La résolution de sortie de crise de la CEDEAO sur le sort des députés dont l’élection est contestée grincent les dents. Elle est jugée contraire à la loi ou insuffisante pour résoudre la crise. Selon que l’on soit députés contestés ou candidats »spoliés ».
« La CEDEAO est libre de dire ce qu’elle veut. Mais nous sommes élus pour cinq ans. Donc, rien ne peut nous enlever avant les cinq ans à moins qu’on dissolve l’Assemblée nationale. Sur les 31 députés, personne ne va démissionner. Cela est très clair et personne ne peut nous obliger à démissionner », rejette d’emblée Marcelin Guenguéré la résolution de la CEDEAO sur le sort des députés dont l’élection est controversée suite à l’arrêt de la Cour constitutionnelle. Plusieurs manifestations ont eu lieu à Bamako et à l’intérieur du pays pour rejeter ces résultats. A Sikasso des heurts entre forces spéciales et manifestants ont fait des morts et de nombreux blessés.
Selon les résolutions de sortie de crise des chefs d’Etat de l’organisation sous régionale aussi controversées, les élus dont l’élection est désavouée ont au plus tard 31 juillet pour ‘’démissionner immédiate’’. « Ladite résolution est un diktat basé sur de pure invention des chefs d’Etat », commente M. Guenguéré élu à Koro, précisant que le M5 n’a jamais demandé la démission des 31 députés contrairement à ce que la CEDEAO est en train de laisser croire.
En essayant de résoudre la crise, il estime que les chefs d’Etat de l’organisation sont en train de programmer un avenir incertain pour le Mali, à travers le risque d’une jurisprudence fâcheuse pour le pays. « Quand on va accepter ce genre décision, aucun résultat d’élection sera accepté. Ça va être désormais une éternelle contestation. Ce n’est pas sérieux pas de la part de la CEDEAO », fulmine Marcelin Guenguéré.
Même position défendue par Mahamane Touré, directeur de campagne de l’alliance Adema, RPM et PS Yélen Kura déclarée victorieuse par les 9 sages. « La décision prise par la CEDEAO par rapport aux 31 élus de la nation est une décision injuste. Elle frappe des députés, en tout cas pour ceux que je connais, élus légitimement et qui, en toute légalité ont pris fonction le 2 mai », a déclaré M. Touré, un cadre du parti Adema de la commune VI du district de Bamako.
Contrairement aux contestataires des résultats des législatives, la Cour Constitutionnelle a dit le bon droit, a-t-il affirmé. Elle n’a fait qu’appliquer la loi en matière de contentieux électoral. En ce moment, la CEDEAO est en train de « légaliser la fraude flagrante parce que les fraudeurs ont crié très fort ? » s’indigne-t-il. Toutefois, il estime qu’il faut être « un bon croyant et un vrai patriote pour accepter de telle injustice ».
En revanche, Amadou Aya, candidat du parti CODEM à Koro qui conteste la décision la Cour estime que la CEDEAO devait aller plus loin dans sa résolution en demandant la restitution des sièges conformément aux résultats de l’administration territoriale et de la CENI. « Ceux qui sont à l’Assemblée nationale ne sont pas légitimes. Donc, ils doivent céder leur siège », a indiqué M. Aya. Pour lui, il faut la justice pour ceux qui ont été victimes de l’arrêt de la Cour constitutionnelle.
De son côté, le M5-RFP dans son communiqué sur le sommet de la CEDEAO a regretté que les conclusions des Chefs d’Etat ne tiennent pas compte de la profondeur et de la gravité de la crise sociopolitique qui hypothèque l’avenir du Mali, ne correspondent aucunement aux attentes et aspirations du Peuple malien et surtout violent les lois et la Constitution du Mali que respectent le Mouvement.