A la veille des cérémonies de ses funérailles, demain mardi, au Génie militaire de Bamako, des milliers de Maliens se sont mobilisés ce matin pour rendre un dernier hommage à l’ancien président Amadou Toumani Touré, à travers un cortège funèbre, malgré la réticence de la famille du défunt.
Décédé à l’âge de 72 ans en Turquie le 10 novembre, la dépouille de l’ancien président ATT est arrivée très tôt au pays le samedi. En attendant ses funérailles officielles demain à la place de prise d’armes du Génie militaire, la Transition a autorisé un cortège funèbre d’hommage à l’ancien président de la république. Drapé de vert-jaune-rouge, le cercueil sur le véhicule de Commandant de l’armée a quitté l’Institut Marchoux près du camp des parachutistes, le régiment auquel il appartenait, après 9 heures pour le top départ du cortège.
Pour l’occasion, des milliers de personnes se sont mobilisées pour cet hommage populaire à ATT. Et chacun, à sa façon, décrit l’homme : « Il était patriote », « C’était un bâtisseur », « Il était républicain », « Il était démocrate ». L’événement était l’occasion pour certains de faire leur dernier adieu au « soldat de la démocratie malienne », à l’image Maimouna Diallo. Elle affirme avoir parcouru plusieurs distances pour être témoin de l’événement. Habillée en noir, signe de son deuil, pour la jeune Maimouna « ATT est une perte énorme pour le Mali ». Elle soutient que le pays a perdu un homme d’Etat, un visionnaire. « J’allais regretter de toute ma vie de ne pas participer à cet hommage », indique-t-elle la voix tremblante.
A 10 heures le cortège encadré par un dispositif important de la sécurité arrive au monument de l’Indépendance sous les applaudissements des riverains et des travailleurs des services qui y bordent pour longer ensuite le Boulevard de l’Indépendance. Comme eux, Fatoumata Diarra, une sexagénaire assise au bord de l’avenue du monument de l’Indépendance pour accueillir le cortège. « Ma santé et mon âge ne permettent plus de parcourir autant de kilomètres. Pour autant, je me suis débrouillée à venir ici pour faire mon adieu à ATT. Je luis dois ce sacrifice pour tous les efforts qu’il a consentis pour le pays », déclare-t-elle la gorge nouée. À côté ses petits-enfants scandaient « ATT dors en paix », « Le Mali te fera reconnaissant ». D’autres brandissaient des pancartes avec sa photo sur lesquelles on pouvait lire « Merci ATT ».
« ATT n’avait pas confiance en lui-même mais il avait foi en lui-même », affirme Amadou GOITA
Un peu devant, Aboubacar Diakité, se font en larme au passage de la dépouille de l’ancien président ATT. Il fait le tien l’adage qui dit : « on apprécie le vrai bonheur que lorsqu’on l’a perdu ». Pour lui, le plus grand regret des Maliens, c’est la mort de l’ancien président qui avait un amour incontesté pour ce pays. Malheureusement, a-t-il regretté, il a été mal compris par une partie de la population. « La seule façon de rendre hommage à l’homme, c’est de faire cet acte présence », explique-t-il avant de prier pour le repos de son âme.
Parmi les participants, l’ancien ministre Amadou GOITA, l’un des rares hommes politiques et ancien collaborateur de l’ancien président. Pendant longtemps, il a côtoyé l’homme pour avoir été le président des jeunes du Mouvement citoyen, regroupement qui l’a porté au pouvoir en 2002.
« Je suis là pour rendre un vibrant hommage à ATT, un soldat de la démocratie. Il était aussi un bâtisseur. C’était un grand patriote. Il a fait ce qu’il peut pour ce pays. Il a tout donné pour ce pays. Il était normal que le peuple malien se mobilise pour lui rendre cet hommage. ATT le mérite. C’est pourquoi, nous sommes là pour dire merci à ATT, merci pour les actions salvatrices qu’il a posées », déclare le ministre Amadou GOITA.
Alors que la dépouille fait le tour des certaines avenues de la capitale. Des participants au cortège funèbre égrènent des réalisations de l’ancien président : la réalisation d’infrastructures routières, la création de l’Assurance maladie obligatoire, la réalisation des logements sociaux, la construction des hôpitaux…Grâce à ces réalisations et ses actions, ATT sera un immortel pour les Maliens, pense Amadou GOITA, à l’image de beaucoup d’autres marcheurs. « Il sera dans le cœur et dans l’esprit des Maliens », a soutenu M. Goita.
De ses années de collaborations avec le défunt, il lui retient : un homme humble, un serviteur. Aussi, ajoute-t-il « ATT n’avait pas confiance en lui-même mais il avait foi en lui-même ».
Après le tour du Boulevard de l’Indépendance, le cortège a pris la direction du génie militaire ou une veillée funèbre débutera ce soir en la mémoire du défunt avec les cérémonies de ses obsèques. Cette cérémonie a été autorisée par la Transition contre l’avis de la famille du défunt. Plusieurs sources rapportent que la famille ne souhaitait pas que la dépouille soit promenée, à travers la ville.
« La famille d’ATT est catégoriquement opposée à un cortège funèbre consistant à promener la dépouille du défunt. Elle a proposé au pouvoir à ce que la dépouille de l’illustre disparu soit installée à un endroit public connu de tous pour d’éventuels recueillements des Maliens. Refus du pouvoir de Transition. La famille s’en remet à Dieu », a affirmé Issiaka Tamboura, journaliste proche de la famille du défunt.