Il a participé à six étapes du Grand Trail de la Jeunesse pour la Paix au Mali. Boubacar Soumaré a couru de Bamako à Bla pour non seulement réclamer la paix, mais aussi pour s’entraîner en vue de concourir pour des compétitions internationales auxquelles il prendra part dans les prochaines semaines.
Son rêve de gosse était de devenir athlète. Boubacar Soumaré vit aujourd’hui intensément sa passion grâce au dépassement de soi et au soutien de ses proches. Originaire de Kayes, il ambitionne d’offrir une médaille olympique à son pays. Il est conscient que cela demande un travail de fond et le perfectionnement en permanence. C’est pourquoi, le jeune de 28 ans ne rate aucune occasion pour s’entraîner.
Cela explique sa participation volontaire au Grand Trail de la Jeunesse pour la Paix au Mali, une compétition de course à pied initiée par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l’Organisation internationale pour la migration (OIM) et le ministère de la Jeunesse et des Sports pour non seulement à engager les jeunes dans une activité fédératrice, mais les amener surtout à contribuer à leur développement personnel.
« Je dois participer au Marathon Paalga du Grand Ouaga au Burkina Faso dont le top départ sera donné le 18 décembre. Le Grand Trail de la Jeunesse pour la Paix m’aide à préparer cette compétition internationale et bien d’autres », soutient Boubacar Soumaré, marathonien.
Champion national de 2012 en 1500 m et vice-champion national en 3000 m haie en 2016, Boubacar Soumaré apprécie à sa juste valeur l’organisation du Grand Trail pour la Paix au Mali.
« C’est une très bonne idée. Ça faisait plus de 10 ans qu’on n’organisait pas de course de longue distance au Mali. Ça me fait plaisir de participer à ce Grand Trail. Je devais m’arrêter à la deuxième étape à Koulikoro, mais j’ai décidé de continuer et je suis à la 6e étape aujourd’hui. C’est vraiment inédit. Je me sens très bien », confie-t-il.
Conseils avisés
Sur les 315 km parcourus, le double médaillé d’or du marathon (50 km) de Microcred s’est adapté au rythme des meilleurs athlètes et aux rythmes de ceux qui n’ont aucune expérience.
« Sa participation est très utile. Il motive les autres, notamment les filles. Beaucoup de coureurs ont atteint la ligne d’arrivée grâce à son accompagnement. Il pouvait être 1er de tous les relais. Mais il franchit la ligne après tout le monde parce qu’il se soucie de tout le monde, notamment les moins expérimentés », témoigne Dianguina dit Bamoye Kéita, chargé de sports du Grand Trail de la jeunesse pour la paix.
Nassou Samaké, 18 ans est première du 2e relais de l’étape de Ségou-Bla. Sa victoire, elle la doit en quelque sorte à Boubacar Soumaré. « Il me disait d’aller à mon rythme, de ne pas forcer. Il me rappelait chaque fois que c’est une course de fond et me demandait de monter dans le bus quand je sentirais la fatigue. Il était là au départ et jusqu’à l’arrivée. Il était comme un coach pour moi », confie-t-elle.
Boubacar Soumaré a rebroussé chemin, le 6 décembre, après l’étape Ségou-Bla. « J’ai envie de continuer jusqu’à Gao, mais j’irai à Ouaga pour le Marathon Paalga. Je demande aux organisateurs du Grand Trail de pérenniser cette initiative. Elle favorise le brassage, le vivre ensemble et surtout le dépassement de soi », soutient-il.
En plus des activités sportives, Boubacar Soumaré participe pleinement aux activités civiques du Grand Trail. Lors des Grins de la jeunesse qui se tiennent à chaque étape sur des thématiques qui touchent les jeunes, l’athlète de 1,84 mètres interpelle les autorités sur les difficultés auxquelles les jeunes diplômés sans emploi font face. Détenteur d’un Brevet de technicien niveau 2 (BT2) en comptabilité, le sportif à l’allure longiligne postule à tous appel à candidature. Mais il se dit être toujours bloqué par le manque d’expérience.
« Il n’est pas facile d’avoir un travail au Mali quand on est jeune. Les entreprises, les ONG, et d’autres structures, cherchent généralement des profils qui ont au moins cinq ans d’expérience. C’est trop dans un pays où avoir un simple stage en fin de cycle est un véritable parcours de combattant. C’est vraiment une condition qui nous pénalise. Je demande au gouvernement d’échanger avec ses partenaires du secteur privé pour favoriser le recrutement des jeunes en réduisant le nombre d’expérience », plaide l’ancien champion
Au total, 120 jeunes ont couru les 80 km qui séparent Ségou et Bla. C’est le coeur rempli d’espoir que Boubacar Soumaré retourne à Bamako pour quelques jours avant de s’envoler à Ouagadougou au Burkina Faso pour la Marathon Paalga.