Les déclarations critiques de l’actuel président du Haut conseil islamique, Ousmane Chérif Madani Haïdara, dans une vidéo signée France 2, contre les «wahhabites», n’ont pas de lien avec la crise sociopolitique actuelle.
Dans une vidéo, signée France 2, le président du Haut conseil islamique (HCI), Ousmane Chérif Madani Haïdara, dénonce ouvertement la connivence des groupes terroristes avec la tendance orthodoxe de l’islam (wahhabisme), mouvance sunnite dont se réclame l’imam Mahmoud Dicko qui mobilise la rue contre le régime en place depuis le 5 juin. La séquence de 2 minutes a été largement relayée sur les réseaux, parfois avec des commentaires déplacés mettant dos à dos les deux influents leaders musulmans.
Quel contexte?
La vidéo est authentique, mais elle n’a rien à avoir avec la crise sociopolitique actuelle dans laquelle Ousmane Chérif Madani Haïdara joue le rôle de médiateur. La petite séquence dans laquelle il établit le lien entre les islamistes et les wahhabites remonte à 7 ans. C’est l’extrait d’un reportage de France 2 réalisée au Mali et diffusé en avril 2013, soit trois mois après le début de l’opération Serval. A l’époque, le Mali venait à peine de reconquérir les régions de Tombouctou, Gao, Kidal et une partie de la région de Mopti avec l’aide des forces françaises et tchadiennes, après plus d’un an d’occupation de ces zones par les groupes islamistes. Pour rappel un des groupes djihadistes dirigé par Iyad Ag Ghali avait usurpé le nom de l’association dirigée par Ousmane Chérif Madani Haïdara. Les islamistes avaient également commis plusieurs atrocités sur les civils et détruit les mausolées.
C’est dans ce contexte que les propos d’Ousmane Chérif Madani Haïdara ont été tenus. Ils n’ont donc rien à avoir avec la crise sociopolitique que le pays traverse contrairement à ce que tentent de faire croire aux gens certains commentaires.
Voici l’intégralité de la vidéo
Quid des liens de l’imam Dicko avec les islamistes?
Sur le fond, l’imam Mahmoud Dicko, présenté à tort ou à raison comme un allié «des djihadistes» n’a jamais nié sa proximité avec les leaders des groupes terroristes dont Iyad Ag Ghali. D’ailleurs, grâce à ce lien, il a depuis 2012 obtenu la libération de plusieurs soldats maliens pris en otage par les groupes armés terroristes. En revanche l’imam s’est toujours défendu d’être un ennemi du Mali, encore moins allié des terroristes.