À l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire célébrée ce mardi 19 août, M. Khassim DIAGNE, Coordonnateur humanitaire par intérim des Nations unies au Mali, a alerté sur la protection des travailleurs humanitaires de plus en plus victimes de violence et pour un financement de l’aide, dans un contexte de besoins croissants.
« Nous sommes réunis ici, ce 19 août, pour commémorer la Journée mondiale de l’aide humanitaire, qui est le 22ème anniversaire de l’attentat à la bombe contre le siège des Nations unies en 2003 à Bagdad », a rappelé M. DIAGNE. Cet attentat avait coûté la vie à 22 humanitaires et fait au moins 150 blessés.
Le symbolique de cette journée présidée par le ministre de la Santé et du développement social, Assa Badiallo TOURE, est de reconnaître « le courage et la détermination de ces hommes et ces femmes qui, chaque jour, apportent secours et assistance aux plus vulnérables, parfois au péril de leur vie. »
Dans le contexte sécuritaire tendu au Mali, offrir de l’assistance humanitaire est risqué. En effet, les humanitaires sont en plus en plus victimes des violences.
« Au Mali, à la date du 31 juillet 2025, plus de 40 attaques ont ciblé des humanitaires. Tout récemment, nous avons perdu 2 collègues pendant des opérations humanitaires, tandis que cinq autres ont été enlevés ou détenus contre leur volonté », a dénoncé le responsable onusien.
En 2024, 58 incidents de violence contre le personnel humanitaire avaient déjà été recensés et 7 enlèvements ou détenus contre leur volonté. Cette tendance s’est poursuivie en 2025 avec l’enlèvement de 5 travailleurs humanitaires. Dans le monde, les chiffres sont plus alarmants. Si en 2024, 383 travailleurs humanitaires ont été tués dans l’exercice de leur fonction, déjà en août 2025, ils sont 248 personnes avoir été tuées.
Seulement 11% du financement mobilisés
Au-delà de la sécurité, le financement demeure une préoccupation majeure, a relevé M. DIAGNE, soulignant que la mobilisation des ressources financières est très loin des prévisions. Sur plus de 400 milliards de FCFA de besoins, seulement 50 milliards de FCFA n’ont pu être mobilisés, soit 11% du financement nécessaire pour répondre à l’urgence.
Le coordinateur par intérim a indiqué que ce déficit a contraint les acteurs humanitaires à réduire ou à suspendre certaines interventions essentielles, et à reprioriser les objectifs et cibles du Plan de réponse.
Ainsi, en choisissant le thème « Agir pour l’humanité » pour la deuxième année consécutive, a expliqué M. DIAGNE, la communauté humanitaire souhaiterait tirer la sonnette d’alarme, en interpellant sur le manque de financement alors que les besoins se multiplient et que les civils et les humanitaires sont pris pour cibles, et cela, en flagrante violation du droit international humanitaire.
« Je souhaite profiter de cette occasion pour rendre un hommage à nos collègues et à l’ensemble de nos partenaires humanitaires, nationaux comme internationaux, pour leur présence constante sur le terrain et leur détermination à poursuivre l’action en faveur de l’humanité, malgré les ressources limités », a-t-il félicité.
Face au manque de financement persistant, Drissa DABONE, responsable au Plan international Mali, estime que cette situation doit appeler « à innover, à aller auprès du secteur privé, à aller auprès de la diaspora » en vue de pouvoir mobiliser les ressources.
« Les défis sont énormes, nous sommes conscients. Et c’est ça aussi, en tant qu’humanitaire, nous saisons cela comme une opportunité, comme un ballon au rebond, pour pouvoir nous entendre, combiner nos énergies et pouvoir atteindre plus de ressources. Cela nous interpelle aussi à une meilleure gestion des ressources, à une optimisation des ressources », a ajouté M. DABONE.
Le ministre Assa Badiallo TOURE, après avoir fait observer une minute de silence à toutes les victimes de l’insécurité, a reconnu le rôle important des humanitaires à apporter les assistances aux personnes vulnérables à cause de l’insécurité ou des catastrophes.
« L’Etat malien réaffirme son engagement total en faveur d’une action humanitaire alignée sur les priorités nationales et qui préserve la dignité humaine des bénéficiaires », a réitéré le ministre de la Santé et du développement social.