Le lendemain des sanctions de la CEDEA et de l’UEMOA, le lundi 10 janvier 2022, a été une journée particulièrement longue pour les Maliens accrochés chacun à des réseaux de renseignement pour savoir ce qui allait être décidé par les autorités de la transition. Finalement, tard dans la soirée, le communiqué du conseil des ministres extraordinaire et le discours du président Assimi tombent : l’heure est grave, elle nécessite ‘’le rassemblement de tous les Maliens sans exclusive pour réaffirmer nos positions de principe et défendre notre patrie’’, a déclaré le président de la transition.
Face aux sanctions illégales et illégitimes dictées par une CEDEAO aux ordres de certaines puissances néocoloniales, le chef de l’Etat du Mali a appelé à la mobilisation et à la résilience des Maliens. Espérant sur un retour rapide à de meilleurs sentiments des responsables des deux organisations communautaires ouest africaine, et tenant à l’intérêt supérieur de sa patrie, le colonel Assimi Goïta laisse entendre que le «Mali reste ouvert au dialogue avec la CEDEAO pour trouver un consensus entre les intérêts supérieurs du peuple malien et le respect des principes fondamentaux de l’organisation ».
Sanctions extrêmes!
Nul doute que depuis quelques semaines, le Mali enregistre des progrès appréciables dans le combat contre l’insécurité et le retour de la paix dans un pays plongé dans la guerre contre les terroristes et les narco-jihadistes, depuis une décennie. Nonobstant ces progrès, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a prononcé ce 9 janvier 2022 des sanctions contre le Mali lors du Sommet d’Accra. Des sanctions extrêmes, dira le président Goïta, avec la fermeture des frontières terrestres et aériennes contre un pays sans littoral, le gel des avoir du pays à la BECEAO. Par ces sanctions, les chefs d’Etat marionnettes espèrent punir tout un peuple dont le seul tort est son attachement à sa souveraineté national pour faire plaisir à leur maitre.
Appel à la résilience !
Le président Assimi, connu par les Maliens par son patriotisme, se dit conscient de la gravité de la mesure et appelle au rassemblement de tous les Maliens sans exclusive pour réaffirmer nos positions de principe et défendre notre patrie.
«Chaque Malienne, chaque Malien où qu’il se trouve, doit se comporter en défenseur des intérêts supérieurs du Mali. Nous mesurons la gravité de la situation. Il revient à chacun de taire les divisions de quelque nature que ce soit et de se retrouver autour de l’essentiel qu’est le Mali, notre patrie. Aussi, j’en appelle à une mobilisation constante et à une résilience face à la situation », a-t-il déclaré sur les antennes de la télévision nationale.
Malgré la bonne foi des autorités de la transition, à travers l’organisation des assises nationales de la refondation, dont les conclusions devaient servir de base de discussion avec la CEDEAO pour convenir d’un chronogramme d’organisation des élections conforme aux principes de l’organisation et respectant la souveraineté du Mali, les chefs d’Etat de l’organisation communautaire en ont décidé autrement.
Selon Assimi Goïta, il s’agit, à travers les différentes réformes voulues, de poser les jalons d’un Etat démocratique plus solide afin d’éviter à notre pays de retomber à chaque départ dans le chao.
« L’histoire sociopolitique de notre pays nous a prouvé à maintes reprises qu’il nous fallait impérativement revoir en profondeur notre système afin d’éviter un éternel recommencement. C’est cela que nous avons tenté de faire comprendre aux Chefs d’État de la CEDEAO, car le Mali est un pays pour qui l’intégration africaine vaut la renonciation à une partie de son territoire.
Il est donc temps pour nous, chers Maliens de nous retrouver, de nous renforcer afin de pouvoir exister, exister en tant que nation, exister dans toute notre diversité », a-t-il lancé.
La quête de la souveraineté est un combat certes noble, mais exige des sacrifices énormes pour chaque citoyen. ‘’Nous avons fait le choix d’être sincère afin de prendre notre destin en main en forgeant notre propre voie. Gardons à l’esprit que le chemin qui mène au bonheur est une voie dure et très dure. Toutefois, avec courage et dévouement, nous allons y arriver. Telle est l’essence de notre hymne national’’, est-il convaincu.
Retour à l’ordre constitutionnel ?
Si la CEDEAO et l’UEMOA se sont assumées, en imposant des sanctions extrêmes au Mali, nos autorités de la transition sont prêtes à leur tour à assumer toute leur responsabilité, à condition d’avoir le peuple à leurs côtés.
Pour Assimi Goïta, s’adressant au peuple, qui prend très en mal ces sanction, point besoin de procéder à des actions de violences. Cela, dit-il, n’a jamais caractérisé les Maliens que nous sommes.
« Nous avons espéré qu’avant la conférence extraordinaire de la CEDEAO, un examen minutieux serait fait du chronogramme soumis et une période serait donnée pour discuter sur notre proposition avant de se prononcer », a expliqué le président, tout en regrettant le caractère ‘’illégitime, illégal et inhumain de certaines décisions’’. Toutefois, poursuit-il, le Mali reste ouvert au dialogue avec la CEDEAO « pour trouver un consensus entre les intérêts supérieurs du peuple malien et le respect des principes fondamentaux de l’organisation ». Concernant la volonté des autorités de la transition de remettre le pouvoir aux civils, à l’issues d’élections transparentes et crédibles, Assimi Goïta est, on ne peut plus clair : « Notre engagement pour un retour à l’ordre constitutionnel normal, apaisé et sécurisé n’a jamais failli ».
Il a enfin appelé les chefs d’Etat de la CEDEAO, ‘’à une analyse approfondie de la situation de notre pays en plaçant l’intérêt supérieur de la population malienne au-dessus de toute autre considération’’.
Appel à la trêve
Le président de la transition n’a pas manqué d’appeler les populations au calme tout en les rassurant que des dispositions sont prises pour faire face à la situation.
« J’ai bien conscience des inquiétudes quant aux conséquences de ces mesures, mais je tiens à vous rassurer que des dispositions sont prises pour faire face à ce défi et que les actions d’approvisionnement se poursuivront. Depuis que nous avons pris nos responsabilités face à notre destinée, nous avons toujours œuvré pour le bien-être de l’ensemble des populations maliennes dans toute leur diversité et nous continuerons à nous y atteler », a-t-il rassuré.
Il faut noter qu’à l’image de certaines organisations de la société civile, le gouvernement, à l’issue de son conseil des ministres extraordinaire de ce 10 janvier 2022, a appelé l’ensemble de la population et de la diaspora à une mobilisation générale sur toute l’étendue du territoire national, le vendredi 14 janvier 2022 ; demandé aux autorités religieuses et coutumières d’organiser des séances de prières dans tous les édifices de culte avant de décider de l’élaboration d’un plan de riposte pour sauvegarder notre souveraineté et préserver l’intégrité de notre territoire national. Quant aux partenaires sociaux, ils ont été appelés à une trêve afin de faire face aux défis de l’heure.