Travailleuses domestiques et précarité. Image illustrative!
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Droits des travailleuses domestiques : Le Mali doit mieux faire

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Le caractère informel du secteur des travailleuses domestiques, au Mali, et dans la capitale Bamako en particulier,  impose à ces dernières des conditions de vie et de travail difficiles au sein du domicile de l’employeur, selon une étude menée par CRADESC basé au Sénégal. Pour renverser cette tendance, les organisations de la société civile du secteur ont jugé nécessaire, ce 20 octobre 2022, à l’hôte Handi de Bamako (Magnambougou), de mettre en place un Comité de Pilotage (COPIL) sur les droits des travailleuses domestiques. C’était à la suite d’un atelier de trois jours sur la question.

Avec l’appui de la Fondation for a just society (FJS) et en collaboration avec des organisations locales telles que l’Association de défense des droits des aides ménagères et domestiques (ADDAD), le Syndicat des travailleurs domestiques au Mali (SYNTRADOM), l’EDUCO-MALI, le Centre de Recherche et d’Action sur les Droits économiques, Sociaux et Culturels (CRADESC) basé au Sénégal, a mené une étude, en 2021, portant sur les Droits des travailleuses domestiques en Afrique de l’Ouest. Les résultats de cette étude ont fait l’objet d’un rapport intégrant des recommandations fortes en faveur de la protection des droits de cette catégorie socio-professionnelle.

A cet effet, des activités de dissémination auprès des acteurs étatiques, des journalistes, et de mise en place de Comité de pilotage du Cadre de concertation pour le plaidoyer en faveur de la protection des aides domestiques ont été organisées du 18 au 20 octobre 2022 à Bamako.

La rencontre de Bamako a enregistré entre autres la participation de représentants d’institutions, des syndicats, et des organisations de la société civile qui s’activent pour la protection et la promotion des droits des travailleuses et travailleurs domestiques.

A la lumière de l’exposé de l’étude fait par M. Bassirou Diarra du CRADESC, de graves manquements ont été révélés concernant l’application des règles du travail et des violations des droits et libertés des travailleuses domestiques, dont la grande majorité est âgée entre

15-25 ans (64.7%) et entre 12-15 ans (31.37%). Ainsi, il a été constaté qu’aucune de ces femmes et filles interrogées ne dispose de contrat écrit, ni n’est déclarée aux organismes de sécurité sociale ou de contrôle du travail. Ce qui fait dire au responsable du CRADESC que le caractère informel du secteur expose les travailleuses domestiques à des conditions de vie et de travail difficiles au sein du domicile de l’employeur: soumission à des longues heures de travail, absence de congés, manque d’hygiène et de sécurité du lieu de travail, traitements dégradants. Pire, malgré la surcharge de travail, le salaire payé par les employeurs est très en deçà du minimum garanti. L’étude a démontré également que 93.5% des travailleuses domestiques perçoivent moins de 27.000 francs CFA par mois.

La directrice de CRADESC, le Dr Fadima Diallo, a salué l’engagement des organisations de la société civile engagées dans le secteur de la défense des travailleuses domestiques, au Mali, avant de regretter le manque de moyen auquel ces organisations sont confrontées.

Face à cette situation peu reluisante, et dans la perspective de relever le défi de l’amélioration des conditions de vie et de travail des domestiques, les participants à l’atelier de Bamako ont convenu à l’issue de leurs travaux, ce 20 octobre 2022, de la mise en place d’un Comité de Pilotage (COPIL) sur les droits des travailleuses domestiques.

Il se veut être un Collectif de travail pour renforcer les dynamiques et la synergie autour des droits des travailleuses domestiques.

Son objectif, précisera Mme Diallo Assitan Fofana de ADDAD-Mali, est de consolider le Cadre de Concertation existant pour la promotion et la protection des droits des travailleuses domestiques et d’amplifier les actions communes à travers un plan d’action collectif.

Composé de 15 membres : syndicats, ONG et Associations d’appui aux Travailleuses domestiques, le COPIL, ce cadre de synergie d’actions, est l’expression d’un engagement citoyen collectif des acteur.trices pour se mettre à la hauteur des enjeux afin de relever les défis à travers une vision commune en vue d’un changement qualitatif pour une amélioration des conditions de vie et d’un traitement légal des Travailleuses domestiques, a-t-elle soutenu.

Ce rendez-vous a été une occasion idéale pour inviter les différents acteurs à plus d’engagement au profit des travailleuses domestiques. Aussi, l’Etat malien doit-il veiller à renforcer la protection des aides domestiques par l’adoption de dispositifs spécifiques au secteur domestique et par l’application effective de toutes les règles déjà existantes (Ratification de la C189 de l’OIT, réglementation spécifique du travail domestique, renforcement des pouvoirs de contrôle…).

Quant aux syndicats et les organisations de la société civile, ils ont été invités à davantage utiliser des méthodes efficaces pour accéder aux travailleuses domestiques et trouver les moyens optimaux afin de mieux les sensibiliser, former, appuyer et porter le plaidoyer en leur faveur.