Le Mali est la 6e crise de déplacement la plus négligée au monde selon l’analyse annuelle du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) rendue publique ce mercredi. Dans ce rapport, le Mali fait un bond de 4 places comparativement à 2021.
Depuis 6 ans, le Conseil norvégien pour les Réfugiés (NRC) publie chaque année son rapport sur les 10 crises de déplacement les plus négligées dans le Monde. Ces crises ont la particularité d’affecter des millions de personnes, mais sont très peu médiatisées, attirent moins de financement et dont la gestion manque d’initiatives politiques et diplomatiques internationales.
Dans le rapport de cette année, 4e du genre, notre pays est toujours classé dans le lot des pays dont les crises sont peu prises en compte. Bien que le pays ait fait un bon de 4 places, l’instabilité politique, des déplacements importants et une crise alimentaire sans précédent en 2021 le maintiennent sur cette liste funeste.
« L’insécurité alimentaire a atteint son plus haut niveau depuis le début de la crise en 2012, avec 1,2 million de personnes affamées en raison de l’insécurité, des sécheresses et des impacts secondaires de la pandémie de COVID-19. Les populations ont continué à subir les attaques des groupes armés qui ont provoqué le déplacement de 350 000 personnes à la fin de l’année », indique un communiqué du Conseil norvégien pour les Réfugiés.
Aussi, ajoute NRC, tout au long de l’année, l’insécurité a empêché les organisations humanitaires d’atteindre les nombreuses personnes ayant besoin d’aide.
« L’augmentation du nombre de groupes armés, l’accroissement de la criminalité et les opérations militaires dans les zones où travaillent les organisations humanitaires ont mis les populations en danger et les travailleurs humanitaires en difficulté », regrette-t-il.
Malgré l’augmentation des besoins, pour NRC, la crise malienne est passée sous le radar de la plupart des médias internationaux et la couverture limitée s’est principalement limitées aux discussions politiques et militaires, plutôt qu’au sort des civils.
« Les niveaux de financement étaient également faibles, moins de 40 % de l’appel humanitaire ayant été satisfait », affirme le document du NRC soulignant que la communauté internationale a continué à fournir un soutien militaire au Mali, mais l’accent mis sur la lutte contre le terrorisme en l’absence de dialogue politique n’a pas suffi à protéger les civils.
Sous sanctions de la CEDEAO depuis janvier 2022, le Conseil norvégien pour les Réfugiés craint que ces nouvelles mesures ne pourraient avoir un impact dévastateur sur le Mali où 7,5 millions de personnes ont déjà besoin d’une aide humanitaire.
L’Afrique victime de discrimination dans la gestion des crises
Pour la première fois, seuls les pays africains sont classés dans le top 10 des crises les plus négligées dans le monde. La République démocratique du Congo (RDC) est à la tête de ce classement suivie par le Burkina Faso, le Cameroun et le Sud-Soudan.
« Le fait que les crises les plus négligées au monde se situent toutes en Afrique témoignent de l’échec chronique des décideurs, des bailleurs de fonds et des médias à traiter les conflits et la souffrance humaine sur ce continent », a déclaré Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés en laçant aujourd’hui le rapport de leur structure.
Ce pays est, soutient-il, devenu un exemple type de négligence or insiste-t-il, c’est l’une des pires crises humanitaires de ce siècle. Pourtant ceux qui, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Afrique, ont le pouvoir de créer le changement ferment les yeux sur les vagues d’attaques brutales et ciblées contre les civils qui brisent les communautés, s’est-il indigné.
« Avec la guerre omniprésente en Ukraine en Europe, je crains que la souffrance africaine ne soit encore plus reléguée dans l’ombre », s’inquiète le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés en offusquant de la discrimination dans la gestion des crises.
« La guerre en Ukraine a démontré l’immense fossé entre ce qui est possible lorsque la communauté internationale se mobilise pour une crise, et la réalité quotidienne de millions de personnes qui souffrent en silence au sein de ces crises sur le continent africain que le monde a choisi d’ignorer », a déclaré Jan Egeland.
Qualifiant injuste cette attitude, ce parti pris a également un coût énorme : des vies qui auraient pu être sauvées sont perdues.
En outre, plusieurs pays bailleurs de fonds décident ou envisagent de réduire l’aide à l’Afrique et de réorienter les fonds vers la réponse à l’Ukraine et l’accueil des réfugiés dans leur pays, a-t-il annoncé.