L’ONG Save The Children a respecté la tradition en organisant pour la deuxième année consécutive des journées d’interpellation démocratique (JID) sur les questions de santé dans la commune de Yorosso. Un exercice qui entre dans le cadre du renforcement de la gouvernance socio-sanitaire de la localité.
Cette journée d’interpellation démocratique organisée, le mardi 30 mars, à Yorosso dans le cadre de la mise en œuvre du projet Santé-Livelihood est financée par la Save The Children Korea. Elle a permis de mobiliser l’exécutif du cercle et les populations rurales. L’objectif, selon les organisateurs, est de contribuer au renforcement de la bonne gouvernance au niveau du district sanitaire de Yorosso. Ce, en vue de répondre aux besoins socio-sanitaires des communautés les plus vulnérables.
Sans ambages, les participants venus de toutes les localités ont débattu les entraves à l’accès équitable des soins de qualité dans les centres de santé. Les difficultés de financements des Associations de santé communautaires, l’accès aux CSCom et la prise en charge des Agents de Santé Communautaire (ASC) qui jouent le rôle par excellence de rapprochement des Soins Essentiels aux communautés étaient autant de sujets au cœur des débats.
Présidant les travaux, le commandant du cercle de Yorosso, Mamadou Kassogué, a indiqué que des études réalisées en 2019 ont montré que les ASACO restent toujours confrontées à des contraintes d’ordre financier, la non disponibilité des intrants et le suivi de la qualité des services. Conséquence : ces structures sont dans l’’incapacité de répondre favorablement aux attentes légitimes des communautés.
A s’ajoutent à celles-ci, l’insuffisance de la mobilisation communautaire pour assurer une meilleure pérennisation des interventions et le paiement régulier de la motivation des ASC. « Les analyses budgétaires réalisées ont montré que la contribution financière des communes rurales de Yorosso dans le domaine de la santé est faible. Elle est de 2% en moyenne », a affirmé le commandant du cercle. Autre défi évoqué par M. Kassogué est l’insuffisance de personnel qualifié et le manque de matériel adéquat.
En outre, les communautés ont soulevé les préoccupations relatives à l’absence d’infrastructures d’eau potable, d’électricité dans certaines structures sanitaires, le coût élevé des médicaments, des frais d’accouchement, l’insuffisance du sang, le problème de communication entre les agents et de santé et les populations, l’absentéisme du personnel de la santé, les difficultés d’accueil des patients…
Sur ces interpellations, le maire de la commune de Yorosso, le commandant du cercle, le représentant du médecin chef du CSRéf se sont succédé au micro en apportant des éclaircissements sur les préoccupations soulevées.
Pour Dr Boubacar Bathily du CSRéf, les problèmes liés à l’accueil, la présence des gardes en dehors des heures de travail, l’hygiène des toilettes voire des difficultés d’acquisition des poches de sang sont autant de dysfonctionnements réels que les responsables tentent d’améliorer. Et de préciser que le sang, la césarienne sont gratuits. «Mais nous avons des difficultés à avoir le sang à cause de l’absence des donneurs volontaires. Les kits de césarienne sont souvent aussi absents », a expliqué Dr Bathily.
Cet exercice démocratique a été salué par le chargé de plaidoyer de Save the Children, Saleck Ould DAH, qui a indiqué que les JID participent au renforcement de la gouvernance locale et de la redevabilité. Deux choses nécessaires, selon lui, pour surmonter les difficultés tout en améliorant la santé communautaire.
Au terme d’une journée de débat, les communautés sont mieux informées sur les objectifs et enjeux de la réforme du secteur de la santé et ont eu des échanges francs sur la qualité des services de santé offerts au niveau des ASC et des CSCom. Aussi, elle a été cadre pour inviter les communautés à s’impliquer davantage dans les dépenses de santé et la motivation des ASC. Le tout a été couronné par l’adoption des recommandations pour le renforcement du système de santé communautaire et les Soins essentiels dans les communautés.