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Levée de sanctions contre le Mali : la balle dans le camp de la CEDEAO

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Prenant en compte les préoccupations exprimées par la CEDEAO, le président de la Transition a nommé un Premier ministre civil pour conduire le gouvernement pendant les 18 prochains mois à la personne de Moctar Ouane. La CEDEAO va-t-elle enfin lever ses sanctions ?

Par décret N°2020-0058/P-T du 27 septembre 2020 portant nomination du Premier ministre, l’ancien ministre des Affaires étrangères du Mali, Moctar Ouane, est nommé Premier ministre. Né le 11 octobre 1955 à Bidi, dans la région de Mopti, le nouveau premier ministre, 64 ans, a gravi plusieurs échelons.

Ambassadeur du Mali aux Nations unies, de 1995 à 2002, il est nommé ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, le 2 mai 2004, dans le gouvernement d’Ousmane Issoufi Maïga. Il est reconduit à ce poste par le président Amadou Toumani Touré dans les gouvernements de Modibo Sidibé du 3 octobre 2007 et du 9 avril 2009.

Si le nouveau PM a l’avantage d’être à équidistance des partis politiques, donc un technocrate, son choix représente un véritable pied de nez au M5-RFP, ‘’partenaire stratégique’’, et ‘’partenaire naturel’’ du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) même s’il s’agit pour les observateurs avertis, d’une évolution normale des choses. Mais pour le moment, Moctar Ouane bénéficie d’un préjugé favorable auprès de l’opinion, à la lumière de ses passages aux différents gouvernements du Mali.

« Personne ne le pensait à ce niveau, mais c’est le meilleur choix possible. Car l’homme a toutes les qualités et n’a aucune prétention du pouvoir c’est-à-dire défendre quelqu’un ou devenir le futur ou le prochain président », tranche Abobacar Sidibé, un internaute sur sa page Facebook.

Ce choix écarte aussi des responsables du Mouvement du 5 juin de la gestion de la Primature qui avaient envoyé leur CV afin de pourvoir au poste du chef du gouvernement. A cet effet, une dizaine de CV ont été adressés au comité. Malgré tout, certains du M5 affirment ne pas être déçu.

 »On n’est pas fâché par la désignation du Premier ministre Moctar Ouane parce que notre combat n’était pas pour avoir des postes de responsabilité », a affirmé Tahirou Bah, membre de la jeunesse M5. Selon lui, c’est le CNPS qui a sollicité le M5 pour la nomination du Premier ministre. Maintenant, poursuit-il, il appartient au comité d’assumer ses choix. Quant au M5, il va continuer son combat pour le changement, a-t-il indiqué.

L’autre atout pour le nouveau PM est qu’il répond aux critères de la CEDEAO pour une levée rapide de l’embargo imposé par l’organisation communautaire sur le Mali, depuis le 18 août dernier.

On se rappelle que lors de sa conférence, à la fin de sa mission de 72 heures au Mali, l’émissaire de la CEDEAO, l’ancien président de la République fédérale du Nigéria, Goodluck Jonathan, s’était réjoui de l’investiture du président de la transition avant de soutenir que les sanctions contre le Mali restaient en vigueur jusqu’à la nomination d’un Premier ministre civil. Sur ce sujet, les nouvelles autorités de Bamako ont respecté leur part de contrat, maintenant la balle est dans le camp de la CEDEAO, même si d’autres préoccupations soulevées par la CEDEAO restent entières notamment la libération des personnalités détenues, la dissolution du CNSP et la clarification du poste de vice-président qui ne doit pas remplacer le président en cas d’empêchement.

Moctar Ouane parle couramment l’anglais, le bambara, le peul et le français.

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