Le Nigéria occupe toujours la première place de puissance militaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), affirme le rapport 2023 de Global Fire Power. En dépit des efforts des autorités maliennes ces dernières années, le pays n’a pas encore atteint le niveau du Nigeria, de la Côte d’Ivoire, selon Global Fire Power. Le Mali dans ce rapport se retrouve à la 4e place du classement des pays de la sous région.
Des avions de combat, des drones, des radars, des BRDM, des véhicules tactiques de combat etc. Ces dernières années, les Forces armées maliennes ont acquis d’énormes moyens pour la défense du territoire national pour faire face aux groupes armés terroristes qui sévissent dans le pays depuis plus d’une décennie. Les nombreuses acquisitions ont permis un changement de paradigme dans la lutte contre le terrorisme avec la destruction de nombreuses bases terroristes et renforcer la présence de l’armée dans des zones autrefois considérées comme des fiefs des groupes extrémistes.
Toutefois, cette montée en puissance de l’armée ne fait pas encore du Mali la première puissance militaire de l’espace CEDEAO comme prétend un vocal devenu depuis quelques jours viral dans les groupes WhatsApp, l’extrait d’une intervention sur l’armée malienne.
Se fondant sur le dernier rapport de Global Fire Power, dans l’audio, on entend un homme apporter ces affirmations : «L’armée la plus puissante au monde vient de tomber aujourd’hui. Beaucoup de surprises précisément en Afrique. S’agissant de l’Afrique de l’ouest, le dernier rapport de Global Fire Power en début 2023 classait le Nigéria au 1errang, le Mali 2e, et le Ghana 3e. Mais, il y a eu un virage inattendu lors de la révision de ce rapport. Le Mali en guerre se retrouve première puissance militaire en Afrique de l’Ouest très loin devant le Nigéria (2e). Le Ghana maintient sa place initiale. Le Niger occupe la 4e place ».
Il précise que c’est la première fois que le Mali occupe ce rang dans un rapport produit par des Américains qui d’ailleurs, affirme-t-il, sont opposés à la stratégie des autorités de la transition. Sûr de son information, invite-t-il, ses auditeurs à « aller la vérifier sur Global Fire Power et sur le media russe RT», prouvant qu’il n’invente rien.
L’auteur de cette déclaration dont on n’a pas pu identifier attribue des données tronquées à Global Fire Power dont les rapports sont disponibles sur son site et sont repris par de nombreux médias européens, africains comme (ici). Chaque année depuis 2006, la structure américaine classe 145 pays par ordre de mérite en fonction de leur investissement et engagement en faveur de leur armée.
Ce classement annuel prend en considération plus de 60 facteurs pour déterminer le score PowerIndex, allant de la qualité d’effectifs et d’équipements militaires, de la situation financières aux capacités logistiques et géographiques. Dans le rapport de Global Fire Power de cette année que Le Jalon a pu consulter, contrairement aux propos tenus dans le message audio circulant dans les messageries de WhatsApp, le Mali ne figure pas dans le Top 3 des meilleures armées de la CEDEAO. C’est le Nigéria, la 1ere puissance militaire de l’espace suivi de la Côte d’Ivoire, du Ghana et le Mali se classe à la quatrième position.
Au plan international, le Mali occupe la 110e place sur 145 pris en compte. Mais ce rapport, selon des spécialistes, ne s’intéresse pas à tous les aspects. « Globalement, les données sont indicatives mais renseignent peu sur la cartographie exacte des armées », a explique Dr Aly Tounkara, directeur du Centre des études stratégiques et sécuritaire au Sahel, joint par Le Jalon.
Pour lui, le rapport permet de connaître approximativement l’évolution des armées en termes d’acquisition d’armement et de munitions ayant fait l’objet d’achats officiels, mais ne peut pas constituer un levier à lui seul d’appréciation des capacités tactiques et opérationnelles des armées » a-t- soutenu. Dans le cas de notre sous région, Dr Tounkara a précisé que le rapport ne tient pas compte des armes achetées et non enregistrées dans le registre de la CEDEAO.