Une vue du présidium de à l'ouverture du Café-débat à l'hôtel Maeva
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Lutte contre les VBG : Le Mali peut mieux faire !

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L’Alliance Transformative Mali (AJCAD, AMSOPT et Groupe Pivot Droits et citoyenneté des femmes) a organisé, ce 22 août 2025, un Café -Dabat, dénommé « Espace d’échange intéractif pour la réflexion collective sur les stéréotypes et les enjeux liés aux violences Basées sur le genre au Mal. C’était à l’hôtel Maeva Palace de Bamako.

La rencontre a enregistré la présence de la directrice exécutive de l’AJCAD, Adam DICKO ; Assata Loundany Keita, chef de projet Alliance Droit et Santé ; le directeur technique de l’Alliance Droits et Santé, Hien Landry et le Dr Bintou Tinè, Cheffe de service genre de l’Office national de la santé de la reproduction (ONASR).

On y notait la présence des représentants des structures étatiques et des journalistes membres du Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN).

L’événement, en deux temps, a été marqué par des discours ces responsables des organisations à la base de l’initiative et partenaires ainsi qu’un un panel animé par Bintou Founè Samaké de Wildaf et Ousmane Mahamane Cissé du Programme national pour l’abandon des violences basées sur les genres (PNVBG).

La directrice exécutive d’AJCAD, Adam Dicko a souligné l’importance de la sensibilisation dans la lutte contre les VBG au Mali.

« Derrière chaque chiffre, ce sont des êtres humains dont on parle et il n’est pas acceptable encore qu’en 2025 que nous soyons là juste pour condamner », s’est-elle indignée, appelant à sanctionner à hauteur des actes, les crimes de VBG.

« Aujourd’hui, ce dont nous avons besoin, c’est vraiment des sanctions à la hauteur des violences basées sur le genre. Nous pensons qu’il est important de mettre l’accent sur la sensibilisation, mais encore plus sur les sanctions. Sanctionner les personnes qui sont auteurs des violences basées sur le genre pour que cela serve aussi d’exemple à d’autres, qui pourront être tentés à commettre les mêmes forfaits par rapport aux violences basées sur le genre », a préconisé Adam Dicko.

Le directeur technique de l’ADS a salué les efforts des autorités nationales dans le cadre de la lutte contre les violences basées sur le genre, même si le chemin à parcourir reste encore long. A l’image de ses prédécesseurs, il a prôné plus de dialogue et de sensibilisation pour l’atteinte des objectifs. M. Hien Landry a enfin souhaité qu’au sortir de ce café-débat, les participants arrivent à des recommandations plus fortes qui puissent impacter notre société ainsi que nos décideurs.

« Nous avons constaté depuis notre séjour ici que sur le plan juridique, le Mali est assez avancé parce qu’il y a eu des innovations, des reformes en matière de VBG, à travers le code pénal malien », a-t-il salué.

Pour sa part, la cheffe de service genre de l’ONASR a fait savoir que les VBG sont considérées comme un problème de santé publique au Mali. Toute chose qui traduit, selon elle, l’engagement de l’Etat dans la lutte contre ce phénomène.

«A partir de la crise de 2012, le VBG ont pris de l’ampleur au Mali. Le pays a pris des engagements pour qu’on puisse lutter contre les violences basées sur le genre dans leur globalité. Nous nous sommes inspirés du Rwanda qui a connu le génocide et nous sommes venus créer au Mali les mêmes centres au niveau des structures de santé. Cette prise en charge holistique concerne le volet clinique, le volet juridique, le volet sécuritaire et le volet prise psycho-social. Nous avons aujourd’hui 20 centres de prise en charge holistique de Kayes jusqu’à Ménaka», a déclaré le Dr Bintou Tiné.

Prenant la balle au rebond, Ousmane Mahamane Cissé du Programme national pour l’abandon des violences basées sur les genres a expliqué la complexité du phénomène des violences basées sur le genre qui ne cesse de prendre de l’ampleur malgré les efforts entrepris. Cette complexité s’explique, dit-il, par plusieurs facteurs, notamment la nature même de notre société structurellement patriarcale et fortement islamisée. A cela s’ajoute certaine insuffisance des textes qui réprimandent la pratique.

A sa suite, Mme Bintou Founé Samaké a ajouté que l’un des gros maux de notre société est qu’elle soit fortement islamisée et faiblement instruite par rapport aux texte islamiques. Souvent, par méconnaissance ou par volonté délibérée, des pratiques sociales sont entretenues pour pérenniser leur survivance, au détriment des citoyens ou des couches sociales.

Une des particularités de notre société, qui rendent le combat des VBG plus difficile, est entre autres les pressions sociales ; le silence des victimes, les déceptions des rares victimes qui osent porter leur souffrance devant des instances judiciaires, l’éloignement des centres de prise en charge des victimes.

Pour cela, Bintou Founé Samaké a proné la poursuite de l’implication et de la formation des agents de tous les corps habillés dans la lutte contre les VBG et la prise en charge des victimes.

Pour rappel, le projet ‘’Alliance Transformative’’ dont l’objectif est de « soutenir la force transformative des mouvements collectifs de la société civile pour accélérer la progression des DSSR des femmes et des filles en Afrique de l’Ouest », est mis en œuvre par l’Alliance Droits et Santé dans ses pays membres (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger et Sénégal).