Le Mouvement des jeunes de Kayes, pour exiger justice suite à la mort d’un motocycliste, dans la nuit du 11 au 12 mai 2020, nonobstant la mobilisation des plus hautes autorités du pays, a enflammé à nouveau la ville, ce 13 mai. Les députés, malgré leur volonté exprimée au chef de l’État de se rendre sur place, sont restés confinés à l’aéroport de Sénou tard dans l’après-midi de ce mercredi.
Selon nos sources, c’est seulement dans l’après-midi que la délégation du ministre de la Sécurité et de la protection civile dépêchée sur place par le président de la république a pu mener sa mission. Les jeunes et femmes en colère avaient bloqué tous les accès à partir de l’aéroport et du pont.
En effet, alors qu’on s’acheminait vers une décrue du mouvement, avec la levée du blocus du pont, aux premières heures de la matinée de ce mercredi, l’on a assisté à un reflux soudain et brutal. Les obsèques de la victime seraient à la base de ce regain de tension dans la ville. Selon nos sources, la préfecture de Kayes ainsi que le siège du conseil de cercle sont incendiés par les manifestants ce mercredi, le pont est bloqué par les jeunes, des témoins parlaient de coups de feu vers le 1er Arrondissement de police qui aurait été également incendié.
C’est dans ce désordre que l’avion du ministre de la Sécurité et de la protection civile s’est posé à Kayes. À sa descente d’avion, le général Salif TRAORE a été accueilli par le gouverneur de la région de Kayes, l’inspecteur général de Police Mahamadou Z. SIDIBE. Une seule mission pour le ministre : désamorcer la tension qui était bien palpable puisqu’il restera bloqué durant plusieurs heures à l’aéroport.
Après d’intenses tractations, la délégation ministérielle a pu sortir de son confinement à l’aéroport international Dag-Dag de Kayes pour faire face à sa mission, au pas de charge.
Le ministre Salif TRAORE, nous dit-on, s’est directement rendu chez les parents des victimes pour présenter les condoléances au nom du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita et l’ensemble du Gouvernement suite aux événements malheureux survenus dans la nuit du 11 au 12 mai 2020 dans la ville de Kayes.
Ensuite, le général TRAORE et sa suite ont rencontré, dans la salle de conférence du gouvernorat de la région, la notabilité, les chefs traditionnels et coutumiers, les confessions religieuses, les organisations de la société civile, les associations et organisations de la jeunesse, les autorités administratives et politiques. À l’occasion de cette rencontre, rapporte-t-on, le ministre Salif TRAORE a fait le point de la situation des manifestations de la ville de Kayes et engagé ses interlocuteurs sur la voie de l’apaisement.
Au moment où nous mettions sous presse, la situation restait toujours confuse à Kayes, la délégation ministérielle n’ayant réussi à arracher aucun engagement de la part de ses interlocuteurs toujours très remontés. L’offensive diplomatique était donc à la peine.
À Bamako, les députés élu de la circonscription, qui avaient informé le Chef de l’État de leur décision de se rendre incessamment sur les lieux pour contribuer au retour au calme, sont restés confinés à l’aéroport international Président Modibo Keïta, en tout cas jusque tard le soir. Selon des indiscrétions ce confinement des honorables députés s’expliquait par l’absence de moyen pour les transporter à Kayes.
En tout cas, un problème d’avion, devant les transporter sur la capitale des rails évoqué par une source, ne pouvait justifier cette absence des députés de Kayes aux côtés des populations meurtries qui ont eu tout le temps de s’y rendre par la route.