à trouver le nom Africa-Scène », clame-t-il avec fierté mettant en relief l’apport de son épouse dans la réussite de sa carrière.  Mais Abou n’a pas toujours navigué en mer calme. Interrogé sur son plus mauvais souvenir, l’homme  écarquille les yeux, jette un regard au toit et se remémore:  L’échec le plus dur de ma carrière, c’est le concert raté de l’artiste Américain d’origine sénégalaise, Akon, en 2016. J’ai investi beaucoup d’argent dans l’organisation. Mais j’ai été trompé par mon collaborateur. Il m’a fait miroiter des vidéos et d’autres éléments. Mais en réalité, il n’avait pas signé de contrat avec l’artiste. Cet épisode a beaucoup joué sur ma réputation. Mais Dieu merci, c’est désormais un triste souvenir ».

L’homme qui revendique, aujourd’hui, avec modestie la première place dans l’événementiel au Mali rêve encore plus grand et espère étendre sa sphère d’influence hors du Mali.

Lassina NIANGALY

Lassina Niangaly

Major de la 3ème Promotion de la Formation en Alternance de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille à Bamako en 2018, Lassina NIANGALY, 33 ans, est journaliste depuis août 2012. Il est titulaire d'une maîtrise en Histoire-Archéologie et d'un Bac+5 en Histoire et Géographie. A la base professeur d'enseignement secondaire.

1 Comment

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