Après trois jours de concertation nationale, le choix d’un civil ou d’un militaire pour diriger la transition n’est pas tranché. De même, la clé de répartition des 121 membres du conseil national de la transition reste aussi à déterminer.
« Les journées de concertation nationale ont été pour la forme. Je regrette d’avoir y participer », crie à l’arnaque Amadou Diallo, un participant devant le Centre international de conférence de Bamako qui a abrité les trois journées des assises nationales sur la gestion de la transition. Au cours de ces rencontres, la feuille de route et la charte de la transition ont été adoptées par les participants. Ainsi, la durée de la transition est fixée à 18 mois. Le choix du président de la transition sera déterminé par un collège.
De nombreux participants, à l’image de M. Diallo, sont également restés sur leur faim. Ils reprochent à la synthèse des travaux de ne pas être fidèle aux observations des groupes de travail. « Les hommes non avisés vont croire que nous n’avons pas fait de bon travail. C’était une question d’approche et de préférence. Nous avons été invités par une entité. Nous nous sommes soumis à ses prérogatives, à ses injonctions », a indiqué M. Mohamed Konaté, un chercheur malien. Il codirigeait l’un des groupes de travail.
Certes, concède-t-il, ils ont eu la liberté de travailler sur les documents, mais leurs observations, pour l’essentiel, n’ont pas été intégrées dans le projet. « La mouture finale de deux documents ne reflètent pas les fortes recommandations faites par les participants. Je regrette vraiment », a-t-il affirmé. Parmi ces observations, il a rappelé pèle mêle, la suspension la constitution, le changement de l’ordre des priorités dans la feuille de route, l’abandon du vote d’une loi d’amnistie. « Du moment où il n’y a pas eu de coup d’Etat, l’adoption de cette loi est sans importance. En la maintenant dans la charte, le CNSP se contredit », a commenté M. Konaté.
Aussi, après trois jours de concertation, il était inutilement de garder un mystère autour du choix du président de la transition, poursuit-il. « On devrait connaître normalement quid d’un civil ou un militaire dirigera la transition. Mais, ils ont choisi de garder le floue, de maintenir le suspens », s’est indigné le jeune chercheur. Cette mission est confiée à un collège, selon le rapport.
Toutefois, son penchant est pour un civil apolitique pour éviter d’en rajouter à la crise que le pays traverse depuis des mois. « On ne peut pas se permettre de rajouter une autre crise diplomatique, commerciale à la crise profonde que nous vivons », a interpellé M. Konaté.
L’ancien Premier ministre, Moussa Mara malgré des insuffisances dans le rapport général qui souffert de certaines clartés et de précisions, affirme être optimiste à condition que le Comité national pour le salut du peuple revoit des copies des documents. Sans être dans le secret des conciliabules, M. Mara prédit le choix d’un civil aux commandes de la transition.
Par ailleurs, il a exprimé des inquiétudes quant à la composition du collège chargé de désigner le président de la transition et la clé de répartition du 121 membres du Conseil national de la transition.
De son côté, le chargé à la communication du parti PACP Abdramane Diallo estime que globalement il y a des choses positives dans la charte de la transition qui permettront au pays d’aller de l’avant. Les positions étaient très opposées au début, elles se sont rapprochées avant la fin des travaux. Parce que, explique-t-il, ils ont coupé la poire en deux, à travers la création de postes de présidence et de vice-présidence dans la charte. « J’ai bon espoir que le président de la transition sera un civil et qu’il sera secondé par un vice-président issu du CNSP », espère-il.
En revanche, très remontée, selon Mme Sy Kadiatou Sow, le rapport général a été charcuté et ne correspond pas à ce qui a été dit dans les groupes de travail. Le M5 n’approuvera pas la charte de transition à l’état tel que présentée par le rapporteur général. Cette position a été réaffirmée par le mouvement de contestation qui s’est réunie dans la nuit du samedi au dimanche 13 septembre sur les conclusions de ces assises nationales. La déclaration ayant sanctionné cette réunion indique In fine que le M5-RFP se démarque du document produit qui ne reflète pas les points de vue et les décisions du Peuple malien.