Les défenseurs des droits de l’Homme ne doivent plus compter sur les autorités de la transition dans la lutte contre l’esclavage. C’est en substance le message lancé par le Premier ministre, Choguel Maiga, ce 2 août devant le Conseil national de transition en affirmant qu’il n’est pas possible de faire grande chose sur ce sujet dont il qualifie « d’extrêmement sensible ».
Le Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga n’a pu donner une réponse satisfaisante aux questions d’un membre du Conseil national de transition, le lundi 2 août, sur la pratique de l’esclavage dans plusieurs localités du Mali. Le chef de l’exécutif qui présentait son Plan d’action a déclaré que « ce sont des sujets sur lesquels la transition ne peut pas faire grande chose en six mois ».
Choguel Kokalla Maïga privilégie le dialogue à l’adoption immédiate d’une loi contre l’esclavage bien qu’il soit interdit par la Constitution et le Code pénal qui le qualifie de crime contre l’humanité.
« Ce sont des sujets extrêmement sensibles. Il faut dialoguer, il faut expliquer, il faut convaincre. Le moment de légiférer ou d’imposer les lois viendra », a soutenu le Premier ministre.
Depuis 2017, des personnes qui refusent le statut d’esclave sont battues, privées de leurs biens et chassées de chez eux. Le 1er septembre 2020, Mountakha Diarrisso, Issou Sissoko, Diani Hamet Sissoko et Gossi Sissoko tous considérés comme des esclaves ont été tués chez eux à Djandjoumé dans le cercle de Nioro du Sahel après leur refus d’accomplir des tâches réservées aux esclaves.
Selon Hallé Ousmane, membre du Conseil national de transition qui a interpellé le Premier ministre sur la question, plus de 2000 individus vivent à Bamako parce qu’ils ont été chassés de leurs villages après avoir dit non à l’esclavage.
Joint par téléphone, M. Hallé dit ne pas être satisfait de la réponse du Dr Choguel Kokalla Maïga. « La situation s’aggrave tous les jours et nous assistons à une violation grave des droits de l’hommes dans la région de Kayes. La réponse du Premier ministre n’est pas du tout rassurante », a-t-il regretté.
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En 2014, le ministère de la Justice avait proposé en conseil des ministres, un projet de loi contre l’esclavage. Mais il a retiré sine die sans motif valable selon Mohamed Ali Bathily, ancien ministre de la justice.
Le 23 juillet 2021, des experts des droits de l’homme indépendants de l’ONU ont appelé le Mali à prévenir les attaques contre les personnes considérées comme des esclaves par ascendance. Selon eux, les incidents seraient en augmentation, avec deux fois plus de personnes blessées cette année qu’en 2020. Les experts appellent à l’adoption d’une loi criminalisant l’esclavage.