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Choguel à la Primature : des actes posés, mais des défis restent !

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C’est dans un contexte de ‘’rectification de la Transition’’ que le Dr Choguel Kokalla Maïga a été nommé Premier ministre et chef du gouvernement. Après la mise en place de son gouvernement, le PM et son équipe s’attaquent à plusieurs chantiers vastes complexes, notamment les questions sécuritaires, de réformes politiques et institutionnelles, le dialogue sociale, la réduction du train de vie de l’Etat… Sur ce dernier point, le chef de l’Etat, Assimi Goïta lui-même, avait donné le ton dès son investiture en renonçant aux tiers des fonds de souveraineté du président, soit 1,8 milliard FCFA au profit des œuvres socio-sanitaires.

Cent jours après, des actes ont été posés, mais des défis restent à relever.

Dialogue social

Selon les soins de la Primature, dès sa nomination, le Premier ministre a pris une série d’initiatives et d’actions avec les organisations syndicales pour ramener la quiétude sur le front social ; avec les acteurs politiques et les Mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali dans un souci d’inclusivité et de recherche de consensus, le plus large possible, sur les grands sujets de la vie de la nation.

Le Premier ministre a, dit-on, dès sa nomination, érigé le dialogue social au rang des priorités afin de créer les conditions de sérénité nécessaire à une transition apaisée en vue de l’adoption d’un pacte de stabilité sociale. C’est ainsi qu’un accord a vite été trouvé avec l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), la centrale syndicale historique qui s’apprêtait à déclencher une grève illimitée, après une série de cessations concertées de travail, entre les mois de mars et avril. Des protocoles d’accord ont été également signés la CDTM (Centrale Démocratique des Travailleurs du Mali) et la CSTM (Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali) entre les mois de juin et août 2021, ainsi qu’avec les syndicats sectoriels, s’inscrivent dans cette perspective.

Dans la même perspective, l’harmonisation de la grille indiciaire des travailleurs régie par le Statut général de la Fonction publique est vue par des observateurs comme une avancée significative afin de mettre un terme aux grèves incessantes.

A court terme, le Gouvernement s’attèle à l’organisation de la conférence sociale destinée à prendre en charge toutes les préoccupations du monde du travail et à refonder le pacte social. Les syndicats des surveillants de Prison et des greffiers et secrétaires de Greffe sont en passe d’obtenir un accord avec le Gouvernement, selon des sources primateuriales. Il faut noter aussi à l’actif du gouvernement pendant ses cent premiers jours le paiement de six mois d’arriérés de salaires des travailleurs de chemin de fer du Mali ; le règlement des droits des partants volontaires à la retraite et les  compresses dont le dossier était en souffrance depuis près de 30 ans.

Paix et de la sécurité

La situation sécuritaire demeure fragile, voire préoccupante dans l’ensemble. Toutefois, selon la Primature, les efforts déployés ces derniers mois ont permis une amélioration notable de la sécurité en maints endroits du territoire national et la baisse du niveau de violence. Cette situation résulte de la multiplication des patrouilles de courte, moyenne et longue portée, qui visent à rechercher et à détruire les groupes armés terroristes.

Aussi, rassure-t-on, que l’accélération du processus de désarmement, démobilisation, réinsertion et intégration des ex-combattants (DDR) connait des avancées, sans préjudice des détails techniques en cours de discussion entre le gouvernement et les Mouvements signataires de l’Accord sur les quotas des ex-combattants à intégrer et à insérer dans les corps de l’État et dans la vie socioéconomique. Pour ce qui concerne la dissolution des groupes d’auto-défense, l’accent sera mis sur l’approche communautaire en cohérence avec les initiatives de stabilisation du Centre, soutient-on.

Dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix issu du processus d’Alger, incontournable pour la concorde nationale, le Gouvernement de Transition et les Mouvements signataires conjuguent les efforts dans un esprit de confiance et de responsabilité au sein d’un cadre nouveau appelé « Cadre Inter malien pour la mise en œuvre de l’Accord ». Aussi, faut-il le rappeler, les Mouvements signataires de l’Accord sont représentés dans le Gouvernement de Transition et au sein du Conseil National de Transition (CNT), l’Organe législatif intérimaire. Tous les mécanismes de mise en œuvre et de suivi de l’Accord sont pleinement fonctionnels, notamment le Comité de suivi de l’Accord (CSA) dont la dernière réunion s’est tenue le 27 juillet 2021 à Bamako, a fait constater la Primature. Quant au processus de DDR/Intégration, il se poursuit à travers le processus d’intégration d’ex-combattants issus des mouvements signataires, le retour au sein des Forces armées de 860 anciens déserteurs.

Réformes politiques et institutionnelles

Les réformes envisagées par le Gouvernement de Transition, précisent les soins de la Primature, vont au-delà des aspects cosmétiques et ne se limitent pas au seul besoin de relecture des textes fondamentaux de la République. Elles concernent tous les fondements de notre société et tous les secteurs : armée, école, santé, foncier, gouvernance, lutte contre la corruption et l’impunité, etc. Leur finalité est de repositionner le Mali sur une dynamique vertueuse, à travers des institutions fortes et légitimes à même d’assurer sa stabilité durable.

Le besoin de réforme étant une quête vieille d’au moins deux décennies, de juin à septembre 2021, le Chef du gouvernement s’est mis à la tache et a organisé des rencontres d’échanges autour des grandes questions avec l’ensemble de la classe politique, de la société civile et de toutes les forces vives de la nation, y compris les minorités religieuses, les confréries traditionnelles, les chefferies traditionnelles, les personnes handicapées, les chambres des métiers et les chambres consulaires, les organisations des femmes et des jeunes, les syndicats, bref l’ensemble des segments de la société malienne.

Les Assises de la refondation

Au-délà de la polémique qui entoure la question, l’équipe de Choguel Kokala Maiga estime que les Assises nationales de refondation (ANR) visent à faire un diagnostic sans complaisance de l’état de la nation, à partir de la gravité et de la profondeur de la crise multidimensionnelle, des enjeux, défis et périls. Il ne s’agit pas d’un forum institutionnel comme ce fut très souvent le cas dans notre pays, précise-t-on. Sa base politique et sociale sera la plus large possible afin d’être représentative de tous les courants de la société malienne.

«Les recommandations et conclusions des différentes rencontres tenues antérieurement (foras, états généraux. Conférence d’entente nationale, Dialogue national Inclusif, Concertations nationales…) constitueront la première matière des ANR. L’autre matière sera constituée de nouvelles idées provenant des populations et des forces politiques et sociales ayant conduit les manifestations populaires qui ont abouti au changement de régime le 18 août 2020 : le M5-RFP et l’aile patriotique des Forces armées et de sécurité », peut-on lire dans le document de presse de la Primature concocté pour ces 100 jours.

Les recommandations et conclusions issues des ANR auront un caractère exécutoire et serviront de base pour les réformes constitutionnelles concernant les questions ou matières ci-après : la relecture de la loi électorale ; la relecture de loi portant charte des partis politiques ; l’élaboration de l’avant-projet de la constitution ; la tenue du referendum constitutionnel.

Des élections générales

Le Premier ministre Maiga est également porteur de ce projet. Sur la question, l’on apprend, que des dispositions sont prises pour élargir la base électorale de notre système politique. Déjà, il a été procédé à des opérations spéciales d’enrôlement qui ont abouti à l’intégration dans le fichier électoral de 760 000 électeurs. Des opérations d’enrôlement des Maliens établis à l’extérieur sont en cours dans les pays à forte présence de la communauté malienne.

L’Intégration des données de l’opération spéciale d’enrôlement sur le territoire national vise la mise à jour du fichier électoral. Selon un calendrier clairement établit, la primature fixe les dates de l’Intégration des données de l’opération spéciale d’enrôlement des Maliens de l’extérieur ;  la mise à disposition des données à la Délégation Générale aux Élections (DGE) et la mise à disposition de cartes d’électeurs biométriques personnalisées, de l’impression et la mise à disposition des listes de distribution des cartes d’électeurs.

Réduction du train de vie

Sur cette question, des efforts mesurables et visibles ont été recensés. Ainsi dans la période indiquée, selon la Primature, le ministère de l’Économie et des finances a entrepris des efforts d’amélioration de la gouvernance, de la gestion des finances publiques et des réformes dans le cadre de la mobilisation des recettes fiscales.

Des reformes importantes ont été entreprises, dit-on, pour sécuriser et améliorer la mobilisation des recettes fiscales.

Dans le cadre de la réduction du train de vie de l’État proprement dite, le ministère de l’Économie et des finances a réalisé des économies dans le budget 2021 de l’ordre de 100,999 milliards de FCFA. Ces économies ont permis d’affecter des ressources supplémentaires aux secteurs importants ci-après :

1. Défenses militaires (71,127 milliards de FCFA) ;

2. Entretien d’urgence routier de Bamako (5,0 milliards de FCFA) ;

3. Réhabilitations des écoles (5,172 milliards de FCFA) ;

4. Santé (4,7 milliards de FCFA) ;

5. Assainissement et sport (5) milliards et

6. dépenses sociales (10 milliards de FCFA).

En plus de ces efforts, l’Etat, pendant la même période, a soutenu des secteurs  impactés par la COVID-19. Un fléau qui a considérablement réduit les marges de manœuvre budgétaire, déjà restreintes par la situation sociopolitique et sécuritaire.

Pour soutenir les ménages pauvres et les personnes infectées ou affectées par la COVID 19, le Gouvernement a institué un fonds spécial de 100 milliards de francs CFA, qui sera distribué sous forme de transferts monétaires. Ces transferts monétaires concerneront près d’un million de bénéficiaires et permettront d’assurer un soutien à la sécurité alimentaire et couvrir les besoins vitaux des ménages pauvres et vulnérables du pays. A ce jour, 86.629 ménages ont été effectivement payés en raison de 90 000 FCFA par ménage.

Aussi, le gouvernement Choguel Kokalla Maiga, n’est pas resté indifférent à la vie chère qui affecte actuellement les Maliens. Ainsi, pour maintenir le pourvoir d’achat des ménages et permettre un approvisionnement correct des marchés, il a accordé des exonérations sur les importations de riz, de lait, des graines de coton, et des huiles alimentaires. Pour cela, des réductions de la base taxable de 50% ont été accordées pour des importations de 510 000 tonnes de riz ; 6000 tonnes de lait et 24 000 tonnes d’huiles alimentaires pour l’année 2020 et le premier semestre 2021. L’incidence globale de ces mesures est évaluée à 29,51 milliards de FCFA.

Visites de terrain

Pour constater de ses yeux, l’état de l’hivernage, le PM est allé sur le terrain, notamment à Sikasso et Ségou où il apporté le soutien du Président de la Transition au monde paysan.

A Sikasso, l’annonce d’une production record de 800 mille tonnes de coton a été le cadeau de bienvenu au Premier ministre. Sur place, il a apporté la bonne nouvelle à son tour aux cotonculteurs en annonçant le maintien de la subvention des intrants agricoles et le prix du coton au producteur de  280 FCFA le kilogramme. La visite de Ségou a été marquée par le lancement d’un projet de 4000 ha dans la zone Office du Niger et subvention des engrais à hauteur de 15 milliards en 2021 contre 10 milliards en 2020. Aussi, le Gouvernement a-t-il accepté le principe de réhabilitation du barrage de Markala pour près de trois milliards de francs CFA.

Le clou de la visite, dans la capitale des Balazan, a été le lancement du projet N’Débougou II qui permettra l’exploitation de près de 4000 ha grâce à la coopération allemande.

Il faut noter que le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a été reconnu par la Cour Constitutionnelle dans les prérogatives de Président de la Transition, Chef de l’État, le 24 mai 2021. Investi par la Cour Suprême le 7 juin 2021, il nomme le même jour, le Dr Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre et Chef du gouvernement.

Le Jalon

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