Goodluck Jonathan et le ministre Diop
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Mali-CEDEAO : Bamako se bute à l’intransigeance de l’organisation communautaire

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Les négociations entre les autorités de la transition et la délégation de la médiation de l’organisation communautaire ouest africaine se sont soldées, ce 20 mars 2022, en queue de poisson, à Bamako. Du moins si l’on s’en tient aux communiqués faits par les deux parties qui ont vite fait le tour des réseaux sociaux. Face aux différentes propositions faites par la partie malienne, les missionnaires de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont opposé leur intransigeance d’une démocratie électoraliste qui a suffisamment montré ses preuves dans notre pays. Les autorités de la transition malienne ont donc préféré la dignité dans la souffrance à la liberté conditionnelle brandie par le syndicat des chefs d’Etat de la communauté.

Contrairement aux pronostics faits par des experts autoproclamés, le Mali et la CEDEAO ne sont pas parvenus à un accord sur la durée de la transition en cours dans notre pays avec comme corolaire le maintien des populations maliennes sous embargo, en contradiction de tous les textes de l’organisation communautaire. Que veulent finalement les chefs de la CEDEAO ? En tout cas, on ne nous dira plus que le Mali n’a pas fait de proposition réalisable. Malgré la bonne foi maintes fois exprimées par les autorités de la Transition malienne, notamment par le Président Assimi Goita, des dinosaures de la CEDEAO semblent continuer de se jouer avec un esprit de vengeance des braves fils de ce pays avec comme seule volonté de les soumettre.

Du 18 août 2020, date de la chute du pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keita, à nos jours, de nombreux efforts ont été faits par les autorités maliennes, d’abord pour éviter qu’on en vienne à la rupture avec la CEDEAO, et ensuite pour essayer de recoller les morceaux et parvenir à une vision commune partagée sur les défis à relever et le temps qu’il en faut en vue de mettre fin aux sanctions qui n’arrangent ni le Mali, ni la CEDEAO, nous expliquent des sources proches des négociations. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’œil sur le communiqué publié ce dimanche 20 mars !

De la note verbale du médiateur de la CEDEAO, Good Luck Jonathan, sur une proposition unilatérale de chronogramme électoral de 12 à 16 mois au 36, puis 29 mois proposer par le gouvernement malien, ramené à 24 mois par le Président de la Transition, le colonel Assimi Goita, dans le seul et l’unique but de pouvoir mettre fin à la souffrance des Maliens et des peuples de l’Afrique de l’Ouest qui souffrent également des sanctions inhumaines et illégales imposées, la CEDEAO a donné l’impression, avec son intransigeance, d’œuvrer effectivement pour et au compte d’intérêts étrangers et non pour les peuples d’Afrique de l’Ouest, commente un observateur.

Pour rappel, le médiateur Good Luck Jonathan avait quitté Bamako, le 25 février dernier, après deux jours de négociations avec le gouvernement malien sans succès. L’ancien président nigérian, non moins médiateur de la CEDEAO, était porteur d’un message des chefs d’Etat de l’espace sous régional proposant un délai de 14 mois comme plan A et de 16 mois pour son plan B, en ce qui concerne la durée de la Transition au Mali. Ces proposition, nous apprend-on, ont été rejetées pour la simple raison que la situation actuelle du pays nécessite que beaucoup de questions en suspens nécessitent d’être résolues avant l’organisation d’une quelconque élection.

Pour les rounds de négociations de la semaine dernière, c’est le Mali qui en était l’initiateur. C’est ainsi que les autorités maliennes avaient, de leur propre chef, inviter le médiateur de la CEDEAO afin de donner un coup d’accélérateur aux négociations en vue d’un compromis rapide, selon nos sources. Mais hélas, de 36 mois préalablement proposés, bien que le Président Assimi Goita a consenti à ramener cela à 24 mois, la CEDEAO est restée camper sur sa position. Pourtant, tout près de nous, au Burkina voisin, la CEDEAO a accepté les 36 mois proposés par ceux qui ont chassé Kaboré du pouvoir. Pire, en Guinée voisine, on ne parle toujours pas de calendrier électoral ! A comprendre qu’il s’agit des mêmes Etats membre de la CEDEAO, on se demande si l’intransigeance de l’organisation communautaire face aux propositions maliennes n’est pas une logique d’injustice ?

Tout se passe comme si l’on refuse de tirer les enseignements des crises qui secouent l’espace CEDEAO ! En effet, trois coups d’Etat dans trois pays différents de l’Afrique de l’Ouest, tous d’anciennes colonies françaises et membres de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), cela dénote sans conteste d’une crise de démocratie, calquée à l’occidentale, pour ne pas dire à la française ! Preuve que ce modèle de démocratie a montré ses limites, puisque s’imposant comme masque aux véritables problèmes des citoyens.

Ce qu’on vit en ce moment en Afrique, plus précisément en Afrique de l’Ouest, n’est que le corollaire d’une crise de gouvernance, selon de nombreux observateurs. Malheureusement, face à cette crise de gouvernance, les organisations régionales et la communauté internationale semblent privilégier la simple condamnation et le recours aux sanctions, en lieu et place d’un diagnostic clair. L’accent ainsi mis sur les changements inconstitutionnels de gouvernement reflète des approches simplistes aux crises de gouvernance.

On ignore ainsi le fait que les priorités s’orientent désormais vers la qualité des processus électoraux, la limitation des mandats, mais aussi la performance économique et la reddition de comptes politiques et économiques, auxquelles se heurtent, à des degrés divers de répression, de cooptation et de consolidation du statu quo face aux grognes sociales essentiellement traduites par des manifestations. Très peu d’attention est ainsi portée aux principes de réactivité, de transparence, de reddition de comptes et de responsabilité civique.

Pourtant, tous reconnaissent que les changements inconstitutionnels de gouvernements et les soulèvements populaires tirent leurs causes profondes dans les carences en matière de gouvernance. À la lumière e ce constat, il s’est développé au sein de l’UA et d’autres organisations régionales, notamment la CEDEAO, une conception de la démocratie limitée à la tenue des élections et au respect, ou non-respect, de la limitation de mandats, au mépris de la qualité des processus électoraux qui demeure la principale source de tensions.

C’est justement ce qui a été le cas au Mali en 2020, lors des élections législatives controversées initialement prévues en 2018. Ainsi, en donnant la priorité à un symptôme, à savoir un coup d’État, plutôt que de s’attaquer aux causes profondes telles que la légitimité douteuse et la corruption de gouvernements controversés, la réponse de la CEDEAO ressemble davantage à une prime au président sortant. Ainsi, il devient beaucoup plus aisé de condamner un coup d’État que d’avoir le courage politique d’en traiter les causes profondes.

En tout cas, la répétition des crises actuelles dans notre sous-région prouvent à suffisance que la démocratie électoraliste brandie comme modèle, a montré ses limites, et nécessite d’être repensée pour un nouveau départ de notre continent. A ce sujet, ces propos du président Obama restent d’actualité : « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais des institutions fortes ». Donner donc le temps au Mali d’adapter ses institutions aux réalités de l’heure afin de sortir du cycle des coups d’Etat!