Le Mouvement du 5 juin ferme la porte à tout dialogue avant la prochaine mobilisation du vendredi en refusant l’invitation du président IBK.
« J’ai entendu les colères et les cris. J’ai entendu les revendications et les interpellations. Chaque malien qui souffre ou qui manifeste, m’interpelle et mérite mon attention, car ma mission est de servir le Mali ». Le ton calme. Le président Ibrahim Boubacar Keita, sous pression par le Mouvement du 5 juin qui réclame sa démission, s’est adressé à la nation. Sa démarche vise à apaiser la situation politique cristallisée depuis quelques jours.
La troïka baptisée le Mouvement du 5 juin Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) surfent sur les sept ans de gestion controversée du pouvoir. Les crises sécuritaire et scolaire, la corruption, l’influence de la famille présidentielle sur l’administration mobilisent une grande partie de la population contre le régime. Pessimistes en la capacité du président à satisfaire les attentes, l’alternative pour les responsables du M5 est la démission négociée d’IBK.
Acculé, le président est contraint de jouer à l’apaisement. En effet, le samedi dernier tard dans la nuit, il a reçu l’imam Mahmoud Dicko accompagné de Choguel Kokalla Maiga sous la médiation de l’ancien président, le général Moussa Traoré. Et le lendemain, dans son adresse à la nation, le chef de l’Etat, en difficulté, tend la main à ses détracteurs. « Ma porte est donc ouverte et ma main toujours tendue. Car il nous faut rester ensemble dans ce grand dessein pour le Mali », s’est montré disponible au dialogue.
Dans cette veine, le chef de l’Etat a adressé une correspondance aux responsables du M5 ce lundi 15 juin, confirment plusieurs sources au lejalon.com. L’objet de la lettre : nouer le dialogue avec le Mouvement. Cette demande est rejetée par les contestataires campés sur leur position : la démission du président IBK ou rien.
« Nous avons reçu la correspondance du président IBK pour une rencontre ce mardi dans l’après-midi. Nous avons décidé de décliner son offre du dialogue. Pour nous, la seule chose qui compte est son départ », affirme un membre du M5. Notre interlocuteur est convaincu que la stratégie consiste à casser la dynamique de mobilisation du 19 juin : « l’assaut final». « En tous cas, la direction du M5 a décidé de ne pas aller à ce rendez-vous avant la manifestation du vendredi », indique notre source.
Pas question de faire partir du gouvernement
Ce contexte est marqué également par les échanges pour la formation du gouvernement II de Boubou Cissé dont la gestion est aussi très décriée. En effet, aussitôt après la démission de son gouvernement, le Premier ministre a été reconduit dans ses fonctions par le président. Il doit former une équipe à un effectif réduit conformément aux résolutions du Dialogue national inclusif tenu en décembre 2019.
Contrairement à plusieurs informations, le M5-RFP n’est pas consulté pour la mise en place du futur gouvernement dit de « changement », selon Nouhoum Togo, l’un des responsable du M5. Pour lui, les partis politiques et organisations de la société civile du M5 ne sont pas disposés à faire partir de cette équipe.
« Il faut que cela soit clair. Celui, qui va renter dans le futur gouvernement dans nos rangs, n’engage pas le Mouvement. C’est en son nom. L’objectif de notre combat n’est pas de rentrer dans un gouvernement », a insisté M. Togo.
IBK partira ou partira pas, les prochains jours nous édifieront.