Des membres du Conseil national du patronat du Mali ont demandé ce lundi la réduction significative de l’impôt sur les traitements et salaires (ITS) jugé trop élevé. Du coup, trop coûteux et défavorable à la création d’emploi.
Le président du patronat malien, Mamadou Sinsy Coulibaly, accompagné des membres de sa structure, a animé une conférence presse ce 10 févier 2020. La rencontre a eu lieu au siège de l’Organe. Objet du jour : le plaidoyer pour la réduction des impôts aux entreprises maliennes.
Contrairement à la sous-région, les impôts pratiqués au Mali sont très élevés, a indiqué le conférencier. Ils constituent les souffre-douleurs des sociétés basées dans le pays. Conséquence : la situation défavorise notamment le climat des affaires déjà fragilisé par l’insécurité.
« Le Mali est à 30% d’impôt sur la société, en revanche dans la sous-région, ce taux est de 20%. Aussi, l’impôt sur les traitements et salaires (ITS) est très élevé. Nous demandons une réduction de cet impôt à plus de 25% », indique le président Mamadou Sinsy Coulibaly.
Pour lui, trop d’impôt tue l’impôt. Et ce n’est pas en augmentant les impôts que l’État peut mobiliser suffisamment de recettes fiscales, poursuit-il. Bien au contraire, ajouté Serge LEPOULTIER, président des investisseurs européens au Mali.
« Beaucoup d’entreprises ne déclarent pas leur personnel parce que l’ITS est élevé. Et pour contourner la loi, certains préfèrent faire recours à des services de prestation au lieu de recruter des travailleurs. Ainsi, l’État perd doublement», a expliqué M. LEPOULTIER. Donc, soutien-t-il, la réduction de l’ITS pourrait insister les sociétés à recruter parce qu’elles sont dans le besoin. Ceci va susciter par ricochet la création d’emploi.
Très connu pour ses sorties musclées contre la corruption, le président Mamadou Sinsy Coulibaly s’est encore illustré au cours de cette conférence. Il a également dénoncé les inégalités créées par l’État au tour de l’attribution des exonérations favorisant ainsi une concurrence déloyale entre les acteurs du secteur privé.
« Ce n’est pas sur un groupe de sociétés que l’État doit mener la pression fiscale. Il faut que la recette fiscale soit élargie à l’informel délictuel. Il s’agit de ces sociétés qui gèrent des milliards de FCFA, mais qui ne paient que de l’impôt synthétique », dénonce également M. Coulibaly.
Autre piste à explorer pour élargir l’assiette est celle de l’impôt sur l’immobilier. Ce secteur est quasi inexploité, indique Mamadou Sinsy Coulibaly. L’absence d’action correcte à ce niveau fait perdre à l’État beaucoup d’argents. A l’analyse, selon le président du patronat malien, « les gens qui gouvernent le pays n’ont pas une vision de l’économie dans sa globalité ».
Aussi, ajoute-t-il, sans l’informatisation de l’assiette fiscale, il sera difficile pour l’État d’atteindre ses objectifs de mobilisation des recettes. A défaut, il propose de déléguer ce service à une structure privée, comme c’est le cas par exemple au Bénin, pour minimiser l’évasion fiscale.
« Grâce à l’informatisation, la douane ivoirienne a mobilisé plus de 1000 milliards de FCFA en 2019. Or, la Côte d’ivoire est un pays exportateur contrairement au Mali qui importe près de 80 % de ses produits. C’est pourquoi, ça fait rire quand la douane malienne se glorifie d’atteindre les 400 à 600 milliards de FCFA », s’est indigné le conférencier.